Seconde journée de compétition officielle avec en lice le film produit par Netflix qui a alimenté la polémique concernant la non- distribution en salle , et une début de projection marqué par un incident technique. Mais la satire sur la brutalité du capitalisme d‘Okja signé Bong-Joo Ho fat mouche . Accueil mitigé pour La Lune de Jupiter de Kornel Mundruczo. Deux films importants à La section Un certain Regard : un Homme intègre de Mohammad Rassoulof qui pointe pressions politiques et corruption . Et La Belle et la meute du Tunisien , Kaouther Bena Ania qui fustige le machisme et l’impunité , adapté d’un fait divers réel d’une jeune fille victime d’un viol… Nos critiques ci-dessous :
Et suivez aussi les échos quotidiens de Cannes 217 , concoctés par Philippe Descottes
Okja de Bong Joon -Ho ( Compétition officielle)

Le cinéaste Coréen qui aime bien explorer les genres revient à une fable politico- fantastique dont il avait déjà exploré les formes avec The Host ( 2006 ) où un monstre issu de manipulations scientifiques , surgissant de la rivière va semer la terreur dans la ville de Séoul. Ici c’est l’arrivée à la direction de la Compagnie Mirando, de la nouvelle Directrice ( Tilda Swinton ) qui va avec sa Politique offensive imposer des nouveaux produits expérimentaux pour répondre à la demande d’une population de la planète de plus en plus nombreuses . Rentabilité et marketing à l’ordre du jour et création d’un nouveau modèle de production animale avec un « super » mouton intelligent dont le rendement -qualité , bien supérieur à tout ce qui a été fait jusqu’ici, va permettre d’alimenter les bouches en même temps que de faire fructifier les gains de la société . Pendant que la production suit son cours des modèles expérimentaux programmés avec et suivis par une boîte noire sont envoyés au quatre coins du monde pour permettre d’améliorer encore la rentabilité en la modelant aux conditions climatiques des différentes zones de la planète . Dans les montagnes du Japon c’est Okja le mouton-femelle qui est donné a la chargé d’une petite ferme de montagne tenue par un vieux grand-père et sa petite fille. Cette dernière qui s’est attachée à Okja, et quand on vient le reprendre pour un contrôle à New-York elle va le suivre . Mais la vérité qu’on lui cache ( le passage à l’abattoir) , dont un groupe défense qui mène compagne contre la souffrance animale et a fait de La compagnie Mirando son ennemi juré, va entraîner la petite Japonaise qui veut retrouver son ami Okja , dans leur combat . Rondement mené et habilement dosé dans son tourbillon d’aventures qui fustige le markéting devenu le visage « soft » du capitalise brutal pour qui, dit le cinéaste « seul l’argent compte !» . La fable est universelle et efficace qui aborde le thème ( la douleur animale ) de plus en plus médiatisé et les auteurs ont voulu interpeller « sur la relation entre l’homme et l’animal ». Et la dose d’humour ( Le personnage du vétérinaire qui présente l’émission de Télévision , Le jeune Silver militant refusant tout produit non naturel.. même une tomate cerise!) , est efficace….
Jupiter’s Moon de Kornel Mundruczo ( Compétition Officielle)

Le cinéaste Avait crée l’événement avec White God (2014 – Prix Un certain Regard ) , on retrouve d’ailleurs la continuité de sa démarche ici , mais la réussite n’est pas toujours au rendez-vous de sa fable qui a reçu un accueil mitigé . On retrouve ici cet ancrage dans le réel et puis le basculement du côté du fantastique . La première partie , la plus réussie , qui nous plonge dans un contexte très actuel et politique qui concerne de nombreux pays Européens , la réfugiés et migrants dont son pays la Hongrie s’est montré le mauvais élève , en les refoulant. C’est au cœur de ce contexte de violence que le film nous plonge avec exactions , les trafics et autres comportements. Alors qu’il traverse illégalement la frontière , Aryan le héros du film se fait tirer dessus , transporté à l’hôpital, sa guérison quasi miraculeuse révèle qu’il a un pouvoir de lévitation . Il va se retrouver sous le feu des convoitises de la rivalité des deux hommes . Le chef de camp qui refuse de voir son autorité bafouée , veut le récupérer et s’accroche encore plus lorsque il connaîtra la vérité . Tandis que le Docteur Stern tout en aidant Aryan à fuir le chef de camp souhaiterait exploiter son pouvoir . L’échappée et les poursuites rondement menées et les effets spéciaux de la lévitation . Le thriller et le fantastique prennent le dessus , et la fable de la « libération » via le pouvoir d’Aryan reste individuelle et ne trouve pas la dimension « collective » de la rvcolte des chiens de White God , Dommage ..
Un homme intègre de Mahammad Rassoulof ( Un Certain Regard )

Le cinéaste Iranien emprisonné durant 6 ans et interdit de tourner sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad , avait présenté à la section un Certain Regard Les manuscrits ne brûlent pas en 2013 , et revient aujourd’hui avec son nouveau film . Une satire sans concessions de la société Iranienne sous influence politique et religieuse , et dans laquelle la puissances de « clans » et de leurs appuis fait aussi loi, avec l’argent que l’on doit donner si l’on veut obtenir des faveurs…ou même ,une justice juste . Reza père de famille marié et un enfant qui vit désormais loin de Téhéran et dans une petite propriété de campagne qui lui permet de se consacrer entr’autres à l’élevage de poissons d’eau douce . Mais voilà que celle-ci est convoitée par une société privée , dont les terrains seraient les bienvenus pour s’agrandir et prospérer . Les liens tissés par celle-ci avec les notables et politiques et autres notables influents , vont jouer à fond pour tenter de rendre à raison Reza qui refuse tous compromis . On ne lésine pas sur les moyens illégaux pour faire pression et le contraindre à vendre :. Si l’eau empoisonnée ne suffit pas qui réduit néant son élevage , on va s’en prendre à son fils , puis à sa femme , on le menace, s’il porte plainte on le force à la retirer . On le provoque , et s’il se défend on l’accuse d’être le provocateur et on va même jusqu’à produire de faux témoignages de médecins pour coups et blessures contre lui . Comme l’évoque une conversation avec une amie ont le mari enseignant et opposant politique a été emprisonné « ici on a pas le choix , on est l’oppresseur ou l’oppressé ! » . A l’école les enfants qui ne sont pas musulmans sont renvoyés , au cimetière on refuse aussi d’enterrer le non musulmans ( la séquence poignante de cette famille qui y est confrontée) Faut-il subir ou résister , faut-il se renier et se salir les mains ? . Sa maison réduite en cendres, la colère dan le gorge , Reza fera son choix qui lui permet de rester tête haute . Un Grand film..
La Belle et la Meute de Kaouther Ben Hania ( Un Certain Regard )

Marian est une jeune Tunisienne de cette génération qui s’est battue pour la démocratie. Avec ses copines elle se rend à une soirée festive . La fête va se transformer en une nuit de cauchemar . Le récit construit ne Neuf chapitres en distille le mécanisme implacable en forme de constat d’autant plus accablant que celui-ci est adapté d’une histoire vraie . Le cinéaste Tunisien s’est révélé par le documentaire les Imams vont à l’cole ( 2010) et récemment réalisé Zaineh n’aime pas la neige (2016) , Primé au Cine- Med de Montpellier. Adapté d’un fait divers , sous les traits de Marian ( Marian Al Ferjani , est remarquable ) qui à la sortie de la soiré e et lors d’une promenade sur le bord de mer avec un copain , est approchée par une voiture de police et sera violée par trois policiers . Par le biais des neuf chapitres conduits avec une maitrise exceptionnelle et souvent en plans-séquences, le cinéaste construit un récit implacable sur le laisser faire d’une société machiste et intégriste , où la femme est déconsidérée . Et ici en l’occurrence va se retrouver rejetée et culpabilisée , au lieu d’être secourue , soutenue et défendue . Constat implacables et descente au enfers au cours d’une nuit ou rien ne lui sera épargné. Quelques exemple : a l’hôpital on refuse de la faire ausculter par le médecin légiste afin d’avoir un « constat » de viol . On la renvoie à la polie pour porter plainte …et l’examen médical ce sera après !. A la police avec son ami de promenade, le témoignage ne cesse d’être contesté par les policiers qui prétendront qu’avec son ami elle a été surprise en situation indécente punie par la loi. Bref de victime elle deviendra accusée …et toutes les pressions possibles se mettent en route ( la hiérarchie est informée ) pour que la plainte ne soit pas enregistrée . Même la journaliste qui a l’hôpital avait écouté son témoignage …et promis de l’aider si besoin, va rester muette aux coups de fils. Parfois quand même quelques gestes ( une infirmière de l’hôpital qui lui fera rencontrer le médecin Légiste …l’un des policiers qui tente de freiner ses collègues les plus vindicatifs) d’humanité . Mais toutes ces humilaitions ne feront que renforcer dans sa détermination une Mariam perdue et qui était prête au début à laisser tomber… non , la haine dans les yeux elle fait face a ses accusateurs « je vais me battre pour que votre crime soit puni ! » . Magnifiqe Mariam .. qui fait dès lors de son combat un symbole et un plaidoyer pour toutes celles qui ont du céder. Un grand film citoyen..
(Etienne Ballérini)
Programme de ce Samedi 20 Mai :
Compétition officielle :
–120 Battements par minute de Robin Campillo.
–Le Redoutable de Michel Hazavanicius
Un Certain Regard :
–Lu Guo Wei Lai de Li Rujin.
–Las Hijas de Abril de Michel Franco< ;
-Wind River de Taylor Shéridan .
Hors compétition :
–Prayer Before Down de Jean -Stéphane Sauvaire .
–Promised Land de Eugène Jarecki .
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