Cinéma / Journal de Cannes 2017 ( No. 10 )

Dernier films Français en compétition avec L’Amant double de François Ozon ,  plongée  vertigineuse dans la double identité , la gémellité et la sexualité .                  Le réalisateur Allemand d’origine Turque Fatih Akin avec In The  Fade , se penche lui sur un thème d’actualité , la montée du racisme et de l’extrémisme de droite . A la Section Un Certain Regard , c’est le film Bulgare Directions de Stephan Komandarev qui a fait l’événement, avec le constat amer sur la dérive d’un pays confronté à la crise économique aggravée par les compromissions politiques qui le gangrènent…

( Nos critiques sur les films échos ci – dessous , et comme chaque jour consultez la rubrique « échos de Cannes 2017 » , concoctée par Philippe Descottes) .

L’Amant double de François Ozon ( Compétition Officielle )

Jérémie Renier et Marina Vacth dans l’Amant Double de François Ozon

Le cinéaste avait présenté  Jeune et Jolie en 2013 en compétition, et y revient donc avec son nouveau film qui s’inscrit dans sa veine de ceux qui aiment oser et déranger comme c’était le cas de Goutes d’eau sur pierres brûlantes adapté de Rainer Werner Fassbinder , où s’installait un jeu de séduction , de rapports de forces et d’emprise , autour du désir et de l’homosexualité . Son cinéma aux références cinéphiles , conduit par une écriture et une approche qui ne cesse de mettre les individus confrontés au mensonge , à leurs désirs et  leurs faiblesses , qui les plonge dans les arcanes du « vertige » cher à Hitchcock par exemple. Se démenant dans un huis-clos qui les rend prisonniers de soi et des autres où les monstres surgissent comme miroirs révélateurs d’une  » dualité » effrayante . Et qui l’est rendue encore plus, ici , par un scénario machiavélique multipliant à souhait les rebondissements qui ne font que les perdre encore un peu plus. Et le tout enveloppé dans une mise en scène  où  les références  multiples ( Bunuël, De Palma, et autres fritz lang..) qui viennent en miroir et en humour ( noir ), y ajouter la touche provocatrice brouillant les pistes… et instiller via les rebondissement ( le plan final) ce sentiment étrange que lorsque tout semble revenu dans l’ordre , c’est justement là que la vertigineuse réalité du gouffre au bord duquel , Chloé ( Marina Vacht , vulnérable et troublante à souhait ) reste suspendue . On vous laissera découvrir tous ces ingrédients d’un double plaisir du récit et de cinéma dans lequel le cinéaste va littéralement vous happer et sans doute aussi faire parfois basculer vos certitudes , en vous prenant à rebrousse-poil , en jouant de la provocation et en osant sur les sujets abordés cités ci-dessus , une exploration qui brise les tabous .
On vous dira donc seulement que souffrant de maux de ventre récurrents et que les analyses et autre examens ne révélant rien  d’anormal , cette dernière décide d’aller se faire «  fouiller le cœur et l’esprit » chez un  Psychiatre qui lui permettra de découvrir l’origine du mal . Confidences intimes qui vont perturber les séances . Ce dernier , Paul ( Jérémie Renier ) qui lui avoue devoir  par déontologie , les arrêter  car il est amoureux d’elle . Ils vont se marier et vivre une période d’harmonie . Et Le mal de Chloé disparaît. Mais lors d’un rangement dans l’appartement elle  tombe sur des document de son mari et découvre qu’il a jadis changé d’identité . Pourquoi a-t-il menti ? . Le changement d’identité lié à un drame familial avec un frère jumeau qu’elle  rencontrera  en secret et qui deviendra son «  amant double » . Les deux faces d’une gémellité destructrice qu’elle va partager . On vous laisse découvrir la suite en Salles . Le film est sort ce Vendredi sur les écrans .

In the Fade de Fatih Kain ( Compétition officielle )

Une scène de in The Fade  de  Fatih Akin.

Le cinéaste est né et vit en Allemagne de parents émigrés Turcs et ses films ( Head On / 2004, Soul Kirtchen / 2009 , The Cut / 2014) reflètent entre ‘autres les thématiques                  ( émigration, intégration , choc culturel , rapport au passé et coutumes , racisme ..) liés à cette situation et a  son vécu . Il  s’est fait une belle réputation internationale avec des films forts sur ces thématiques qu’il explore . Son Nouveau film en est l’exemple qui se fait l’écho de cette situation de tensions , inter -communautaires et d’amalgames entrainant des violences racistes , suite aux attentats terroristes qui ont meurtri les familles et les populations des pays touchés . Entraînant une montée  des rejet d’une partie de la population , et surtout des actes de représailles de la part de certains groupuscules extrémistes de droite  . Situé dans un quartier a majorité Turc de Hambourg , y vivent Katja     ( Dian Kruger ) , elle Allemande et son mari Turc et leur jeune fils . Mariés depuis une dizaine d’années , leurs vies mouvementées , se sont rangées l’amour aidant . Mais leur quotidien va basculer , un attentat Terroriste lui enlève son fils et son mari . Après les hésitations d’une enquête qui se penche sur le passé du mari qui jadis a fait un court passage en prison et s’est réinséré, depuis sans difficulté . Celle-ci s’oriente sur la piste des violences racistes  et d’un climat politiques qui les attise . Les témoignages et les multiples indices recueillis sur le lieu du crime confirment l’attentat néo – Nazi , Mais au regard d’un « doute » qui subsiste ( l’empreinte d’une autre personne non identifiée.. sur le lieu de la fabrication de la bombe ) concernant les coupables présumés ..le jugement va les innocenter ! . la calvaire vécu par Katja après le drame et durant le procès , est  perçu  comme une nouvelle souffrance dont elle n’avait pas besoin . Découragée , malgré l’insistance de son avocat , elle ne fera pas appel et décide de se faire justice elle-même !. Le deuil ( séquences remarquables) qu’elle avait réussi , remis en cause revient comme un Boomerang insupportable . Le cinéaste par la radicalité de la démarche de vengeance de Katja ( œil pour oeil ) saisit l’occasion d’interpeller sur cet inexorable engrenage auquel peut entraîner ( et sans doute est-ce un but recherché ?) le plan des terroristes en créant le chaos et ce type de réflexes  de vengeance a. Et qu il le tempère par ce beau témoignage du père de l’accusé qui n’hésite pas à le dénoncer comme criminel … et à soutenir ( Belle scène ) katja dans sa douleur .. .

Directions de Stephan Komandarev ( Un Certain Regard )

Une scène du film Directions de Stpha Komandarev

Le film du cinéaste Bulgare a fait sensation hier lors de sa projection par ce qu’il dit sur l’état de son pays , mais aussi par la manière de le dire en choisissant un réalisme cru, et une mise en scène en plans-séquences qui l’amplifie . Le récit commence avec les déboires d’un petit entrepreneur qui travaille aussi comme chauffeur de taxi pour arrondir ses fins de mois . Et qui ayant demandé un prêt à la banque se retrouve confronté à devoir payer d’exorbitants « pots de vins » . Refusant d’y céder il   fait appel au comité d’éthique … qui lui aussi en demande !. Menacé et acculé , ce dernier tue le banquier et se suicide . Le fait divers crée un choc et suscite de nombreuses réactions dont se fait écho les radios .De ce sujet de depart inspiré d’un fait divers , le cinéaste a l’idée de faire un « état des lieux » de ce qui ne va pas dans cette société où les gens doivent cumuler plusieurs boulots ( enseignants, boulangers , musiciens scientifiques et même prêtres ! …ils conduisent des taxis la nuit pour payer leurs frais ) , joindre les deux bouts et survivre , tandis que de milliers de personnes quittent le pays . L’idée du Taxi et des passagers emblématiques  germe,  qui vont se  confier  au chauffeur ,  ou bien ces derniers eux mêmes se retrouvant confrontés à des situations qui les sont également . Tandis que le point de vue stylistique sera de les raconter en plans-séquences, à la  fois pour la fluidité et l’intensité dramatiques qu’elles révèlent , mais aussi pour le réalisme qui s’y installe naturellement . Rada la chauffeur de taxi prendra un chirurgien qui dit réaliser sa dernière transplantation avant de quitter le pays pour Hambourg . Un autre  se révèle être un ancien membre du parti communiste de contrôle des étudiants qui est devenu un Business -man en Autriche et qui  critique  son pays « de bons  à rien qui ne veulent pas travailler » mais  qui y revient pour faire des affaires …Européennes !. Zhoro un autre chauffeur , va secourir un enseignant désespéré qui veut se jeter du haut d’un pont pont parce que ses élèves l’ont humilié sur internet , et ne veut plus rentrer chez lui affronter le regard de ses enfants !. Mitko  qui va devoir affronter un passager qui refuse de payer le tarif et ça va dégénérer  en sérieuse bagarre . Et avec Andreï,  prêtre de jour et chauffer la nuit , c’est avec un boulanger au chômage comme passager que l’interpelle sur Dieu : « qu’a-t-il fait lorsque la pauvreté , le désespoir , la violence et la misère ont terrassé les gens ? » . Et ce pays que l’Europe a entraîné dans ses politiques économiques et qui a vu prés de 30 pour cent de la population s’exiler dans d’autres pays. Le cinéaste dit avoir voulu tenter par « cet inventaire » , susciter des débats dans son  pays et à l’étranger  sur l’état de celui-ci , et sur les directions que nous prenons » , dit -il . Objectif accompli …

(Etienne Ballérini)

Les films de ce Samedi 27 Mai 2017 :

Compétition Officielle :
You Where Never Really Here de Lynne Ramsay – Compétition Officielle )
Courts métrages en Compétition.

Un Certain Regard :
-Wind River de Taylor Shéridan .

Hors compétition :
D’Après une Histoire vraie de Roman Polanski .

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