L’auteur de « kirikou » et d’Azur et Asmar , nous offre une nouvelle série de « contes de la nuit » en forme de rêveries poétiques inspirées et servies par une imagerie flamboyante façon théâtre d’ombres. Un véritable régal pour les yeux … à ne pas manquer .

Michel Ocelot fait partie de nos cinéaste d’Animation les plus inventifs qui a réussi à créer un véritable univers imaginaire où la tradition du théâtre d’ombre chinoises qui se meuvent dans un décor inventif aux couleurs flamboyantes nous plongeant à chaque fois dans des cultures et civilisations ou dans des univers imaginaires où le fantastique s’inscrit pour faire miroir aux rêves et peurs enfantines . Princes et Princess et les contes de la nuit ont habitué les fidèles admirateurs du cinéaste à suivre ces récits auxquels se prêtent dans un cinéma abandonné un vieux projectionniste , et le jeune duo d’un garçon et d’une fille qui à l’aide d’un dispositif sophistiqué « inventent une histoire , se documentent , dessinent les costumes , et se déguisent » pour devenir les héros de contes merveilleux où tout semble possible aux héros dont ils nous invitent à suivre les aventures . Quatre nouvelles histoires proposées donc d’un programme resté inédit des « contes de la nuit » dont la distribution maladroite ( un mal Français qui persiste et pénalise de nombreux films ) en salles en plein été, peu propice à rassembler le public scolaire auquel ils étaient destinés . Le succès dès lors fut « médiocre » , si bien que les autres contes sont restés sur les étagères pour trouver enfin – aujourd’hui – un distributeur : la Septième Factory, qui nous permet de les découvrir ….

Quate récits donc, dont le traitement reprend la technique du théâtre d’ombres dont la texture . « de pantins plats de papier à contre- jour sur un écran de lumière » a été gardée par le traitement numérique , les inscrivant dans les décors de chaque histoire riches en détails et en couleurs . Un travail qui a nécessité une « adaptation » technique dont Michel Ocelot qui a tenu garder la charme de l’animation traditionnelle s’est dit très satisfait du résultat dans le dossier de presse « mes contes à contre-jour d’origine exigeaient un papier translucide entre ampoules et pantins. Je ne pouvais utiliser qu’une seule couche de papier et seulement de l’aquarelle, car gouache et collage étaient interdits , ils auraient arrêté la lumière . Avec la fabrication numérique nous sommes allés plus loin et plus beau !. Nous disposions de toutes les couleurs , valeurs , matières et dégradés , tous les collages qu’on voulait . Nous nous sommes livrés à une orgie pour chacun des décors… » explique -t-il . Et le résultat est un émerveillement pour le spectateur. Et prouve aussi qu’une certaine qualité d’image empreinte de ces cette nuances et de poésie trop souvent absentes de certains produits dont les ambitions esthétiques sont souvent , relégués au second plan , peut avoir sa place et se perpétuer avec le traitement numérique . Et à ce travail de l’image le cinéaste y ajoute les ingrédients qui l’enrichissent et l’accompagnent , celui sur les superbes dialogues écrits par lui-même cinéaste , accompagnés par une musique signée Christian Maire ….
Dès lors ,tout est en place pour , assis dans son fauteuil , pour se laisser porter au plaisir du récit et de l’évasion multiplié par les références faites a tous les arts dont les récits s’inspirent des cultures et des traditions des pays dans lesquels le récit se passe , créant cette alchimie recherchée par le cinéaste dans le rapport du specateur de la salle obscure . Et les prénoms de héros « lui et elle » , sont volontairement utilisés pour laisser la place à ceux des spectateurs . « Leurs prénoms sont ceux des spectateurs qui regardent le film » dit Michel Ocelot . Et chacun pourra ainsi se glisser dans la peau du Mousse du bateau de pirates , de l’écolier sorcier ou d’ivan Tsarévich, comme chacuen dans celle de la Princesse changeante , ou de la maîtresse des monstres. Le Jeu d’identification auquel les récits invitent sont évidemment aussi une porte qui s’ouvre pour le specateur à ressentir au cœur de ces derniers dans lesquels ils s’immergent, en osmose avec les héros . Et le plaisir ne peut qu’en être multiplié d’autant qu’au long des aventures qu’ils partagent ils vont se retrouver confrontés a des situations qui interpellent sur les comportements auxquels ils vont devoir faire face et se situer par rapport à des positionnements moraux, ou a des ressentis qui font référence a des situations individuelles que l’on à du mal à affronter . Chacun des quatre récits en forme de conte populaire ou de parabole , au delà du plaisir de l’aventure dans laquelle il nous projette revêt la forme d’un itiniéraire initiatique. Invitant à la découverte et à la compréhension…
A l’image du premier , Le Mousse et sa chatte, et du jeune garçon confronté sur un batau de pirates à la matraitance par le capitaine et les matelots ,et qui ne trouve du réconfort qu’auprès de la chatte qu’il a recueillie ,t out aussi maltraitée que lui . Rêvant de s’évader de cet enfer et trouver un pied à terre où il pourrait vivre en paix , et va s’appuyer sur un subterfuge (qu’on vous laisse découvrir ) où la solidarité réunie de l’enfant et de l’animal utilisant chacun leurs spécificités , vont trouver les moyens de se liberer de leurs chaînes. De la même manière que dans L’écolier sorcier , le jeune garçon à la recherche de travail enrôlé par un sorcier Persan qui l’entraîne dans des projets horribles va puiser dans l’enseignement qui lui a été transmis mais détouné de ses valeurs , la formule « antidote » qui va lui permettre de s’y soustraire . Faisant appel au Fantastique et aux peurs primales de ces monstres surgis des profondeurss qui font peurs aux enfants , la maitresse des monstres qui est totalement soumise à leur bon vouloir , adopte la tonalité de la parabole à laquelle se joint en forme de « guide » un petit animal qui va lui permettre de se libérer de l’emprise de ces créatures malfaisantes , en l’invitant à cultiver la cette capacité ( volonté) qui existe en elle, à savoir les affronter . Et encore , cette Princesse changeante qui rend fous tous les hommes qui l’approchent , personnage adapté librement d’un conte populaire et du folklore Russe – confrontée à un dilemme mettant en jeu la mort du père d’Ivan Tsarévith – qui va finir par se libérer de son rôle de « potiche » et prendre son destin de femme( libre) en mains ….
Lorsque le plaisir du récit et celui des yeux se rejoignet pour offrir un spectacke de toute beauté dont les références culturelles liées à chacun est mis en valeur comme « matériau » d’information dans lequel elles s’inscrivent , dont Michel Ocelot veut envoyer par lui , le plus beau des méssages « je souhaite , entre autre, qu’on ait du plaisir à être sauver cette planète pleine de variations et de différences , comme des qualités dont on se régale et non comme des défauts à détester . Je souhaite donner dignité et décontractions aux gens. Je suis aussi semeur de petites graines . Je sème toutes sorte des bribes d’informations tandis que l’histoire se déroule . Dans certains terrains des graines germent… » , constate -t-il . Et ce sont vraiment de belles graines , portées par ses images destinées aux enfants ( petits et grands ) , remplies de dignité et de tolérance, enrobées d’espoir , de beauté et de poésie …..
(Etienne Ballérini)
IVAN TSAREVITCH et la PRINCESSE CHANGEANTE de Michel Ocelot – Sortie 2016-
Film d’animation – Quate contes imaginés , scénarisés et mis en scène par Michel Ocelot
dont le dernier qui donne le titre au film ,est inspiré du folklore Russe et des images d’Ivan Bilibine et des Laques de Palekh .