Dernier temps fort de Cinespaña, samedi avec la cérémonie de clôture de la 21ème édition du festival du cinéma espagnol de Toulouse et la remise des prix. Le cœur des membres des différents jurys et du public a palpité pour six longs métrages primés dont les thèmes sont liés à l’amour
Ce 21ème Cinespaña aura été d’un très bon niveau. En dépit de la baisse de subvention, la qualité était pourtant au rendez-vous et s’est reflétée dans les différentes sélections. Du côté des longs métrages, après la crise et les mesures économiques qui ont durement frappé son industrie cinématographique, le cinéma espagnol est sur le bon chemin, même si on sent souvent un manque de budget. Il aura donc été beaucoup question d’amour dans les longs métrages de la compétition. L’amour à retrouver (La reconquista) ou à donner (La adopción). L’amour perdu (La decisión de Julia), la difficulté d’aimer (Sicixia) ou d’être aimé (La propera pell). Mais il a aussi été question de l’attachement à la terre ou à une région (Sicixia, El pastor), de corruption (La adopción, El pastor) et du besoin de reconnaissance (Callback).
Pour sa part, Thierry Loiseau, journaliste radio et critique de cinéma, membre du Jury des Courts-métrages, a tenu à souligner la bonne santé du court-métrage en Espagne, tant au niveau de la réalisation, que des sujets abordés. Signe de cette vitalité, la difficulté à décerner une récompense. Ainsi, avec le Prix du court métrage Bus Story de Jorge Yúdice a été attribuée une Mention spéciale à I said I would never talk about politics du cinéaste basque Aitor Oñederra. Le chemin est encore long pour arriver au premier long métrage, mais ces « premiers essais »incitent à l’optimisme.

Le Jury officiel, présidé par Serge Avedikian, entouré de la comédienne Laura del Sol, du producteur Alain Coiffier et de l’acteur, réalisateur et producteur Pierre-Loup Rajot a également été confronté au dilemme lors de ses délibérations puisqu’il y a deux mentions spéciales pour les Prix d’interprétation. La Reconquista de Jonás Trueba se taille la part du lion avec pas moins de trois récompenses, la Violette d’Or du Meilleur Film, le Prix du Meilleur réalisateur et une Mention spéciale pour la jeune comédienne Aura Garrido. Quinze ans après avoir vécu leur premier amour d’adolescents, Manuela et Olmo se retrouvent, comme ils se l’étaient promis. L’espace d’une soirée, dans la nuit madrilène hivernale, ils revivent leur histoire et nous plongeons avec eux dans leurs souvenirs de jeunesse, à l’époque légère du lycée, mais aussi dans leur réflexion mature d’adultes sur les sentiments et la conscience du temps. Malgré la qualité de l’interprétation des deux comédiens principaux, le film pèche par une certaine longueur.

Le très beau Sicixia d’Ignacio Vilar, qui était venu l’année dernière avec A Esmorga, ne repart qu’avec le Prix de la Meilleure interprétation féminine remis à Marta Lado. Une autre production galicienne figure pourtant au Palmarès, La decisión de Julia de Norberto López Amado avec Marta Belaustegui et Fernando Cayo. Si les Prix de la meilleure musique et de la meilleure photographie avec un splendide noir et blanc sont justifiés, un Prix d’interprétation pour l’excellente Marta Belaustegui n’aurait rien eu de scandaleux. De même que Nora Navas aurait pu, elle aussi, obtenir un prix comme Francesc Garrido son époux dans La adopción de Daniela Fejerman sur les péripéties d’un couple qui cherche à adopter un enfant en Europe de l’Est. La Mention spéciale remise à Alex Monner récompense à juste titre sa prestation dans le rôle de Gabriel, un adolescent atteint d’amnésie dissociative. Le film catalan La propera pell d’Isaki Lacuesta et Isa Campo réunit également Emma Suarez (Julieta), Sergi Lopez et Bruno Todeschini. La performance de Miguel Martin dans El pastor de Jonathan Cenzual Burley aurait pu lui valoir de figurer parmi les lauréats, mais il est vrai aussi que ce western des temps modernes, ce berger en lutte contre des promoteurs immobiliers, souffre d’un scénario par trop prévisible. Enfin, la présence au palmarès de Callback de Jonathan Cenzual Burley ne semblait faire aucun doute. Ce thriller psychologique, clinique, sur la face cachée du rêve américain, interprété par un étonnant (et très inquiétant) Martin Bacigalupo décroche le Prix du Meilleur Scénario.

On espère maintenant que plusieurs de ces films trouveront un distributeur en France ou seront achetés par des chaînes de télévision de façon à élargir leur audience.
En attendant, rendez-vous est pris en octobre 2017 pour la 22ème édition de Cinespaña !
Le Palmarès
Violette d’Or du Meilleur Film
La Reconquista de Jonás Trueba
Prix du Meilleur Réalisateur
Jonás Trueba pour La Reconquista
Prix de la Meilleure Interprétation Féminine
Marta Lado pour son interprétation dans Sicixia d’Ignacio Vilar
Mention spéciale
à Aura Garrido pour son interprétation dans La Reconquista de Jonás Trueba
Prix de la Meilleure Interprétation Masculine
Francesc Garrido pour son interprétation dans La adopción de Daniela Fejerman
Mention spéciale
à Àlex Monner pour son interprétation dans La propera pell d’Isaki Lacuesta et Isa Campo
Prix du Meilleur Scénario
Carles Torras et Martín Bacigalupo pour Callback de Carles Torras
Prix de la Meilleure Musique
Pedro Navarrete pour La decisión de Julia de Norberto López Amado
Prix de la Meilleure Photographie
Juan Molina Temboury pour La decisión de Julia de Norberto López Amado
Prix du Meilleur Nouveau Réalisateur
Jota Aronak pour Ira
Prix du Meilleur Documentaire
No cow on the ice de Eloy Domínguez Serén
Prix du Meilleur Court-Métrage
Bus Story de Jorge Yúdice
Mention spéciale du jury
I said I would never talk about politics de Aitor Oñederra
Prix du Public
La puerta abierta de Marina Seresesky
Voir également :
Cinespaña 21e édition 1ère partie
Entretiens avec Sergi López
Le site officiel Cinespaña
Philippe Descottes