Le verdict est tombé pour la 69 éme édition Cannoise : Ken Loach remporte sa seconde palme d’or pour son remarquable Moi David Blake . Et Le Canadien Xavier Dolan après Mommy se retrouve de nouveau au Palmarès ( Grand Prix du Jury ) avec Juste la fin du monde adapté de la pièce de Jean- Luc Lagarce. L’iranien Asghar Farhadi pour Le Client ( prix du scénario et Prix d’interpretation masculine ) est également à l’honneur . Surprise pour le prix de la mise en scène partagé entre le Roumain Cristian Mungiù ( Bacalaureat) et le Français Olivier Assayas ( Personnal Shopper ) qui obtient la seule distinction pour le cinéma Français . Andréa Arnold Prix du Jury avec Américan Honey et Prix d’interprétation Félinine pour la comédienne Joclyn José dans Ma’ Rosa de son Compatriote Brillante Mendonça .
( Voir le Photocall du Palmarès en bas de page , signé Philippe Prost )

Impréssions sur un Plamarès :
Avec une sélection de très haute qualité où , au moins Dix films sure les 21 en Compeétition pouvaient prétendre de se retrouver a un niveau ou à un autre du palmarès , il était évident que le jury présidé par George Miller , comme ce fut le ressenti dans le public et les journalistes , allait avoir des discussions très serrées , compte tenu des sensibilités , pour arriver à concocter un verdict final qui puisse réunir l’unanimité de chacun . George Miller juste avant de rejoindre la salle du Palais des Festivals avait laisse entendre que les débats avaient étés « passionnés et sauvages » . Ce fut à l’évidence le cas au vu de ce palmarès qui réunit le meilleur et le moins bon, laissant quelques « préférés » du public ou de la presse bredouilles .
A l’image du film Allemand Toni Ardmann de Maren Ade qui faisait figure de favori de la presse ayant recueilli le plus grand nombre de bonnes notes ( palmes ) des critiques spécialisés . Mais il est vrai que sa facture de mise en scène plus conventionnelle a pu le dseservir . Parmi d’autres films très bien accueillis sur la croisette qui n’ont pas atteint les récompenses , on notera l’excellent Loving de Jeff Nichols servi par un excellent travail de mise en scène , racontant le long combat pour les droits civiques de ce couple Mixte dans les années Soixante aux Etats-Unis . Absent également le Paterson de Jim Jarmusch magnifiant la poésie du quotidien , Ou encore La Fille Inconnue des Frères Dardenne, dont la qualité du travail s’est hissée sans contexte au niveau de leurs films palmés par le passé . Tout comme le Sieranevada du Roumain Cristi Puiù dont la qualité du travail d’écriture et de mise en scène , n’a rien à envier à celui de son compatriote Cristian Mungiù . Si l’on reste à cette distinction concernant le choix du prix de la mise en scène partagé entre Cristian Mungiù pour Bacalauréat et Olivier Asayas pour son Personnal Shopper , on avoue quelque peu notre surprise de les voir réunis tant la différence de niveau nous a semblé frappante sans pour autant vouloir accabler notre seul cinéaste récompensé dont on sait la qualité de son cinéma , mais , si son travail reste d’une indéniable qualité plastique , celui-ci a du mal a entraîner l’adhésion totale sur ses choix et le ressenti en tant que spectateur . De ce point de vue les qualités de mise en scène de Ma Loute de Bruno Dumont ou celles d’Alain Guiraudie pour Rester Vertical , nous ont semblé plus fortes et éfficaces . Question de ressenti ou de perception sans doute …

Dès lors , les choix sur lesquels ont pesé les ressentis personnels et aussi peut-être les volontés de mettre en avant certaines thématiques ou dynamiques de récit originales à l’image du Prix du Jury attribué à Andrea Arnold pour son American Honey sur la vitalité de ce groupe de jeunes faisant du porte – à -porte pour vendre des magazines qui leur permettent de gagner leur vie, en faisant à la fois l’apprentissage de la vie communautaires et ses règles et celui de la confrontation avec la violence du monde extérieur . Malgré quelque longueurs que nous avons soulignées , le film est passionnant . De la même manière que couronner Le Client de l’Iranien Asghar Farhadi pour son travail d’écriture ( Prix du Scénario ) et de la direction d’acteur ( Prix d’interprétation Masculine pour son comédien fétiche , Shahab Hosseini ) est la reconnaissance d’un travail de très haute qualité et intensité dramatique sur la désintégration d’un couple confronté à un incident qui va changer leurs vies . C’est sans doute en suivant le même raisonnement que le Jury en récompensant le comédienne Philippine Joclyn José , interprète de Ma’ Rosa le film de son compatriote Brillante Mendonça , constat accablant sur la corruption Policière et sur la pauvreté des quartiers de Manille où misère , violence et trafics sont le lot quotidien . Et pour ce qui concerne Le Jeune Canadien Xavier Dolan désormais habitué de la Croisette et du Palmarès , Le Grand Prix du jury récompense à la fois sa capacité de film en film à se renouveler en même temps qu’ il consacre son choix judicieux de mise en scène où les gros plans offrent à ce jeu de rôles familial de disputes , l’intensité dramatique voulue pour transcrire la force du texte de Jean Luc Lagarce dont il adapte la pièce Juste la fin du Monde .

Enfin si vous avez suivi nos chroniques quotidiennes , il ne vous aura pas échappé que nous avions un petit faible pour Moi David Blake de Ken Loach dont le parcours Kafkaïen de son héros confronté aux humiliations de l’administration, est bouleversant . Le cinéaste qui n’a cessé depuis plus de cinquante ans de construire un cinéma qui donne la parole aux démunis et aux faibles , a réussi un fois de plus à nous bouleverser par le justesse et l’humanité de son regard . Et cette seconde Palme dor après celle obtenue avec Le Vent se lève ( 2006 ) est amplement méritée et a été saluée par l’ovation du Public du Palais des Festivals . Ce dernier heureux, de la « gentillesse » du Jury à son égard , n’a pas manqué de dire à Thierry Fremaux que » Cannes est important pour le futur du cinéma et qu’il doit rester fort » . Puis il a fait un discours très engagé « les personnages qui ont inspiré mon film sont les démunis de la cinquième puissance du Monde . Le cinéma représente le vrai monde dans lequel nous vivons et celui-ci se retrouve dans une situation dangereuse à cause des projets d’austérité de la politique néo-Libérale qui risquent de nous conduire à la catastrophe . Ces pratiques ont entraîné dans la misère des millions de personnes en Europe et une petite minorité s’enrichit sur leur dos de manière honteuse !. . Le cinéma est porteur de traditions , j’espère que celle d’un cinéma de protestation qui met en avant le peuple contre les puissants, pourra se maintenir . Nous approchons d’une période de désespoir et c’est l’extrême-droite qui en profite , et certains d’entre nous savent ce qu’elle peut faire , il nous fait donc rapporter l’espoir et dire qu’un autre monde est possible et nécessaire » , a-t-il déclaré en recevant sa Palme . A 79 ans le cinéaste n’ a pas perdu sa combattivité , toujours débout !.
Au cours de cette cérémonie du Palmarès a été remise la Palme d’Honneur à Jean- Pierre Léaud par Arnaud Despléchin qui a dit combien le comédien que l’on a vu débuter à 14 ans dans Les 400 Coups de François Truffaut , a su « capter notre attention et ne plus nous quitter , son regard caméra a changé nos vies » a -t-il dit . Standing ovation pour un Jean- Pierre Léaud ému en la recevant « je suis né au Festival de Cannes et je veux que l’on sache que je ressent aujourd’hui la même joie profonde qu’il y a 58 ans avec Les quatre cent coups « . Le comédien présentait à Cannes également son dernier film La Mort de Louis XIV d’Albert Serra dont il est l’interprète. Une carrière qui l’a vu jouer chez les plus grands cinéastes : Truffaut , Godard , Rivette , Jean Eustache , Agnès Varda , Glauder Rocha , Pier Paolo Pasolini , Betrand Bonnello , Aki Kaurismâki, Bernardo Bertolucci … entrant dans la légende du cinéma .

Bref Bilan :
Une 69 ème édition qui de l’avis général aura été de très grande qualité avec des oeuvres riches en thématique sociétales ( travail , violence , misère , conflits , morale ..) et des relations familiales se retrouvant souvent au coeur sujets et des interrogations sur l’avenir de nos sociétés confrontées à la pertes de repères . Le cinéma toujours témoin du monde et de ce qui ne va pas , dont la Palme d’or de Ken Loach se fait le reflet d’une humiliation et d’un désespoir ressenti . L’art et le cinéma qui en est le Septième ne peut que s’en faire l’écho . Et cette approche est nécessaire . la qualité de celle-ci qui nous avait interpellé lors de la dernière édition où il y avait une certaine chute de qualité , qui pouvait devenir inquiétante du point de vue de la créativité de l’originalité et de la nécessaire volonté novatrice , semblant se satisfaire d’une certaine « normalité » ou facilité, dont la pauvreté de certains scénarios se faisant l’écho et se répercutant sur le force du sujet et de la mise en scène . Une baisse d’ambition qui pouvait se révéler dangereuse lorsqu’on voit en parallèle les qualités des écritures des récits et des images de certaines productions Télévisées et notamment des séries , qui séduisent de plus en plus les publics . La nécessité de trouver des réponses à cette concurrence qui permette d’offrir des perspectives nouvelles dans un monde médiatique où les supports multiples obligent à reconsidérer la donne d’une qualité -investissements obligent – qui puisse répondre aux attentes du public . En ce sens les qualités affichées par les films de la sélection officielle ( compétition et Un certain Regard ) où les qualités des scénarios était au rendez-vous relevant celles de la mise en scène , sont donc plutôt de bon augure . Confirmation attendue pour l’édition 2017 …
(Etienne Ballérini )
le Palmarès du 69 éme Festival de Cannes :
Palme d’or : I Daniel Blake de Ken Loach.
Grand Prix : Juste la fin du Monde de Xavier Dolan
Prix de la mise en séne ( ex-aequo ): Cristian Mungiu pour Bacalaureat / Olivier Assayas pour Personnal Shopper.
Prix du Scénario : Asghar Farhadi pour Le Client .
Prix du Jury: Américan Honey d’Andrea Arnold
Prix d’interprétation Féminine : Jaclyn José pour Ma’ Rosa de Brillante Mendonça .
Prix d’interprétation masculine : Shahab Hosseini pour Le Client d ‘Asghar Farhadi .
Courts métrages ; Palme d’or : Timecode de Juanjo Gimenez .
Mention Spéciale : La jeune fille qui dansait avec le diable de Joao Paolo Miranda Maria.*
Caméra d’Or : Divine de Houda Benyamina ( Quinzaine des Réalisateurs )
Photocall du Palmarès officiel , signé Philippe Prost:








