Quelques mois après Le Bois dont les rêves sont faits sorti en avril 2016, Claire Simon signe un nouveau documentaire et s’intéresse cette fois au concours de la Femis, la prestigieuse école de cinéma française. Le Concours a reçu le Prix du meilleur documentaire à la Biennale de Venise 2016.

Moins d’un an après Le Bois dont les rêves sont faits, dans lequel Claire Simon filmait le bois de Vincennes comme la forme accessible d’un paradis perdu, la réalisatrice aborde d’autres rêveries dans son nouveau documentaire, celles de quelques-uns des 1250 candidats qui rêvent de travailler dans le cinéma en entrant à la Femis (Fondation européenne des métiers de l’image et du son). Le concours du titre c’est celui de la prestigieuse école de cinéma française à la renommée internationale, qui ne peut offrir que 60 places. La réalisatrice dissèque le processus de sélection à travers les trois étapes de ce concours, semblable à celui d’autres grandes écoles comme Normale Sup. Au moins Claire Simon connaît-elle très bien le contexte puisqu’elle a été directrice du département réalisation de l’établissement pendant plusieurs années. Quant au spectateur, il échappe aux côtés rébarbatifs d’épreuves touchant au commerce ou aux mathématiques. La première étape est l’analyse écrite d’un extrait de film sur laquelle planche, pendant 3 heures, le millier de candidats réuni dans un grand amphithéâtre.

Puis, arrivent les épreuves orales des différentes filières (réalisation, scénario, image). Le dossier d’enquête, avec un système de double notation qui donne parfois lieu à des écarts considérables (… de 6 à 19!), précède l’entretien oral des étudiants avec les examinateurs, tous professionnels.
La caméra alterne le points de vue des futurs étudiants et des jurys, mais elle se fait très discrète voire même oublier. Aucune voix-off n’accompagne les images. Claire Simon reste en retrait et ne juge pas, ce qui permet au spectateur de découvrir de courts portraits naturels, de postulants, touchants ou cocasses, naïfs ou lucides, déterminés, roublards ou « à côté de la plaque ». Si Le Concours illustre parfaitement l’aspect « parcours du combattant » des candidats, le temps fort, ce sont les différentes délibérations des jurés entre eux. Si certains, rarissimes, donnent l’impression de s’ennuyer dans leur mission, d’autres, la majorité, se posent beaucoup de questions, parfois trop, amenant des débats animés. « J’ai peur pour lui », « Il joue ça vie », « On ne peut pas dire, non vous n’avez pas le droit d’avoir accès à la Femis car ça va peut être dangereux pour vous ! ».

Les membres des jurys « (…) évaluent principalement la personnalité du candidat, davantage que sa culture. Mais ils projettent aussi leur avenir sur les candidats » souligne la cinéaste. A travers les décisions qu’ils vont prendre et leurs choix, ils pensent aussi à l’image qu’ils renvoient de la Femis et qu’ils veulent préserver. Si leurs hésitations sont, dans l’ensemble, fondées, elles illustrent également les difficultés et les limites du système. A l’occasion, le spectateur est d’ailleurs amené à réagir et à se poser des questions sur l’attitude et les réflexions des jurés, parfois curieuses ou choquantes. Malgré une bonne volonté et des principes « vertueux », l’équité et la diversité ne sont pas facile à mettre en œuvre. Cela aussi, Le concours le montre très bien.
Le Concours de Claire Simon (Documentaire – 1h59) en salles depuis le 8 février.
Voir également :
La bande annonce du Concours (Sophie Dulac Distribution)
La critique du précédent film de Claire Simon, Le Bois dont les rêves sont faits
Philippe Descottes