Premier jour de compétition hier , avec deux cinéaste habitués de la sélection officielle : Todd Haynes et Andreï Zviagyntsev, Tous deux accueillis chaleureusement. Wonderstruck de Todd Hyanes évoque le parcours de deux jeunes adolescents et le thème de la surdité où le cinéma ( Muet) et le mélodrame sont les moteurs. Avec Faute d’Amour Andreï Zviagyntsev évoque la disparition d’un enfant dont les parents se séparent , et , en toile de fond il poursuit sont portrait acerbe de la société Russe . Ouverture de la section Un Certain Regard , avec le Barbara de Mathieu Amalric que nous n’avons pu voir , et le premier film en concours pour la compétition de la section ,Western de Valeska Griesbach qui évoque la co-habitation difficile d’un groupe d’ouvriers Allemands venus travailler sur un chantier.
( Nos critiques ci-dessous . Et Suivez aussi , la Rubrique « échos du Festival des Cannes 2017 » par Philippe Descottes ).
Faute d’Amour d’Andreï Zvagyntsev ( Compétition Officielle )

Le Cinéaste Russe Prix du Meilleur meilleur scénario avec Leviathan en 2014 , qui dénonçait la corruption , poursuit ici , son introspection de la société au travers des déboires de la séparation d’un couple Boris et Génia , très mal vécue par leur enfant . Ce dernier décide de quitter et disparaître du domicile de ses parents plus préoccupés de régler leurs affaires courantes et leurs futures destinées , que de s’occuper de celle de leur fils. D’emblée le cinéaste, fait un contrepoint saisissant entre les images d’une nature calme et paisible qui ouvrent le film , et celles de la vie familiale en pleins remous. Alors que le couple se déchire sur le sort de l’enfant ( qui va le garder? , faut-il le placer en internat?) et sur la vente de l’appartement , se consacrant à organise leur nouvelle vie avec leurs nouveaux partenaires . Et l’enfant qui pleure dans la pénombre de sa chambre, entendant les éclats de voix. Boris qui ira retrouver sa nouvelle compagne enceinte et Génia cet homme aisé qui veut l’épouser . Aliocha reste muré dans un silence pesant , et puis un jour disparaît . Fugue passagère ou enlèvement ? …toutes les hypothèses sont envisagées, un appel à témoins et une « alerte » sont faits . Le cadre en place , le cinéaste y décrypte, en miroir, ce qu’il va révéler d’un nature humaine devenue… inhumaine . A l’image d’une société qui se délite . Comme le souligne en voix-off , cette humoristique chronique radio évoquant la « fin du monde proche avec cette violence qui se propage dans les villes , les gens se soûlent , se droguent , certains s’arment ,les crimes augmentent… ». . Et la recherche qui s’éternise de cet enfant disparu dont personne finalement n’a été assez à l’écoute pour savoir où il aurait pu se réfugier …même l’indication de son plus proche copain , se révèle inéfficace . En fait Aliocha se sentant abandonné a fini par vouloir concrétiser aux yeux de tous, cet abandon!c …
Tout y passe : relations familiales et de travail , poids de la religion , dégradation des relations humaines en général , manque de personnel dans la police , recours aux associations . Les séquences de recherche où domine l’aspect documentaire se font l’écho d’un délitement social ( immeubles abandonnés refuges des sans -abris, règlements de comptes, hôpitaux débordés…) . Et pour couronner le tout , les images d’une guerre , en Ukraine, qui se fait de plus en plus proche . Et dans ce chaos , les plus fragiles qui souffrent. Quel monde laissons-nous à nos enfants ? …
Wonderstruck de Todd Haynes ( Compétition officielle)

Le cinéaste de Loin du Paradis (2003) et de Carol ( 2016 ) , adapte pour son nouveau film un roman de Brian Selznick ( auteur d’Hugo Cabret ) et récit qui se développe sur deux époques différents ( 1927 et les années 1970 ) se fait l’écho du parcours de deux jeunes enfants. Rose et Ben . Tous deux rêvent de deux vies différentes et se raccrochent à des modèles . Rose , née sourde et folle de cinéma , voue sa passion à une actrice ( Julianne Moore ) qu’elle rêve de rencontrer et va se rendre dans le théâtre où elle se produit sur scène . Ben , lui rêve de ce père qu’il n’a pas connu et se passionne pour l’art dont certains échos et rêves mystérieux semblent le guider. Et lorsqu’il découvre dans les affaires de sa mère ( Michelle Williams ) une mystérieuse dédicace sur un papier qui pourrait être ce père recherché , désiré ( rêvé?) . la belle idée du récit est de faire le lien de la surdité de Rose avec le cinéma Muet , et puis celle de Ben qui sera provoquée par un accident ( la foudre ) mise en parallèle avec l’absence de l’enseignement de la langue des signes à son époque ( les années 1970) , et puis à sa quête de culture ( évoquée par les scènes du musée animalier ) . La construction du récit qui « joue » sur un va -et- vient perpétuel entre les quotidiens de nos héros , et avance avec les « signes » qui semblent faire lien , remplir des vides et de interrogations , auxquelles par un jeu subtil , le spectateur est convié . On y retrouve les thèmes de l’aliénation et de la transmission ( par la culture , la littérature, le cinéma , la musique …) et le mystères de la vie dont la magistrale scène finale dénouera le fil. Sublimant en une sorte de dénouement d’intrigue et d’enquête policière , le romanesque et le mélo.
Western de Valeska Grisebach ( Un Ceratin Regard )-

Troisième long métrage de la cinéaste ,en compétition à Berlin avec Désirs(S) en 2006 . La voici donc pour la première fois dans la section parrallèle sur la croisette . Avec ce portrait d’ouvriers Allemands envoyés à la construction d’une infrastructure en Bulgarie. En plein campagne, près d’un petit village , pas loin d’une rivière . C’est là d’ailleurs que le groupe d’ouvriers à peine installés à l’oeuvre, vont maladroitement initier les premiers contacts avec des femmes du village, venus se prélasser sur la rive . L’instinct mâle de la drague prenant le dessus envers l’une d’entr’elle… ça va quelque peu s’envenimer !. Dans ce village traditionnel où les relations passées avec l’Allemagne n’ont pas toujours été au « top », il faut savoir faire profil bas … et puis la barrière de la langue n’arrange rien . Si certains font l’effort à l’image de l’un d’entr’eux ancien de la Légion, qui fait fondre certaines réticences et cherche à nouer des liens sincères . Les approches avec d’autres, sont parfois difficiles d’autant que le chantier ne fait pas l’unanimité . Certains villageois exclus y voient des prérogatives et des bénéfices potentiels leur échapper. Les tensions s’attisent, et les confrontations deviennent parfois musclées !. Les bagarres qui définissent un peu la culture des rapports de forces ne manquent pas d’être au rendez-vous . Et puis ces demoiselles (ou dames ) envers lesquelles certains tentent des approches sont mal vues . Le conflit d’intérêts va même un moment se cristalliser sur le puits servant d’eau le village, et dont celle-ci va devoir être utilisée par le chantier … La cinéaste qui avait reçu en 2001 à Toronto pour son film Mein Stern un prix « pour sa justesse documentaire » , la reconduit ici dans le fil de son récit, afin de traduire avec force détails la complexité d’un co-habitation entre des populations dans l’Europe d’aujourd’hui. Dans la Bulgarie touchée par la crise et le chômage et voit de nombreux citoyens contraint de s’en aller travailler ailleurs ( Grêce , Autriche ..) . La main -d’oeuvre venue d’un pays étranger , n’est pas forcément bien vue !. Le paysage et la campagne profonde , les mentalités qui s’y attachent et la vie qui s’y déroule avec les traditions qui perdurent , ancrées dans de beaux paysages . La cinéaste y déroule un récit plaisant qui fait sens …
(Etienne Ballérini )
Les films de ce Vendredi 19 Mai 2017 :
En Compétition Officille :
–Okja de Bong Jon Ho
–Jupiter’s Moon de Kornel Mundruczo.
Un Certain Regard :
–Lerd ( Un Homme Intégre ) de Mohammed Rassoulof.*
–Aala Kaf Ifrit ( La Belle et La meute ) de Kaouther Ben Ania .
Hors Compétition :
–Visages Villages d’Agnès Varda .
–Une Prière avant l’Aube de Jean-Stéphane Sauvaire…
–They de Anahita Ghazvinizadeh .
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