Théâtre / Hommage à Vincent Cambier

Vincent qui ? Cambier, Vincent Cambier. Bon. Sur la photo, vous savez que ce monsieur porte un chapeau et des bacchantes. Mais quid ?  Ce nom n’est, je le pense, pas inconnu pour tous ceux du « spectacle vivant » : comédien-nes, metteurs en scène, directeurs de salle… Donc, vous avez déjà une « idée directionnelle ».
Et puis le mot « hommage » ça fait un peu… est-ce que ce monsieur serait…. Mort ? Oui.

J’appelle un chat un chat et la faucheuse une friponne. Vous savez bien cette longue maladie… Le cancer, puisqu’il faut bien l’appeler par son nom…
Vincent Cambier résidait en Avignon, entre la Place des Carmes et la rue Guillaume Puy. Son amour, son désir, c’était le théâtre : il était dans la ville idoine. Et, pour pouvoir donner cet amour à tous et à chacun, comme un semeur dans un champ éparpille ses graines dans un champ sans trop savoir où elles tomberont et si elles ensemenceront,  il avait fondé un site, http://lestroiscoups.fr
Comme l’écrit Cédric Enjalbert « Il en avait fait le titre de son journal, une sorte de périscope de l’actualité du spectacle vivant, qu’il pointait depuis Avignon sur les théâtres de l’Hexagone, en sous-marin pas discret du tout avec sa moustache et son grand chapeau. Il faut dire qu’il avait du style derrière ses bacchantes diaboliques et sa silhouette rehaussée par un panama blanc, barrée de bretelles rouges. »
Le titre est parlant, sa devise une profession de foi : « Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. » (Louis Jouvet). Depuis son écran, il pilotait sa cinquantaine de correspondant. Je cite encore Cédric Enjalbert : « Lorsqu’on lui confiait nos enthousiasmes ou nos déceptions, immédiatement résonnait un sonore : Oh putain ! qui tonne encore dans les têtes. Ses colères bien sûr ne nous effrayaient plus, tant elles étaient spectaculaires. »
Je l’ai rencontré souventes fois, il m’avait était présenté par Michel Bruzat qui m’a appris la terrible nouvelle ce 21 avril en matinée. Je ne t’en veux  pas, Michel, tu m’as donné tant de bonheur avec tes mises en scène. Vincent disait de toi : « Michel Bruzat, ce Bruzat désespéré, avide de beauté et de fraternité, que je connais si bien et si mal »
Il admirait les actrices, aimait séduire, les frites bien cuites arrosées d’un demi bien frais, et réunir ceux qu’il aimait. Mais les sots et les vulgaires l’exaspéraient. Il aimait citer cette réflexion de Courteline :  « Passer pour un idiot auprès d’un imbécile est une volupté de fin gourmet »
C’était un lecteur de Céline et de Jean Vautrin, dont il avait fait un objet d’étude, ainsi qu’un sujet d’admiration. Vincent Cambier lisait aussi le poète anarchiste et libertaire Gaston Coutté  ainsi que Bernard Dimey, poète chansonnier du XXème siècle, un tragique qui ne se prenait pas au sérieux.
Avril n’a pas été de tout repos pour moi : Armand Gatti et maintenant Vincent Cambier… Que m’ont fait les chiffres 6 et 18 ? Mais je suis sûr qu’Armand et Vincent sont au bar de l’Olympe (le séjour des dieux) devant un demi bien frais… Et ils rigolent, ils rigolent…
« Il était un prince en Avignon… » Mais pourquoi seulement « était » ? Il était, il est, il sera…

Jacques Barbarin

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