« Le nombre sept par ses vertus cachées maintient dans l’être toutes choses ; il dispense vie et mouvement ; il influence jusqu’aux êtres célestes. » (Hippocrate). Nous n’oublierons pas « Les sept contre Thèbes », « Les sept mercenaires », les 7 collines de Rome, les 7 arts libéraux : grammaire, dialectique, rhétorique, arithmétique, musique, géométrie et astronomie, les 7 péchés capitaux, les 7 jours de la semaine et…. les 7 saisons du Théâtre de la Cité à Nice sous la houlette de la Compagnie Miranda et de son bienveillant leader charismatique, Thierry Surace

Jeudi 22 était la présentation de cette 7ème saison. Je ne vous parlerai du buffet qui, au bout de 1 heure et demie de péroraisons à tenu ses promesses, contrairement aux hommes politiques (je ne parle évidement pas de ceux présents à la dite présentation. Au total une centaine de spectacles, que ce soit du « tout public », des concerts, des « cartes blanche », jeune public voire tout-petits. Je vous propose une petite sélection à partir de mes goûts à moi en sachant que sur le site internet dudit théâtre vous aurez une idée de toute la programmation.
On commence fort et je vous recommande « Acting », de Xavier Durringer. Dans une cellule de prison, Robert, acteur condamné pour meurtre, rejoint Gepetto, un petit escroc minable, et Horace, son mystérieux codétenu muet et insomniaque… Entre Robert et Gepetto qui ont des visions bien différentes du métier d’acteur, des liens vont finir par se nouer. Il s’agit d’une reprise, mais, après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien. Des reprises comme celle-là, j’en redemande (8 octobre 20h30, 9 octobre 15h).
C’est la nouvelle création de la Compagnie Miranda. Ils l’avaient travaillé la saison dernière, ça y est, elle est toute prête, peaufinée, achevée : « Une tempête ». Attention ! Pas « La tempête » ! Non, mais celle de Thiery Surace, des mirandiennes et des mirandiens, qu’ils ont cherché dans le substrat shakespeariens. Et je suis sur que si l’on demandait à Surace « Pourquoi Shakespeare ? » il me répondrait ce que le disait Irina Brook : « C’est l’un des rares pays [la France] où des journalistes me demandent : « Pourquoi Shakespeare ? », ce qui prouve qu’on est loin de ce que j’espère réussir dans les années à venir, c’est-à-dire que l’on ne me pose plus cette question. Pourquoi vivre ? Pourquoi le ciel est bleu ? Ce n’est pas une question, c’est tellement évident pour moi. » (4, 5, 11 et 12 novembre 20h30, 6 novembre 15h)

Le 9 février 2016, la Cité nous régalait d’une superbe adaptation du conte de Maupassant, « Le Horla ». Malheureusement, 1 représentation, cela avait le gout de trop peu. Richissime idée de nous le reprogrammer. Le Horla est un journal intime où le narrateur rapporte ses angoisses et divers troubles. Il sent progressivement, autour de lui, la présence d’un être invisible qu’il nomme le Horla. Il sombre peu à peu dans une forme de folie en cherchant à se délivrer de cet être surnaturel. J’écrivais : « Dans cette adaptation, la scénographie entre en relation constante avec l’univers mental du « héros » : un intérieur « cossu » que nous imaginons intérieurement évoluer avec l’évolution du récit… Interprétation sensible d’Eric Fardeau. Il est véritablement au diapason du texte, il en épouse toutes les phases. Il est le médium entre nous et le narrateur, voire entre nous et le Horla. » (9 et 10 décembre, 20h30, 11 décembre 15h)
Une pièce dérangeante – mais si le théâtre n’est pas la pour déranger, qu’on aille le ranger- « PompierS », de Jean Benoît Patricot. Ces deux-là n’auraient pas dû se rencontrer. Elle s’est construit une histoire d’amour avec un beau pompier. Lui n’a vu que la possibilité d’assouvir ses pulsions sexuelles. Elle n’a pas su dire non. C’est une fille limitée, ils disent que c’est une fille limitée mais font comme s’ils ne s’en apercevaient pas. Elle a fini par raconter. À d’autres femmes. Et il va être jugé. Il a peur. La cité va défendre la victime contre ses bourreaux. Vraiment ? Dans un monde d’homme. La parole d’une fille limitée qui se comporte comme une « chienne » de film porno, contre celle d’un soldat du feu. Et la fille gagnerait ? Avec Camille Carraz et William Mesguich, mise en scène Serge Barbuccia (Théâtre du Balcon, Avignon), 19 janvier 20h30
C’est un des plus « solides » metteurs en scène de par ici. J’avais plus qu’apprécié sa trilogie « Les enfants d’Atrée au TNN : Cyril Cotinaud. C’est l’un de nos plus grands écrivains, philosophes, romanciers, dramaturges, essayistes et nouvellistes français, Albert Camus. Cyril Cotinaud met en scène « Le Malentendu ». Jan, jeune homme à qui la vie a réussi, riche et amoureux, décide de renouer le lien avec sa famille, qu’il a quittée des années auparavant. C’est ainsi qu’il retourne dans son village natal et plus précisément dans l’auberge tenue par sa mère et sa sœur. Ne sachant comment informer de sa vraie identité, Jan séjourne dans l’auberge, attendant une occasion propice à sa déclaration. Maria, sa femme, tente de dissuader son amant et se justifie par ses inquiétudes et l’absurdité du comportement de Jan ; celui-ci d’ailleurs ne l’écoutera pas. Cependant, même si les inquiétudes de Maria sont infondées, elles ne sont pas moins justes. En effet, la mère et sa fille Martha ont pris l’habitude de tuer pendant leur sommeil les voyageurs qui séjournent auprès d’elles afin d’obtenir les moyens pour fuir cette région grise et trouver des terres plus ensoleillées. Jan, ne dévoilant pas son identité, souffrira du malentendu et sera victime du stratagème devenu mécanique.(27 et 28 janvier 20h30)
Je l’avais « loupé » en Avignon (que celui qui n’a rien loupé me jette la première pierre). J’ai rêvé de voir cette pièce, la Cité l’a fait : si je ne vais pas à Anthéa Sogno, c’est Anthéa Sogno qui viendra à moi. « Victor Hugo, mon amour » Rencontre, désir, amour, jalousie, exil, c’est l’histoire de ce couple mythique et mémorable qu’ont formé Juliette Drouet et Victor Hugo. Un demi-siècle d’amour, ponctué par 23 650 lettres échangées. Un poète, un grand poète, aime une princesse de théâtre. Jaloux, il lui demande d’abandonner la scène. Par amour, elle accepte, et comme elle s’ennuie : « Ecris-moi, lui-dit-il, écris-moi tout ce qui te trottera par la tête, tout ce qui te fera battre le cœur. ». Telle est l’origine de la merveilleuse correspondance que Juliette et Victor nous ont laissée en héritage de leur amour. A partir de cette monumentale correspondance, Anthéa Sogno a composé cette pièce qui illustre les grands moments de leur vie amoureuse, littéraire et politique (10 et 11 mars, 20h30).
La Cité avait présenté cet acteur hors du commun, François Bourcier, avec « Résister c’est exister » Dans cette pièce, il faisait revivre les résistants et les justes, ces « soutiers de la gloire » qui, par de simples petits gestes, au risque de leur propre vie, ont fait basculer l’histoire et capituler l’ennemi. Il donne vie et parole à une vingtaine de personnages : retraité, médecin, ménagère, proviseur, étudiant, paysan, tous issus de la Résistance Populaire. Résister ce n’est pas toujours saboter des ponts, c’était parfois crier : « vive la France » et, ainsi, risquer sa vie. J’écrivais : C’est un théâtre fort, c’est un théâtre courageux, c’est un théâtre vivant au vrai sens du terme. Voici « La fleur au fusil » : Après le succès de « Lettres de Délation » & de « Résister c’est Exister, Alain Guyard nous entraîne dans un voyage bouleversant au cœur de l’Histoire. La Fleur au Fusil est basée sur des témoignages historiques, autant de situations qui ont toutes été vécues par des hommes broyés par les mâchoires d’acier de la guerre. (19 et 20 mai 20h30)
Et, bien sur, si vous voulez avoir l’intégralité du programme, http://www.theatredelacite.fr/
Théâtre de la Cité
3 rue Paganini – Nice
04 93 16 82 69
Jacques Barbarin