« Les Fleurs bleues » , est l’œuvre ultime du cinéaste Polonais Andrzeij Wajda décédé Le 9 Octobre 2016 à l’âge de 90 ans. Il y raconte dans la Pologne de l’après-guerre, la trajectoire du peintre Wladyslaw Strzeminski persécuté par les autorités de son pays pour ses idées avant-gardistes….

Parler de superbe testament cinématographique est évidemment l’idée qui vient à l’esprit en priorité, s’agissant de l’ultime réalisation d’Andrzej Wajda, hommage sincère et émouvant au peintre Wladyslaw Strzeminski, mais aussi au mouvement artistique qui tente de résister, dans l’immédiat après-guerre en Pologne, alors que le pays, à peine sorti de la terrible période de la domination de l’Allemagne nazie, subit de plein fouet la dictature politique et culturelle du Stalinisme. Projet sur lequel le grand cinéaste a travaillé depuis plus de vingt ans, parce qu’il traite d’une époque qui est aussi celle de ses premiers engagements de résistant politique alors qu’il était encore étudiant.

Le récit se situe entre 1948 et 1952, et dans le sillage du peintre que l’on a présenté comme le « théoricien de l’Unisme », Wajda évoque aussi les difficultés rencontrées par d’autres formes d’expression artistique comme la poésie (à travers le personnage de Julian Przybos) ou la sculpture (avec la propre épouse de Strzeminski, (Katarzyna Kobro). Titre mystérieux et poétique:
Car dans ces années noires seul l’art « officiel » avait droit de cité. Les pires restrictions étaient imposées aux artistes qui n’étaient pas « dans la norme » établie arbitrairement et de façon impitoyable par le ministre de la culture et des arts du Stalinisme, Wlodzimierz Sokorski.

Le mystère du titre sera résolu très simplement par le spectateur dans la dernière partie d’un film où la mise en scène fluide et brillante de Wajda fait merveille, magnifiée par la splendide photographie du fidèle Pawel Edelman (par ailleurs chef-opérateur de Polanski).
Les scènes ensoleillées en extérieur avec les élèves- peintres, en pleine nature, alternent avec les tons plus sombres et ternes de l’intérieur de l’appartement de Strzeminski. En complément des qualités de mise en scène et de photo, il est important d’attirer l’attention sur l’interprétation, impeccable, de tous les comédiens avec en tête d’affiche Boguslaw Linda (déjà vu dans « l’Homme de fer » et « Danton », mais aussi chez Kieslowski), et également Aleksandra Justa, Bronislawa Zamachowska.
Les Fleurs Bleues ( Cliquer pour voir la bande – annonce ) , est à voir tout autant pour la dimension historico-politique, et même documentaire sur la fin de vie du peintre, que pour l’importance incontestable de l’événement cinématographique.
(Marc Chaix )
LES FLEURS BLEUES – 2017- Durée : 1h 38.
Avec : Boguslaw Linda, Aleksandra Justa, Bronislava Zamachowska,
Zofia Wichlacz,Krzysztof Pieczinski….