Adapté du Livre de Gilles Paris « Autobiographie d’une Courgette » ( 1), c’est un superbe film d’animation que nous offre le cinéaste sur ces petits enfants malmenés par la vie qui se retrouvent dans un foyer social et pansent leurs blessures par la solidarité et l’humour , les ouvrant à la vie. Sur lesquels , le film pose un regard juste , attentif et bouleversant . Précipitez-vous pour voir ce petit chef d’oeuvre…. sélection quinzaine des Réalisateurs à Cannes et primé aux festivals d’Annecy et Angoulème.

Il y a des films qui marquent parce qu’ils apportent un regard différent dont la justesse a quelque chose de miraculeux . C’est le cas de Ma vie de Courgette ( cliquez ici pour voir le Bande Annonce ) sur un sujet difficile et destiné a un jeune public . Et le miracle en question c’est la manière dont le film et le récit qui le porte s’adresse à ce jeune public , évitant tous les clichés , du mélo , de la facilité et ( ou ) de la condescendance trop souvent présente dans les films qui leurs sont destinés, employant un langage plaqué, explicatif, martelé, et réducteur envers leur intelligence ,et leur capacité à saisir les choses simplement . C’est le pari et le choix fait par le cinéaste, et sa scénariste Céline Sciamma qui , au lieu d’adopter la dimension extérieure ( des adultes ) s’est penchée et mise à hauteur d’enfant pour se glisser dans leur langage et dans leur peau . D’emblée la belle et dure scène d’ouverture où l’on découvre le héros , Icare ( surnommé Courgette ) dans la maison en compagnie de sa mère ( » qui aime la bière et fait une bonne purée » et dont le mari » est parti avec une « poule » ) , le ton est donné. Un cerf volant , des boites de bière et la mère qui gronde et menace d’une raclée , Courgette …puis l’accident . Et courgette qui se retrouve au poste de police , et amené dans un foyer social. La force et l’évidence significative des images et celles des rares mots suffisent pour faire comprendre ce que Courgette vit au quotidien , le drame le drame qui s’est joué et devait arriver faisant basculer le destin de ce gamin de 10 ans. Et c’est dans cette nouvelle maison où il doit se faire accepter que Courgette en compagnie de ces turbulents inconnus , va apprendre petit à petit , comme le film le fait , image par image ( en stop-motion, superbe travail de près de deux ans ..) à se construire, un nouvel avenir …

Ce long apprentissage qui doit lui permettre de sortir de la douleur et de la solitude en s’y faisant en forme de nouvelle famille. La culpabilité , la douleur et la tristesse ils y sont tous passés ses nouveaux compagnons ( « on est tous pareils, il y’a plus personne pour nous aimer« , dit Simon ) qui l’accueillent comme on le ferait pour une nouvel écolier en lui faisant passer les étapes nécessaires ( c’est Simon, le « caïd » qui s’en charge…) pour s’y faire sa place. L’accepter et le faire renter dans leur blagues, leurs jeux, et puis s’ouvrir et se confier en copains et en amis d’un groupe dont on partage désormais le quotidien. Avec lui , ils seront sept réunis pour le meilleur , car le passé il faut désormais l’oublier … et les blessures de chacun que l’on découvre, avec Courgette, dans les confidences qu’ils lui feront. Elles sont l’opportunité pour les auteurs d’en aborder quelques-unes d’entr’elles avec le filtre de la même frontalité , sur des thèmes difficiles auxquels ils ont étés confrontés … ainsi on y parle de l’abandon de l’un , de la maltraitance de l’autre , des parents de celui-ci en prison , ou de cet autre qui se droguent , et encore ceux, de ceux de cette petite gamine qui ont étés reconduits à la frontière . Tous ont souffert , mais refusent de se résigner et se réfugient dans le jeux , comme Ahmed qui adore se déguiser en Dinosaure ou en robot , ou la jolie Camille qui adore jouer au foot… et Béatrice en « Zorro » féminin qui prend toujours la défense des autres . Puis Il y a aussi le personnel du Foyer dont le rôle va être déterminant dans l’éducation de ces jeunes gamins et gamines, dont les magnifiques grands yeux ronds veulent chasser les larmes et sont avides de reconnaissance et d’espoir …

On le voit dans leurs rapports avec le personnel adulte du foyer « les fontaines » , dont la Directrice Mme Papinau se montre autoritaire et stricte mais juste , ou Rosy l’éducatrice dynamique qui fait un peu office de « maman protectrice » ( les baisers de soir … pour les doux rêves des enfants ) et leur professeur bienveillant qui leur concocte une jolie sortie à la neige . Au cœur de cette petite structure dont la vie quotidienne est rythmée par les petits et grands détails du quotidien , dont le cinéaste casse volontairement « l’image négative de violence que le cinéma a souvent décrite dans le passé » ( les centres de redressement où punitions et violences étaient parfois le lot…) , et dans le cadre duquel ils peuvent trouver , ici , avec l’aide et la solidarité des copains d’infortune et du personnel , une porte de sortie. Et le cinéaste ajoute « au sortir du stage d’immersion dans le foyer d’accueil il m’a semblé important de traiter , la problématique de l’adoption ( … ), sous deux aspects , famille d’accueil et droit de garde ».

S’ajoutant au refus du mélodrame et du misérabilisme battu en brèche dans la première partie en mettant les points sur les « i » avec une subtilité magistrale par le réalisme avec lequel la résistance des enfants fait face et s’invente des échappatoires d’humour et de solidarité …la problématique par laquelle le cinéaste conduit le seconde partie qui pourrait être perçue comme un aboutissement ( trop?) « idéaliste » , fait de nouveau merveille par son approche et par ce qu’elle met en évidence comme difficultés qui s’attachent aux deux choix possibles évoqués. Dont il ne manque pas d’évoquer les risques d’échec (… renouer avec le cycle de la violence ) et ceux de la réussite ( retrouver un place dans la société) , mais aussi ceux liés à la thématique des familles recomposées . Au cœur vont s’y retrouver notre Courgette et son amie et amoureuse Camille . Camillle , la dernière arrivée dans le le foyer et dont les relations tendues avec, la tante Ida, qui veut l’adopter pour des raisons de pension qu’elle toucherait en contrepartie de la garde . Ce droit de garde en question dont le cinéaste explore les risques par le biais de cette Tante cupide qui en attendant la décision de justice – vient l’arracher à ses camarades . Ces derniers, avec Courgette en tête, rivaliseront d’ingéniosité et de solidarité pour la démasquer . Et puis la thématique de l’adoption dont le brave gendarme Raymond qui s’est pris de sympathie pour Courgette depuis qu’il l’ a, un soir, arraché au drame et s’est mis dans l’idée de l’adopter . Lui qui a été « abandonné » par son fils , ne rêve que de reconstituer une chaleur familiale avec Courgette et Camille . Voilà nôtre jeune « duo » amoureux qui va devoir choisir … un crève- coeur , dont on va vous laissera le surprise de la décision …

Mais encore une fois : qu’elle délicatesse et force dans le traitement de ces thématiques , dont les auteurs s’attachent à décrire les ressentis de ces enfants face aux choix, et surtout cette capacité qui les anime à faire face . C’est tout simplement bouleversant de voir mise en images une telle situation décrivant si bien un déchirement auquel les enfants peuvent être confrontés . Claude Barras a signé un film d’animation d’autant plus magnifique qu’il est un des rares « qui s’adresse et regarde les enfants comme des êtres intelligents et sensibles », dit Armelle Glorennec , la productrice – avisée- du film. On partage totalement son avis … et on vous invite à aller partager avec vos enfants sur grand écran les superbes séquences que son film vous propose. Au sortir de la séance le débat entre parents et enfants , dont on a pu voir quelques aperçus , est tout aussi passionnant . La réussite du film est là dans ce rapport si « intime » entre l’écran et la vie qui s’y distille …
(Etienne Ballérini)
MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras – 2016- Durée : 1 h 10.
Scénario : Céline Sciamma , Directeur de la photographie : David Toutevoix , Direction de l’animation :Kim Keukeleire,
(1) -Autobiographie d’une Courgette de Gilles Paris est publié aux éditions PLON-PARIS.
[…] depuis 30 ans. Toto le héros ou La Promesse, mais aussi le très beau film dr’animation Ma vie de Courgette […]
[…] depuis 30 ans. Toto le héros ou La Promesse, mais aussi le très beau film d’animation Ma vie de Courgette (2016) et Tout va bien on s’en va de Claude Mourieras (2000) avec Michel Piccoli, Sandrine […]
[…] depuis 30 ans. Toto le héros ou La Promesse, mais aussi le très beau film d’animation Ma vie de Courgette (2016) et Tout va bien on s’en va de Claude Mourieras (2000) avec Michel Piccoli, Sandrine […]
[…] depuis 30 ans. Toto le héros ou La Promesse, mais aussi le très beau film d’animation Ma vie de Courgette (2016)! Les abonné(e)s aux chaînes cinéma OCS et Canal plus (Ciné + Premier, Frisson, Emotion, […]
[…] Prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 2007 et quatre César en 2008. Arte à 20h55 Ma vie de courgette de Claude Barras (2016). Très beau film d’animation.France 4 à 21h00 Jeudi 16 Et puis nous […]