Cinéma / Journal de Cannes 2017 ( No.12 ) – Palmarès

Les 70 bougies du Festival ont été soufflées , et le cadeau d’anniversaire , la « Palme d’or » du jury présidé par Pedro Almodovar , est allé à …The Square du cinéaste Suédois Ruben östlund . Le cinéma Français y est à l’honneur avec Robin Campillo et son film sur l’association Act-Up , 120 Battements par Minute.Le Russe Andreï Zvyagintsev après Léviathan se retrouve encore à l’honneur avec cette fois-ci , Le prix du Jury pour Faute d’Amour . Ainsi que le Grec Yorgos Lanthimos avec son Mise à Mort du Cerf Sacré. Sofia Coppola réçoit le Prix de la mise en scène pour Les proies . Les Comédiens à l’honneur : Nicole Kidman ( Prix exceptionnel 70 éme Anniversaire ) , Diane Kruger Prix d’interprétation féminine pour in the fade de Fatih Akin , et Joaquin Phéonix prix d’interprétation masculine pour le film de Lynne Ramsey…

Remsie de la Palme d’or à Ruben östlund pour The Square (  Crédit Photo : Valéry Hache : Afp )

Impressions sur le Palmarès :

On s’attendait à que le Palmarès réserve des surprises au regard d’une sélection dont on vous avait dit dans notre édition Cannoise d’hier , qu’aucun film ne faisait vraiment l’unanimité , il y aurait forcément débat et surprises . Le jury présidé par Pedro Almodovar fait de sensibilités différentes , allait devoir faire des choix et tenter de « concocter » une certaine cohérence dans son verdict final . «  Personne ne sait à quoi s’attendre » était quasiment le leitmotiv de la « montée des marches » qui a précédé le Palmarès . Mais celle-ci par son défilé des cinéastes et comédiens, donnait déjà le ton des tendances et des films retenus . On savait, au vu de leur absence à celle-ci que certains étaient éliminés comme on le pressentait , au vu des critiques à l’issue des projections  lors des  10 jours de compétition. La plus grande surprise est sans doute l’absence de Michaël Haneke et de son Happy-End, selon nous injustement sous- évalué par la critique , et aussi le jury  ..qui, tous ,  sans doute en attendaient trop . On regrettera pour notre part également l’absence de François Ozon et de son Amant double dont l’originalité du propos et de la mise en scène aurait dû se retrouver au Palmarès . Ainsi que la descente aux enfers de cette femme à la recherche de son mari emprisonné dans une Russie où l’humiliation , la violence , la répression sont devenus le lot quotidien que partage , et que décrit magistralement dans sa satire sombre et salutaire , dans La Femme Douce Sergueï Loznitsa…

Andreï Zvyagintsev , Prix du Jury avec Faute d’Amour ( Photo : Alberto Pizzoli / Afp )

Au bout du compte les films qui avaient fait débat mais trouvaient une sorte de                       «  consensus» au travers de la qualité du traitement qui s’y reproduisait sur l’écran,  ont finalement eu accès au palmarès envié de cette 70 éme édition Cannoise . Même si l’ordre dans lequel il s’y retrouvent pourra sembler à certains quelque peu surprenant , mais il témoigne finalement de ce que laissait entendre Pedro Almodovar des débats du jury             «  difficiles , chacun a défendu sa position », dont l’unanimité à trouver état dès lors  compliquée . Sans celle-ci,  il a donc fallu trancher . l’illustration en est donnée sans doute dans l’attribution de la Palme où le favori des pronostics Andreï Zvyagintsev ( Faute d’amour ) , s’est fait doubler par le Suédois Ruben östlund avec The Square , sans que pour autant il faille reprocher au film du cinéaste Suédois de l’avoir usurpée , bien au contraire . Nous avons d’ailleurs dit dans nos commentaires la qualité de son travail et surtout de sa réflexion sur  l’art moderne et contemporain dont il explore au travers de son héros , conservateur du musée , les questionnements. A la fois sur le travail d’éducation à accomplir dans le sens des valeurs à défendre , ainsi que celui de devoir oeuvrer à lui donner une dimension d’éducation plus populaire et donc moins élitiste . Mais dans le monde du « repli sur soi » dont le conservateur explorera lui-même ses propres contradictions , la tâche n’est pas facile . De la même manière que  ne l’est pas , celle du couple en train de se séparer , du film Faute d’Amour d’Andreï Zvyaginstvev dans la Russie d »aujourd’hui , confronté à l’enlèvement de sa fille de 12 ans . Au delà des tracas de la séparation et de ce qu’elle remet en question dans une société en état de délabrement de l’administration et de perte des repères , c’est aussi cette violence rampante et tout ce qui s’y greffe et ce qu’elle distille, comme désespoir et renoncement que le film dénonce avec une grande force…

Yorgos Lanthimos et Lynne Ramsay – Prix du scénario ex-aequo ( Photo : Alberto Pizzoli / Afp )

Par contre , le choix de l’originalité et d’une certaine constance dans la radicalité du sujet et de la mise en scène inventive qui l’accompagne , de La mise à mort du cerf Sacré de Yorgos Lanthimos est une récompense méritée qui vient ,après son prix du scénario Cannois pour The Lobster ( 2015 ) confirmer son talent novateur . Ici , le  portrait de ce médecin et de sa famille Bourgeoise  qui voit son confort remis en question par le jeune homme venu  demander des compte sur la mort de son père, précipitant une descente aux enfers en forme de portrait au vitriol . Et c’est logiquement que celui-ci se retrouve dès lors accompagné ( ex-aequo) dans sa récompense par l »autre beau travail dont nous avons souligne la qualité formelle et des ellipses dont Lynne Ramsay construit le tragique spirale de la violence à laquelle est confronté son héros vétéran de guerre ,  lors de  son retour au pays dans un quotidien et un engrenage , qui le replonge dans ses tourments. Un récit à vif !. Et en contrepoint le prix de la mise en scène pour Les Proies à Sofia Coppola , est d’une certaine manière révélateur des délibération du Jury où les points de vues et les ressentis divergents , ont étés  au cœur des débats . A la Radicalité de Lanthimos et de Lynne Ramsay ,  la mise en scène  de  Sofia  Coppola , certes soignée et très travaillée mais qui reste classique pour habiller le point de vue féminin de son remake du film de Don Siegel des Années 1970 , n’y laisse pas sourdre la même radicalité …

Joaquim Phoenix , Prix d’interprétation Masculine pour le film de Lynne Ramsay ( Photo : Valéry Hache / Afp)

Les comédiens à l’honneur du 70 ème anniversaire . Cannes et les stars , depuis ses débuts sur la croisette le Festival a vécu une histoire d’amour avec les stars ( comédiens ou parfois metteurs en scène ) qui la lui ont bien rendue . Pour l’événement des Soixante Dix bougies il n’est pas étonnant qu’un prix spécial ait été – comme le prévoit le règlement – ajouté . C’est  grande dame du cinéma mondial ,  une magnifique comédienne, Nicole  Kidman ,  qui d’ailleurs était présente dans deux films de la compétition officielle ( le film de Lanthimos et celui de Sofia Coppola ) où elle était remarquable . C’est à elle qu’est allé l’honneur de ce prix spécial exceptionnel. Ce qui a permis à Will Smith facétieux de faire une petite blague profitant de l’absence de la comédienne repartie dans sa famille , avant qu’elle ne soit diffusés  en vidéo , ses mots de reconnaissance envers le jury et le Festival. Et puis Les prix d’interprétation Masculine à Joaquim Phoenix dont on a dit sa prestation magistrale et habitée dans le film de Lynne Ramsay , qui vient ajouter encore un peu à celle du film . De la même manière que le prix d’interprétation Féminine à Diane Kruger pou le film In The fade de Fatih Akin où elle est bouleversante dans l’impossible deuil à faire de la perte de son fils et son mari dans un attentat raciste commis par des néo-nazis . C’est le premier rôle de la comédienne dans sa langue maternelle ( allemande ) en forme de retour aux sources . Très  émue , au delà des remerciements à son réalisateur et à l’équipe du film , elle a eu ces mots touchants «  je ne peux accepter ce prix sans penser à tous ceux touchés par un acte de terrorisme . Sachez-le vous n’êtes pas oubliés ! » …

Diane Kruger , Prix d’interprétation Féminie pour In The Fade de Fatih Akin. ( Photo : Alberto Pizzoli / Afp ) 

Enfin on voudrait saluer le Grand prix du Jury pour le film de Robin Campillo 120 Battements par minute , qui fait honneur au cinéma Français , mais qui consacre aussi un cinéaste dont nous apprécions le travail . Déjà au travers de ses collaborations comme scénariste avec Laurent Cantet ( l’emploi du temps , entre les murs ). Mais également par un parcours cinématographique de grande qualité , notamment avec Les revenants ( 2004) Eastern Boys (2013 – Voir critique sur notre site ) et qui confirme ici son double talent             ( scénario et mise en scène ) pour sa description de ce que fut la lutte du groupe Act-Up dans les années Sida , pour faire prendre conscience du danger du fléau et des moyens pour s’en protéger ( préservatifs ) . Mais surtout par des « actions » ciblées d’interpeller les autorités     ( politiques et de santé , y compris les laboratoires ) de la nécessité de faire avancer et surtout financer la recherche . La conduite du récit qui nous plonge dans l’action , mais aussi dans  le vécu au quotidien des malades qui en souffrent et , certains , qui en meurent , est l’objet d’une attentions à la fois documentaire et humaine ( les histoires intimes ) qui lui offrent une belle dimension  dramatique . A la hauteur du combat et du sujet qui est toujours à l’ordre du jour . Adéle Hanel qui incarne  une des héroïnes militantes du film a déclaré que l’accueil qui été fait au film et les échos de sa réception Cannoise , ont montré que «  l’intelligence politique du film a été reçue » . Le Grand prix du Jury va sans doute e- on le souhaite – amplifier l’accueil  de  la Croisette  envers   ce  un film important , sur un combat et une cause qui ne l’est pas moins …

Robin Campillo , Grand Prix du Jury pour 120 Battements par minute ( Photo : Alberto Pizzoli / Afp )

Enfin pour conclure on voudrait aussi souligner , au travers du prix de la caméra d’or , la qualité d’ensembles des premiers films sélectionnés , qui ont participé aux différentes sélections et qui sont porteurs d’espoir dans la mesure où ils sont révélateurs de ce que sera le cinéma des années à venir . En ce sens , le film , Jeune femme de Leonor Séraille dont nous avons longuement parlé dans notre chronique quotidienne lors de sa présentation , qui a été couronné en est l’exemple par la justesse de son regard et par la vitalité de cette femme qui fait face aux obstacles pour se construire un avenir et une vie Libre . C’est aussi la naissance d’une comédienne , Laetitia Dosch , à laquelle on assiste et dont on ne sera pas surpris de voir le talent qu’elle dévoile ici, grandir de film en film… 

(Etienne Ballérini)

Le Palmarès du 70 éme Festival de Cannes :

Palme d’or : The Square de Ruben östlund.
Prix exceptionnel 70 ème Anniversaire : Nicole Kidman
Grand Prix  du Jury : 120 Battements par Minute de Robin Campillo
Prix de la mise en scène : Les Proies de Sofia Coppola
Prix du scénario : ex-aequo : You Wree Never Really Here de Lyne Ramsay et
Mise à mort du cerf Sacré de Yorgos Lanthimos
Prix du Jury : Faute d’Amour ( Loveless ) de Andreï Zyagintsev
Prix d’interprétation Féminine : Diane Kruger pour in The Fade de Fatih Akin
Prix d’interprétation Masculine : Joaquin Phoenix pour de Lyne Ramsay
Courts métrages : Palme d’Or : Une Buit Douce de Qiu Yang

Caméra d’or : Jeune femme de Léonor seraille .

Prix Paralléles :
Semaine de la Critique : Grand Prix à Makala le documentaire d’ Emmanuel Gras et Prix révélation à Gabriel et la montagne du Brésilien Félipe Gamarano Barbosa .
-Quinzaine des réalisateurs : Prix SACD ex-Aequo à Un Beau Soleil intérieur de Claire Denis et l’Amant d’un Jour de Philippe Garrel .
-Prix Fipresci ( presse Internationale ) : 120 Battements par Minute de Robin Campillo.
-Prix ( Oeil d’or ) du meilleur documentaire : Visages, Villages d’Agnès Varda et JR.
-Prix du Jury Oecuménique : Vers la Lumière de Naomi Kawase .

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