En Inde , sept jeunes filles et femmes , se lèvent contre l’oppression masculine , les préjugés et les viols très fréquents dans leur pays . Un film constat et coup de poing qui n’hésite pas à frapper fort, à aller à rebrousse-poil des productions Bollywoodiennes faisant la part belle au sexe fort . Le film sorti en 2015 a suscité débats et remous dans le pays où la censure et les conservateurs ont sorti leurs violons…

D’emblée le cinéaste auteur entre autres de Samsara ( 2001 ) dans un tourbillon de sketches ou des jeunes filles sont soumises dans des milieux différents ( femmes d’affaire , activiste , chanteuse , photographe de mode , comédienne …) , à des comportements discriminatoires qui suscitent de leur part une réaction inattendue vis à vis des auteurs qui s’en sont rendus coupables … et qui finissent au tapis !. Le style des films commerciaux Bollywoodiens du genre ainsi détourné des clichés par une sorte de caricature qui les renvoie en « boomerang » à leurs auteurs , donne le ton et le rythme du film qui va se poursuivre en mariant les genres , celui de la comédie et du drame qui se décline , en une sorte d’inévitable couperet . Un couperet que le final dans une sorte de « happy-end symbolique ( « tous debout ! » ) contre l’opression sexiste , se transforme en appel à la résistance . Le titre du film symbolique lui aussi en perpétue l’idée en se positionnant contre une cinéma majoritaire qui décline ses couplets reléguant les rôles féminins à des faire- valoir et à des caricatures soumises sans autre relief . Il s’agit là bien sûr d’une réalité à laquelle le cinéaste a voulu lancer une sorte de « défi » qui , obligation fait loi , le contraint lui aussi à prendre le même registre des clichés ( sexisme , corruption , système des castes , société patriarcale et homophobie …) pour mieux les dynamiter. Dans une société Indienne où plus de 400 Millions de femmes en subissent subissent les conséquences au quotidien et ne peuvent que s’y soumettre …ou être l’objet de ces violences qui ne font même plus la « une » tellement elles sont fréquentes et restent souvent impunies …

C’est donc au cœur d’un groupe d’amies réunies à Goa dans une jolie demeure par une des leurs qui leu a promis « une surprise » dont l’attente de l’annonce de celle-ci va permettre au cinéaste de brosser les portraits de chacune dans une atmosphère chaleureuse et amicale qui permet les confidences en l’absence des hommes . Et qui aussi, laisse entrevoir chez chacune d’entr’elles , au delà des frivolités et autres jeux et confidences féminines qui se déclinent d’autant plus facilement dans le cercle restreint le permet, le mal être vécu au quotidien dont les mots sont trop longtemps restés dans la gorge. Le cinéaste qui a fait un sérieux travail d’identification de tous les maux dont le cinéma de son pays ne parle jamais . Et en a recueilli de nombreux éléments et témoignages issus d’histoires réelles vécues auprès de connaissances plus ou moins lointaines ou de proches . Ainsi sont nés les sept personnages féminins qu’il a investis des thèmes les plus fréquents . Et elles se racontent dans détours . Belles et douloureuses histoires vécues , comme celle de Pam l’étudiante contrainte à un mariage arrangé et qui en souffre . Ou celle de la femme de maison qui cache son pistolet pour venger son frère assassiné quelques années plus tôt et dont elle a été témoin du meurtre . Celle de Madurida la chanteuse contrainte de passer par Bollywood pour accéder à la notoriété . Bollywood qui a mis sous l’éteignoir toute créativité indépendante . Il y a également le beau personnage de la petite fille solitaire de la maisonnée dont les parents sont trop souvent absents et qui passe son temps à dessiner et à faire des photos avec son téléphone portable. … la description de cette réunion joyeuse entrecoupée de confidences et même de quelques règlements de comptes , va trouver sa dynamique renforcée par la fameuse révélation de la surprise qui permet , au passage , au cinéaste d’aborder un autre des thémes -clé de sa dénonciation . La Jeune femme de la demeure annonce à ses invitées la surprise de son mariage avec sa compagne. Surprise , le mariage homosexuel est tabou et interdit en Inde interdit en Inde , estimé « contre l’odre de la nature » stipulé par une loi restée ne vigueur du code pénal crée par les Anglais en 1857 !….
Et puis , le mariage et la fête qui s’ensuit et l’horreur en pleine nuit sur la plage du viol et de l’assassinat de leur jeune amie actrice métisse . Le viol , un des fléaux en Inde où un nombre impressionnant est enregistré chaque année et dont de nombreux restent souvent impunis commis dans l’anonymat des groupes . Ou pire , qui sont justifiés par les accusés comme des « provocations » et autres « tentations » faites par des femmes portant des tenues provocantes ou ayant des comportements indécents . Le cinéaste qui n’hésite pas à aborder en surplus de ce qui est déjà pointé , les deux thèmes les plus « tabous » dans la société indienne ce qui lui a valu une levée de boucliers lors de la sortie de son film l’année dernière dans son pays . Recevant des menaces de mort des milieux extrémistes conservateurs et l’obligation par la censure de couper certaines scènes ou répliques considérée comme « vulgaires « ou « contraires aux bonnes moeurs » . Une sanction qui ne fit que renforcer le succès du film auprès du public féminin qui se retrouvait dans ces portraits de femmes qui leurs ressemblaient .
D’autant que le coupures qui ont « fuité » sur les réseaux sociaux n’ont pas manqué d’attiser la polémique ….
Pas étonnant que le cinéaste dans une scène du film fasse de ces femmes en colère , qui suite à un événements tragique qui les frappe se transforment en vengeresses dignes descendantes de la déesse Kali qui ,dans la religion revient pour redresser les torts . Et le final que l’on a évoqué plus haut est encore plus explicite … suscitant chez les spectateurs la même réaction de soutien envers ces déesses révoltées qui fait penser à celle des élèves du film le cercles des poètes disparus de Peter Weir ( 1989 ) en soutien à leur professeur renvoyé ( Robin Williams ) pour refus du conformisme , suscitant épanouissement des personnalités et goût de la liberté …
(Etienne Ballérini )
DEESSES INDIENNES EN COLERE de Pan Nalin- 2015- Inde –
Avec :Amrit Maghera , Rajshri Deshpande , Pavlin Gujral , Anushka Manchanda , Sandhya Mridul , Sarah-jane Dias ) , Tannishtha Chatterjee …