Après ses très remarquées deux premiers films The Chaser ( 2008) et The Murderer ( 2011) , avec son nouveau fim The Strangers , le Cinéaste Sud Coréeen nous entraîne encore dans le mystère et la sauvagerie meurtière qui frappe un petit village et soulève rumeurs , superstition, suspicion et haine envers un viel étranger qui vit en Ermite dans la forêt. Au delà des codes du Polar saupoudré au parfum horrifique et des fausses pistes , une superbe fable sur la violence qui frappe et sur le recours à la foi , aux croyances et rituels auxquels les survivants s’accrochent pour tenter d’ y échapper …

Le superbe lever de soleil sur le lac de la scène d’ouverture qui nous présente une contrée paisible et engageante où l’on aimerait vivre et goûter la quiétude n’est qu’ un leurre … très rapidement on va s’apercevoir en effet que dans le petite village de cette contrée magnifique la malédiction semble s’être invitée. Une famille sans histoire y a été massacrée et les premiers soupçons se portent sur une jeune parent retrouvé sur les lieux du crime en état d’hébétude et le corps laissant apparaître les stigmates d’un violent urticaire. La carnage est atroce , la police et le légiste stupéfaits ne savent à quoi s’en tenir…d’autant que dans les lieux des objets et autres indices semblent indiquer qu’une forme de cérémonial funeste et mystérieux semble avoir présidé au massacre . Il va falloir trouver les raisons de celui-ci et rapidement le coupable , car la serie des meutres et les signes annonciateurs de ces derniers , se multiplient. La panique s’etend sur le village et les réactions des habitants dont les moindres indices vont faire se répercuter rapidement les soupçons … qui pourraient même être injustifiés . Il suffira par exemple qu’un vieil hermite japonais ( Kunimura -Jun ) installé dans une cabane au fond des bois ait été aperçu dévorant le cadavre d’un chevreuil, pour que la rumeur en fasse aussitôt le nouveau soupçonné coupable , et la cible privilégiée . La police d’ailleurs pourra , elle aussi , s’y laisser piéger . Le cauhemar des réflexes et des « peurs primales » va s’étendre juqu’au personnage du Policer enquêteur , Jon-Gu ( Kwak Do- Won ) dont les nuits vont être hantées par des visions..

Dès lors, le mécanisme du récit qui s’y inscrit va en explorer toutes les faccettes qui peuvent l’être, pour tenter de pénétrer les réactions des individus qui confrontés à un tel danger qui les menace , vont puiser au plus profond d’eux- mêmes pour se protéger , et protéger leurs proches dans des réflexes faisant appel à leur croyances ( religieuses , et / ou, ancestrale et à leurs rituels ) , où intervient aussi la référence au surnaturel , et au mystère de l’au -delà. La croyance , la foi , le combat du bien et du mal ( le diable ) , sont convoqués par chacun , et l’appel à tous les moyens et méthodes possibles pour l’éloigner … et le tenter de vaincre. Chacun y va de sa solution réligieuse ( le prêtre ) ou aux traditions auxquelles va avoir , via la belle- maman, recours la famille du Policier dont la fillette , a été prise ( vengeance?) dans le tourbillon des sorts jetés . Un Chaman exorciseur va être appelé pour tenter de la libérer . Mais le pourra-t-il , et est-ce la solution ? …la fillette qui le supplie d’arrêter la cérémonie , la famille ( son père ) qui ne sait plus quoi faire. Le diable mène-t-il le jeu ? . On pense à l’enfer de Dante » vous qui rentrez ici , laissez toutes vos éspérances » …. le spectateur est lui- même plongé dans l’intérrogation et dans la perplexité consécutive aux contradictions comportementales de chacun qui sément le doute. Sur le viel Ermite Japonais , comme sur les vrais pouvoirs de ce chaman ( la scène du beau « duel » à distance, auquel il se livre avec le Japonais ), ou encore sur cette inconnue ( Chun- Woo-Hee ) qui rode ( comme une vision ?) dans les parages , et même sur le policier habité de plus en plus par les cauchemars et la peur , et qui ne semble plus être en mesure de protéger sa petite fille aimée …

Na Hong -Jin nous entraîne dans les intertices de son récit rempli d’intérrogations et naviguant habilement dans les codes des genres pour mieux nous en extraire . Les références ne manquent pas et on pense ici par exemple à celles des Polars qui installent le mystère et le doute ( Seven / 1995 de David Ficher ou Mémories of Murder / 2003 de Bong Joon-Ho ) ou aux films fantastiques sur la posséssion ( l’Exorciste de William Friedkin ) et ceux faisant référence au rituels et sciences ocultes ( Vaudou / 1943 , de Jacques Tourneur ) . Comme dans ses précédebts films cités, , mais plus encore ici , les références sur lesquelles il s’appuie il les donne au specateur pour en raviver la mémoire qui lui permet , ensuite , d’en explorer d’autres dont les fausses- pistes ( ou faux -sembalnts ) qui s’y inscrivent deviennent le moteur d’un suspense ( en forme de duble possession : de la victime exposée , mais aussi du specateur ) lui permettant de distiller une atmosphère oppréssante… dont le final continuera à entretenir le mystère. Inquiétant à souhait .

Les lieux comme les habitants semblent prisonniers , ramenés à leur solitude primale de laquelle …peut-être pourra surgir la vérité . Mais le mystère de celle-ci aussitôt rendu perceptible ( certaines visions , certains détails… ) , va se retrouver aussitôt contredit , et renvoyé au néant dans un final glaçant et époustouflant qui vous laissera cloués dans votre fauteuil … Na Hong-Jin , distille de main de maître son récit et sa mise en scène ( et en abyme ) qui utilise toutes les ficelles des genres pour mieux les sublimer , et fait feu de tout bois dans les mouvements de caméra dont l’ampleur habilement utilisée , prépare et ménage le suspense , tandis que le choix du réalisme des lieux naturels sert de miroir au mystère et au surnaturel qui s’y installe . Et que le travail sur les atmosphères redouble d’intensité utilisant les éléments ( pluies torrentielles ou objets de magie ). De la même manière que la tragédie qui s’y joue n’est autre que celle de la vie à laquelle chacun va tenter de trouver la ( sa ) solution pour la préserver , face aux forces occultes qui cherchent à s’en emparer…et à la détruire .
(Etienne Ballérini )
THE STRANGERS de Na Hong Jin – 2016 – Corée du Sud .
Avec : Kwak Do-Won , Hwang Jun -min , Kunimura Jun , , Chun Woo-he , Kim Hwan-He …