« Éclairage public », c’est le nom donné à l’événement qui lancera dans la vie culturelle niçoise, le 109, ce pôle de cultures contemporaines situé dans les abattoirs municipaux de Nice, les 12, 13 et 14 mai prochains.

Le projet de friche culturelle aux abattoirs municipaux de Nice dans le quartier Saint Roch trainait depuis si longtemps que certains ont pu penser que ce beau projet pourtant tant attendu, ne verrait peut-être jamais le jour. Il y avait bien eu l’installation du lieu d’art contemporain La Station en 2009 et l’accueil d’évènements ponctuels tels que Cross Over, festival de musiques contemporaines, dans ce gigantesque et atypique espace (plus de 20 000m2). Mais lancé en 2009, au début du premier mandat de Christian Estrosi, le chantier, alors appelé Sang Neuf (!), n’avait jamais véritablement trouvé une impulsion décisive et constructive sous la direction de Sophie Duez. L’année dernière, tout a été remis à l’ouvrage avec la nomination à la direction artistique de Cédric Teisseire, artiste et membre de la Station pour trouver une cohérence et « une convergence des forces artistiques et culturelles niçoises en ce lieu » explique-t-il.
Ainsi, après ces quelques années qui ont permis une mise aux normes pour l’accueil du public, un référencement de la mémoire du lieu, travail invisible mais essentiel qu’il ne faut pas passer aux oubliettes, le chantier Sang Neuf devient le 109 et ouvre officiellement ses portes ce week-end du 12 au 14 mai.
Depuis le début d’année, les 29 artistes de la halle Spada, l’Entrepont[1], le Forum d’urbanisme et d’architecture, la compagnie de danse Antipodes avaient déjà déménagé, et cela devait être les premières pierres pour ce nouveau départ. Cédric Teisseire a donc cherché à « donner une cohérence, trouver la conjonction des forces en présence et créer des ponts entre structures. Chacune travaille sur ses recherches mais se retrouvent parfois à œuvrer ensemble comme par exemple sur le travail pédagogique auprès des scolaires. »
Transversalité culturelle. Le défi est de créer du lien entre et avec les nouveaux acteurs du site, mais également avec les autres acteurs culturels de Nice dans la production contemporaine. Cette coordination et transversalité des formes et des arts au sein du tissu culturel local, régional et national est l’objectif que Cédric Teisseire et le nouveau directeur administratif du 109, Romain Vigna, se sont donnés. Romain Vigna pendant longtemps directeur du Théâtre Lino Ventura dans le quartier dit « difficile » de l’Ariane à Nice, a prouvé ses capacités à fédérer des énergies, programmer un lieu, revigorer par la culture un territoire en souffrance. Pour cela, l’art contemporain, étendard de la culture Nice, ne devra par être l’unique occupant des abattoirs, rappelle Cédric Teisseire : « nous voulons donner une envergure nationale à ce lieu en l’ouvrant à toutes les formes d’activités ».
Ce « pôle de cultures contemporaines » tel qu’il est sous-titré, aura donc plusieurs polarités en accueillant des expositions traditionnelles, des concerts, des ateliers d’artistes mais également en expérimentant d’autres formes comme des workshops, des laboratoires de réflexion... L’art se doit d’être en recherche continuelle et c’est ainsi que s’imagine le 109 avec beaucoup de mouvement et l’invention de nouveaux modèles. Les dernières semaines une salle de concert le « Frigo 16 » a déjà été inaugurée. « Maintenant il faut s’affirmer dans le paysage culturel, faire grossir ce qui existe à l’état naissant. Et le 109 est l’endroit pour le révéler » conclut Cédric Teisseire.
Trois jours de fêtes. Le 109 se destine à devenir un lieu central de la création à Nice, un rendez-vous culturel citoyen, un territoire artistique ouvert sur son quartier, sa ville et diffusant une énergie enthousiaste et bienveillante en réunissant toutes les formes d’arts. Un foisonnement dynamique et riche qui devra trouver un équilibre ou plutôt un déséquilibre moteur et créateur, chaque polarité nourrissant les autres. Et c’est ce qui a guidé la programmation de ce week-end de lancement derrière ce joli titre : « Éclairage public ». Trois jours, les 12, 13 et 14 mai, « au cœur de la création artistique » avec des expositions, des concerts, du théâtre, de la danse, des ateliers, de la vidéo, des bals populaires…

L’événement convie tous les acteurs résidents ou ceux qui ont eu une activité au sein des abattoirs à s’exprimer, montrer, jouer, échanger. Cela permet à la fois de lier le passé avec le présent tout en augurant l’avenir et ce qui va se développer. Le lieu veut ainsi s’ouvrir à un public le plus large possible.
Cela commencera le 12 mai par le vernissage dans la Grande Halle de l’exposition des travaux des plasticiens résidents. Puis apéro électro, concerts des Blondes ou des infatigables Dum Dum Boys, performances vidéos par Héliotrope, Lo Peolh ou de danse par la compagnie des Antipodes suivront dans la soirée. Sons et lumières jusqu’à 2h du matin ! Et le lendemain cela recommence dès 10h par des ateliers de constructions, de danse contact ou de cinéma d’animation… En fin de journée, le spectacle familial de Monsieur Mouche, des DJ Set, du soundpainting, toujours les expositions et une grande soirée cinéma…

Le dimanche, on pourra bruncher électronique ou partager son repas avant de danser au bal populaire donné par Gigi de Nissa, alias Louis Pastorelli. Le Compagnie Reveïda donnera aussi un spectacle jeune public et les sportifs auront leur place avec un championnat de Pilou. Cela se terminera par une émission publique du média participatif et citoyen ligne 16, basé à l’Ariane.
Un cœur qui bat. La culture, l’art et les artistes permettent de regarder le monde par une autre fenêtre et de l’appréhender différemment. Ce paysage poly-culturel niçois qui s’exprimera entre les murs du 109 devra être un rendez-vous culturel surprenant et rassurant, un espace en commun où réfléchir, penser et s’émouvoir. Se retrouver. Après le drame du 14 juillet, la ville avait besoin d’un tel territoire que la culture rend infini, où Niçois, citoyens, pourront toujours trouver des espaces de liberté, de rêve et de réflexion. Il est important de créer des cœurs (artistiques) rassembleurs au sein d’une cité. C’est certainement la meilleure thérapie pour le vivre ensemble.
Et ce nouveau cœur culturel niçois va battre très fort pendant ces trois jours pour, on l’espère, ne plus cesser.
Julien Camy
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[1] L’Entrepont est un lieu pluridisciplinaire pour la création contemporaine : théâtre, danse, cirque, arts de la rue, arts numériques en lien avec le spectacle vivant. Unique dans les Alpes-Maritimes, le lieu est géré par une association de cinq structures associatives : Diva-Le Hublot, Divine Quincaillerie, Le Grain de sable, le Théâtre de la Massue et /TranS/.