Cinéma / Journal de Cannes 2017 ( No.5)

Second film français en compétition hier sur la croisette, Le redoutable de Michel Hazanavicius consacré au couple de la nouvelle vagues de la fin des années Soixante  Godard / Wiazemsky. Et Noah Baumbach avec The Meyerowotx stories , une saga familiale assez savoureuse . Bonnes pioches encore à Un Certain Regard avec Avant que nous disparaisions de Kiyoshi Kurosawa et Fortunata de Sergio Castellito …

(Voir les critiques ci-dessous et consultez également la Rubrique   « échos de Cannes 2017 « , concoctée par Philippe Descottes )

Le Redoutable de Michel Hazanavicus ( Compétition Officielle)

Louis Garrel et Stacy martin dans Le redoutable de Michel Hazanavicius

Librement adapté du récit autobiographique d’Anne Wiazemsky qui y raconte sa liaision avec Le chantre de la nouvelle  vague Jean-luc Godard , le nouveau film du cinéaste Français de The Artist , nous entraine au cœur d’une période doublement mouvementée à la fois pour le couple qui finira par se séparer . Et  qui  pour le cinéaste,  porté par les mouvements sociaux ( mai 68 ) et révolutionnaires dans le monde, va radicalement changer de cap, prenant ses distances avec la nouvelle vague , radicalisant son cinéma qu’il veut « hors système » en créant le groupe Dziga vertov . l’incompréhension qui va s’en suivre qui se traduira entr’autres par des interventions , des prises de positions , et des disputes mémorables ; amplifiés par les mots et formules percutantes dont il avait le secret .Le cinéaste -star du jeune et nouveau cinéma Français adoubé par une certaine intelligentzia , et le couple « glamour  » qu’il formait avec son égérie ne va pas résister à la remise en question de ce « système » que désormais, il vilipendait . Le récit est construit sur cette interférence ,qui va finir par avoir raison du couple.
Michel Hazanavicius et sa passion -cinéma que ses films traduisaient en investissant les codes avec humour et dérision. On la retrouve ici au cœur de cet hommage au cinéaste et à son cinéma qui a bouleversé avec son approche des formes , mais aussi son regard sur la société , et la radicalité de sa réflexion sur le 7 ème  Art  et la culture en général . La réussite du film est dans la manière dont il traduit avec justesse l’effervescence culturelle et politique de l’époque dans laquelle le couple va s’inscrire . Les belles séquences décrivant le climat de Mai 1968, les désirs de Changements . Tout cela passionnait Godard dont il se nourrissait pour faire la « mue » de son œuvre . La réussite du film est d’offrir les séquences savoureuses : ses interventions à la Sorbonne, ses échanges a fleuret- moucheté , avec les intellectuels de droite , mais aussi avec Michel Cournot, Bernardo Bertolucci , Marco Ferreri …ou son rôle lors de l’arrêt du festival de Cannes en 1968 alors que la France est en grève générale . Louis Garrel qui a adopté le phrasé de Godard est remarquable , les dialogue se nourrissent de ce qui a fait la marque provocatrice du cinéaste , et habilement la mise en scène  rend hommage à son cinéma . Juste quelques plans emblématiques  et notamment ceux célèbres où le travail sur l’image et  le son-off , sont devenu une de ses marques de fabrique . Juste ce qu’il faut.

The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach ( Compétition officielle )

Une scène de The Mer yerowitz stories de Noah Baumbach.

Retour de Netflix en compétition avec l’un des cinéaste à la mode ,Noah Baumbach consacré par le succès de Frances ha ( 2012) . Le cinéaste qui aime bine les portraits sensibles d’individus un peu paumés, de couples en formation ou en séparation ( les Berkman se séparent) , s’attache avec son dernier film à un portrait de groupe familial qui ne manque pas de saveur avec la dérision du regard qui s’inscrit en marge des conflits qui l’animent . Ici le cinéaste se détache un peu de son milieu favori de la petite Bourgeoisie intellectelle qui cherche sa place et ( ou ) à s’intégrer . Avec les Meyerowitz , on se retrouve dans une grande fratrie familiale et intellectuelle aisée et dont les conflits qui s’étaient un temps apaisés , vont rebondir avec cette réunion familiale autour d’un père vieillissant ( Dustin Hoffman ) . Ce dernier artiste- sculpter  jadis d’une certaine renommée continuer produire mais n’expose plus . Son souhait de voir sa progéniture continuer dans la voie n’a pas toujours été une réussite , de la même manière que les relations familiales dont les séparations ont conduit a des restructurations pas toujours appréciées par tous . A l’image justement de ce qui se produira lors des retrouvailles entre Danny ( Adama Standler ) et Matthew (Ben Stiller) demi -frères , l’un reprochant à l’autre d’être le favori et protégé du père ,et  dont le rivalités vont se raviver lors des retrouvailles . Notamment lorsqu’il s’agit   de l’avenir des enfants et , compte tenu de l’âge du père , le futur de l’héritage qui pourrait les mettre à l’abri . Avec en toile de fond les amis de la familles pour la plupart des artistes et créateurs avec lesquels le père a maintenu des relations … ou entretenu aussi des rivalités . Facétieux et provocateur ce dernier s’amuse ,comme un enfant, à perturber tout le monde par ses réactions inattendues .Son hospitalisation cristallisera l’attention autour de lui et sera aussi le moteur d’un certaine forme de réconciliation . En paralélle un certain milieu culturel qui gravite autour de la famille, se retrouve lui aussi quelque peu malmené . Ce sont les petites touches sensibles  et justes , qui donnent vie  à ce portrait de groupe où chacun cherche à trouver sa place .. ;

Fortunata de Sergio Castellito ( Un Certain Regard )

Fortunata affiche du film de sergio Castellitto

Le comédien et cinéaste Italien nous a Proposé avec son nouveau film un superbe portrait de femme dont le prénom Fortunata ( chanseuse) n’est pas prédestiné , puisque son destin chaotique dans le quartier de la périphérie romaine , va rencontrer bien des déboires . Un mariage qui bat de l’ale , une fille de Huit ans perturbée dont la décision de la garde est en instance. Fortunata vit de son travail de coiffeuse à domicile et rêve d’ouvrir un salon de coiffure .
Et , seule elle va devoir faire face pour réaliser son rêve et conquérir son droit au bonheur . Mais «  il y a des hommes dans cette histoire qui ne sont pas d’accord avec l’idée que Fortunata puisse être heureuse » ex^plique le cinéaste . Et c’est ce qui a compliquer pour elle son chemin . D’abord son mari policier et violent qui la harcèle et veut récupérer l’enfant «  elle est ma fille, tu n’est pas capable de l’élever » . Et il y aussi ce psychologue ( Stefano Accorsi ) des services sociaux qui aura son jugement à Donner . Et puis il y a les proches de Fortunata , Cette veille comédienne , Lotte ( Hanna schygulla ) tournée vers le passé et son fils qui Bi-Polaire , et d’autres amis du quartier avec qui le partage quotidien d’une certaine fraternité aide a vivre . Et surtout a surmonter les problèmes que , comme elle tous traversent , liés à un passé tourmenté dont les rêves et les tourment parfois remontent à la surface . Personne n’y échappe et lorsque la réalité quotidienne devient difficile , leur souvenir vous fait doute r et basculer . Comme les hommes et le s femmes de ce quartier populaire qui sont entrés dans sa vie Fortunata sait qu’elle doit être prête a tout pour surmonter les obstacles et provoquer le destin . Sur son chemin la violence elle doit la combattre ainsi que les manipulations ( de son es-mari) qui veut la déstabiliser en montant contre elle, sa fille . C’est par sa force de résistance qu’elle va pouvoir franchir les obstacles, et construire son histoire , provoquer le destin. Celui de l’amour qui souvent dans sa vie a été absent que peut-être elle pourra renverser la donne .
C’est, subtilement , par la reconquête de celui-ci que Fortunata ( Jasmine Trica , épatante ) réussira à y parvenir, au prix du sacrifice . Sergio Castellitto par son récit et sa mise en scène tout en osmose avec le parcours de son héroine , l’élève à la dimension humaine …

Avant que nous ne disparitions de Kiyoshi Kurosawa ( Un certain Regard ) .

Une scène de Avant que nous Disparaissions de Kiyoshi Kurosawa

D’emblée le cinéaste nous entraîne dans la tragédie , le drame et le mystère avec la violence de l’assassinat de cette famille qui bouleverse la ville où habitent aussi certains des personnages que le cinéaste nous invite à suivre . Adapté d’une pièce de Théâtre de Tomhira Maekawa , l’histoire installe cette atmosphère d’inquiétude à laquelle le cinéaste nous a habitués dans ses films ( Réal/ 2013 ). Celui-ci s’y inscrit dans la continuité de l’enquête menée par le journaliste Sakuraï sur cette mystérieuse affaire qui va révéler que d’autres phénomènes étranges se produisent dans la ville . Notamment dans le couple Narumi et Shinji qui traverse une période difficile et dont la disparition de ce dernier étonne et finit par interpeller par son retour quelques temps plus tard où il semble être devenu une autre personne .Dans la foulée il se révèle également que d’autres personnes subissent une même mutation de personnalité . Dans la continuité de la pièce qui ‘inscrivait dans la « parodie » des films de science-fiction des années 1950 , dit avoir été tenté d’en transposer les codes du divertissement   avec l’explication des retours des disparus , après que de extraterrestres déguisés en humains leur aient soustrait leur humanité et leurs références pour s’en approprier . Devenus des zombies à la merci des envahisseurs qui peuvent ainsi utiliser les pouvoirs acquis ( volés) pour assoir leur pouvoir . Dès lors le spectre de l’invasion , de la guerre et de la violence qui se précise jette la ville dans le chaos dont la montée inexorbale est soulignée ar une musique , signée Yusuke Hyashi , s’insinue dans les têtes, et , en forme de possession, y rester ancrée .
Le travail subtil de la mise en scène qui accompagne et amplifie le choc du chaos auxquels la population va se retrouver confrontée . Alternant les moments de répit et de suspense , et les moments  forts qui accompagnent cette occupation des esprits et des lieux , la mise en scène distille une inquiétude sourdre , angoissante. Et la transformation subie qui empêche toute possibilité de choix et trouver une porte de sortie , s’installe comme un enjeu pour le devenir de l’humanité …dont le dénouement final, par l’acte d’amour altruiste laissera entrevoir une forme d’espoir de survie …

(Etienne Ballérini )

Les Films au programme de ce Lundi 22 mai 2017

Compétition Officielle :
Happy End de Michaël Haneke
La Mort du cerf sacré de Yorgaos lanthimos
-Le jour  d’Après de Hong Sagsoo.

Un Certain Regard

En Attendant les Hirondelles de Karim Massaoui
-L’Atelier de Laurent Canter
-Out de Cyörcy Kristof

Hors – Compétition :

-Nos Annes Folles d’André Téchiné .

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