Cinéma / Journal de Cannes 2017 ( No.11)

Dernier jour de compétition ce Samedi 27 Mai, avec la présentation du film de Lynne Ramsay , You Were Never Really Here , récit des efforts d’un ancien combattant pour sauver une jeune fille prise dans un réseau de prostitution , servi par un beau travail formel .   Les dès sont donc jetés et Le jury présidé par Pedro Almodovar va rendre son verdict demain . Pour qui la palme d’or ? . On reviendra ci-dessous sur les dernières tendances qui se dessinent . En attendant celui des différentes sections a déjà été dévoilé, notamment d’ Un certain Regard ( voir en fin d’article ) . Et Roman Polanski présentait lui , hors compétition son nouveau film : D’après une histoire vraie .

( Voir nos critiques ci-dessous . N’oubliez pas de consulter la nouvelle rubrique au succès grandissant « échos de Cannes 2017 » , signée Philippe Descottes)

You Were never really Here de Lyne Ramsay ( Compétition Officielle )

Joaquim Phoenix d ans You Were Never Eally Here de Lynne Ramsay .

La cinéaste remarqué par Ratcather (1999) et présente en compétition avec Wee Need to Talk About Kévin ( 2011) proposant hier son nouveau film où le travail sur la dramaturgie servi par un certain formalisme , trouve un écho passionnant qui offre, par ses ellipses , à la noirceur du sujet et à la violence sourde qui l’habite , une force indéniable . La première séquence en est d’ailleurs emblématique ,  dans une rue sombre  un homme qui y déambule tranquillement se fait soudainement agresser sans raisons par un individu , son fort physique aidant il y répond avec détermination mettant à terre et neutralisant ce dernier. Elle annonce la violence stylisée, et le mystère qui va s’inscrire au cœur du récit en forme de thriller au accents politiques où , corruptions, trafics et chantage sont de mise. Le mystère entretenu par un récit qui élude volontairement des espaces , laissant la porte ouverte aux éventuelles méprises , offrant à la mécanique aveugle de la surenchère des règlements de comptes , une dimension irrépressible au déchaînement des pulsions ultra-violentes , auxquelles on assiste . Joe ( Joaqim Phoénix , encore impressionnant ) est un vétéran de la guerre d’Irak qui se retrouve engagé comme homme de main d’un sénateur de la Côte- Est dont la fille a été enlevée , et qui  est chargé de la retrouver . Au fil de ses recherches et des affrontements qui vont l’opposer aux trafiquants et autres maîtres chanteurs, la violence à laquelle il est confronté réveille  le  souvenirs  de  celle vécue sur le champ de guerre. Provoquant chez lui une sorte de «  choc » psychologique  traumatique . C’est l’aspect passionnant du récit et de ces fragments du passé et du présent qui s’entrechoquent , dont se fait l’écho cette scène étonnante du sac de plastic dans lequel il enveloppe son visage jusqu’à suffocation.    Comme celle qui fait  sourdre cette  humanité meurtrie  qui  l’habite     (  autre  « flash  » magnifique , la  scène de l »homme qu’il a mitraillé et dont il accompagne l’agonie en musique ..) ,  qui  lui fait sourdre des pulsions suicidaires. Peu de moments de répit , et l’inexorable d’une violence contre laquelle  il va tenter, une fois encore, de survivre. En soldat, en combattant ,  il continue de tester ( la dent arrachée …)  sa résistance ., pour  accomplir sa nouvelle mission..

D’Après une Histoire Vraie de Roman Polanski ( Hors Compétition) .

Emmanuelle Seigner et Eva Green dans d’Après une histoire vraie de Roman Polanski

Le nouveau film du cinéaste ( Palmé pour le Pianiste en 2002 ) , est adapté du roman de Delphine De Vigan , et Olivier Assayas a collaboré a l’écriture du scénario . La scène de signature du roman qui ouvre le film et les « mots » des lecteurs à l’écrivaine offrent la mesure de l’écho  de  celui-ci auprès du public . Son caractère autobiographique consacré aux relations avec sa mère. Le souvenir de celle-ci , le succès et ce qui l’entoure …et puis les lettres anonymes et les échos sur le « net » accusant cette dernière d’avoir «  livré sa famille en pâture au public, et se faire de l’argent avec… ». Delphine ( Emmanuelle Seigner ) tombe dans la dépression et se retrouve en  impasse d’écriture et se remet  en question . Lorsque la rencontre d’une femme qui croise sa route  dit la comprendre et  vouloir l’aider, lui fait baisser la garde,  et s’abandonner à cette,  Elle (Eva Green ) envahissante , dont l’emprise va devenir inquiétante . On est au cœur de l’une des thématiques des films du cinéaste , à commencer par Rosemary’s Baby , Le Locataire, Lunes de Fiel et jusqu’à Ghostwriter . La possession , le mal qui s’insinue  par le biais, ici , d’une sorte de tentative de manipulation  littéraire . Celle aussi de la séduction ambigüe (esquissée …) comme manœuvre d’approche pour gagner la confiance et ouvrir la porte qui lui permettrait de lui  voler sa vie . Le jeu de la duplicité,  est au cœur d’un relationnel dont le mystère doit rester entier pour pouvoir arriver à ses fins et faire sombrer sa proie dans la folie , ou en tout cas , la soumission . Dans ce registre de la manipulation , le cinéaste y est passé maître et déroule sans faille , mais sans surprise , sa mise en scène. Doute , incertitude , suspicion , ambivalence y sont au cœur même du thriller qui s’y invite …

(Etienne Ballerini)

Aujourd’hui le Palmarès . « The Winner is »  … En attendant , quelques échos sur les tendances et les favoris de la presse. Et aussi une ébauche de bilan sur la qualité de cette 70 ème édition. Les thèmes récurrents , les bonnes surprises …
La première constatation quasi unanime elle concerne la qualité et le niveau de la sélection jugé bien plus faible que celui de l’année dernière . Pas de vrai film qui fasse l’unanimité , pas de vraies surprises ( hormis à la section Un certain Regard ) ou de révélation. Des délibération et un choix difficile prévisible pour l’attribution de la Palme où les « affinités » vont jouer . Comme ce fut le cas du côté de la presse ou du côté du public , car si des tendances de  possible consensus se sont dessinées sur certains films, aucun, n’a fait vraiment une vraie unanimité . Mais , souvenons-nous que l’année dernière Tony Erdman de Maren Ade « chou chou » de la presse et du public s’est retrouvé bredouille !. Alors dans les tendances générales d’un « consensus» qui se dégage  et  pourrait   se retrouver  au  sommet  du  Palmarès de ce soir . On devrait y voir ,  120 Battements par minute de Robin Campillo apprécié par la presse et bien accueilli , Faute d’Amour d’Andreï Zviagintsev, Wonderstruck de Tood Hyanes , L’Amant double de François Ozon( qui devrait plaire à Almodovar)  , Une femme Douce de Sergueï Lonitza  ou le   You Were Never Really Here de   Lynne Ramsay … certains  outsiders qui ont plus divisé  critiques et public , pourraient tirer leur épingle du jeu , comme le Happy-End de Micahël Haneke dont le « trop » d’attente l’a sans doute défavorisé , The square  de Ruben Ostlund , La mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos . ..

Côté prix d’interprétation . Chez les hommes Joaquim Phoenix, Collin Farrell ( présent dans 2 films ) ou Louis Garrel ( le Godard  d’Hazanavicius ) , ou Pourquoi pas  Jean- Louis Trintignant  pour le film d’Haneke ???
Chez les femmes : Diane Kruger ( in the Fade ) , Vassilaia Makovsteva ( La femme Douce ) , Nicole Kidman ( présente dans 2 films ) et Maryana Spivak ( dans , faute d’amour ).

Thèmes récurrents ….
Le  thème récurrent  présent dans la sélection officielle ( compétition et un Certain regard ) c’est le constat sombre et pessimiste dont se font écho les films des pays de l’est ( Russie , Bulgarie , Hongrie , Tchécoslovique ) déboussolés par la corruption , la perte de valeurs et des libertés . Et  aussi dans de nombreux films d’autre pays et cinématographies  ( Tunisie,  Algérie , Iran , Argentine, Japon , …)tant rares ont étés les films  laissant entrevoir un certain espoir. Les maux qui rongent  : racisme , corruption , l’argent de riches, les  dérives communautaires , violences et guerres , pauvreté , chômage , immigration, tensions sociales, morale et religion en questions , dérives de toutes sortes , insécurité , attentats…

… Et belles surprises : c’est à Un certain regard qu’elles ont été au rendez-vous par exemple avec le premier film Une vie à l’étroit du jeune cinéaste ( 24 ans) Kantémir Balakov qui a fait preuve d’une grande maîtrise technique dont certains y ont  vu un nouveau Xavier Dolan.  celui de Kaouther Ben Hania , La Belle et la meute sur le viol ,  et   de Karim Moussaoui , En attendant les hirondelles . Ainsi que le sombre constat  que fait  dans Directions  le  Bulgare Stephan Komandarev en co-voiturage avec les passages de ses chauffeurs de Taxi . Et enfin , la beau et sensible premier film de Léonor Seraille collée au basques d’une Jeune femme moderne et combattante décidée a prendre sa vie en main.

(Etienne Ballérini)

Premiers   palmarès des  Jurys  :

Un Certain Regard 2017 a proposé dans sa compétition 18 films venus de 22 pays différents. Six d’entre eux étaient des premiers films. Le film d’ouverture était Barbara de Mathieu Amalric.
Présidé par Uma Thurman (actrice – Etats-Unis), le Jury était composé de Mohamed Diab (réalisateur – Egypte), Reda Kateb (acteur – France), Joachim Lafosse (réalisateur – Belgique), et Karel Och (Directeur artistique du Festival International de Karlovy Vary – République Tchèque).

PRIX UN CERTAIN REGARD
LERD (UN HOMME INTEGRE ) de Mohammad Rasoulof

PRIX D’INTERPRETATION FEMININE
JASMINE TRINCA pour FORTUNATA de Sergio Castellitto

PRIX DE LA POESIE DU CINEMA
BARBARA de Mathieu Amalric

PRIX DE LA MISE EN SCENE
Taylor Sheridan pour WIND RIVER

PRIX DU JURY
LAS HIJAS DE ABRIL (APRIL’S DAUGHTER) de Michel Franco

LE PALMARES DE LA CINEFONDATION :

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par Cristian Mungiu était composé de Clotilde Hesme, Athina Rachel Tsangari, Barry Jenkins et Eric Khoo, a décerné les prix de la Cinéfondation lors d’une cérémonie salle Buñuel, suivie de la projection des films primés.
La Sélection comprenait 16 films d’étudiants en cinéma choisis parmi 2 600 candidats en provenance de 626 écoles de cinéma dans le monde.
Premier Prix : Paul est là de Valentina Maurel (INSAS, Belgique)
Deuxième Prix : Heyvan (AniMal) de Bahram & Bahman Ark (Iranian National School of Cinema, Iran)
Troisième Prix : Deux égarés sont morts de Tommaso Usberti (La Fémis, France)

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