Cinéma / Journal de Cannes 2016 ( No.11 )

Dernier  jour  de  la compétition Officielle  avant  la proclamation  du palmarès  ce soir, et  de nouveau deux belles oeuvres  qui permettent de terminer en beauté  une excellente  édition  2016.  L’iranien Asghar Farhadi   sélectionné  de la dernière  minute présentait son nouveau  film  Le  Client,   Etude de moeurs  sur   l’implosion d’un couple  suite  à un incident , et  les questions morales  comportementales  qu’il soulève . Et première sélection Cannoise  pour  Paul Verhoeven avec   , Elle , son  seizième long métrage   qui a  surpris et ravi  les festivaliers par la tonalité de  ce  récit en forme de  conte sur  la froide vengeance d’une femme  violée  qui fait face  à la vie  et à son agresseur  et refuse  de  se laisser  enfermer dans  une position de victime . Désormais les jeux son faits , avant le verdit  ce  soir  : Pour qui la Palme  d’Or ?.   Voir  ci- dessous le  Palmarès de  la Section,  Un Certain Regard  dévoîlé hier .

Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti dans Le Client d'Asghar Farhasi
Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti dans Le Client d’Asghar Farhadi.

Le  Client  d’Asghar Farhadi  ( Compétition)

Le cinéaste Iranien  qui avait présenté  en 2013  le  Passé  en compétition  ( Prix d’interprétation pour  Bérénice  Béjo )   avait envie de tourner  un film dans son pays  qui  lui permette  de retouver  un sujet  faisant écho à la fois  à des problématiques sociales  et  de morale  individuelle.  La séquence d’ouverture nous  fait vivre  en pleine  nuit,  l’évacuation pour mesures de sécurité , d’un immeuble  d’un quartie de la classe  moyenne dans le centre de Téhéran ,   qui est  en train de  s’éffrondrer.   Le couple héros  du  film , Emad  et Rana  , vont être contraints  d’aménager très vite dans un  autre appartement  ,  afin de pouvoir mener  à bien leur  travail de répétition   d’une  pièce de Theâtre : Mort   d’un Commis  voyageur   d’Arthur  Miller  dont les représenations  publiques  sont prévues dans des  délais  qu’il  faut respecter . Lors du démanagement un   incident  inattendu  va  se produire  qui va  bouleverser la vie  du jeune  couple  » les plaçant dans une situation qui va révéler des  dimensions inattedues de leurs parsonnalités  »  , dit  le  cinéaste .  La mise  en place  du récit  et  de  la situation qui   va provoquer  la  déstabilisation du  couple  est l’occasion pour le cinéaste d’offrir des repères   permettant de  le  situer  dans  un  contexte   et  un cadre précis  d’une  ville  en pleine  mutation  et  bouleversements  dont se fait le reflet  cette évacuation d’immeuble  , mais   qui  pointe  au travers d’elle aussi ,  les  changements  qui  en sont les  conséquences  dans  la  vie  quotidienne  et leur répercussions dans   les rapports sociétaux  et  sur  certains  valeurs  morales  qui s’en trouvent éclaboussées . Comme  en témoigne  la séquence de  la terrase  qui permet  de   contempler l’anarchie   dans laquelle se   font les  travaux  de   la ville  et  du bétonnage  des  grands  immeubles  impersonnels.  Dans ce contexte ,   le déménagement   cahotique  qui  donne   lieu à  un  incident  dont le mari  va  surprendre (  la porte entr’ouverte de la maison , des traces de sang sur le pallier )  seulement les   indices  extérieurs .  Un homme  aurait tenté de pénétrer dans l’apprtement  (  et la salle de  bains?)  où sa  femme prenait sa  douche .  S’agit-il  du  jeune  vendeur   contacté  ou d’une autre personne ? . Emad  va se mettre   à  suivre  les pistes  possibles,  bien décidé   à éclaircir  l’affaire  et  à  demander des  comptes  à l’agrésseur   qui  a, selon lui ,  sâli   son honneur .  Habilement le  cinéaste installe les  « fils »   du récit  et  les recoupements que  renvoient  le  désordre de la  ville  qui   se  répercute  sur   la maison  du couple . La   famille théâtre du monde ,  personnages de  théâtre et ceux de la vie   qui se télescopent .   Dès que le mécanisme de  la traque  du  coupable se met en place   et qu’elle  s ‘intensifie  en une  montée  dramatique , Asghar Farhadi  y traque  chez   Emad et Rana  , les  indices  qui  finissent par   les  révéler  à  eux- mêmes  et  aux  autres .   Amad  qui   se radicalise   dans la  violence  et veut venger  son  honneur  de mâle  qui aurait été bafoué , et  qui  est prêt  au meurtre  , Emad  qui  reste  digne et refuse  de   sombrer dans la  vengeance  inutile  pour  un  comportement   malheureux . L’honneur , la morale  , la  compréhension  , la sagesse  , le  respect  en questions   ….  le couple qui mesure  la  distance   qui  désormais  les sépare ,  les  failles des  uns et des autres   passées au scalpel par  une  mise  en scène au cordeau  qui  multiplie  les  points de vues  sur  les   faiblesses  humaines , et  les donne à  voir  au  spectateur , témoin .   Un  nouveau grand  film  du cinéaste ….

Une scène de Elle de paul Verhoeven
Une scène de Elle de paul Verhoeven.

Elle  de  Paul Verhoeven ( Compétition )

Adapté  de   Oh… de  Philippe Djian    dont il a  confié  l’adaptation à David  Birde , le  nouveau film de Paul Verhoeven a fait sensation sur la croisette.  Le  récit de  cette  femme  patronne d’une société de jeux  vdéos  qui mène  son entreprise d’une main de fer  qui  va être agréssée  et  violée par un inconnu dans  son appartement  va  voir sa  vie  basculer  et  entreprende  une traque  pour le confondre et – imperturbable et glaciale-   installer  un  jeu  dangereux , refusant d’être victime  et  victimisée  rejettant un  lourd passé .  violence , horreur , traumatisme, fantasmes,  comédie et humour décalé … se téléscopent  et les retrournements de  situations se  multiplient  dans  ce thriller   psychologique   où  Isabelle  Huppert  est de tous les  plans  et   mène   le jeu  et  son  monde ,   sarcastique  à  souhait  et  imperturbable ,   comme  une  évidence .  La narration et la mise  en scène de  Paul Verhoeven , au   sommet de sa  forme , tisse  une toile   dans laquelle  il se  délecte  à perdre  et surprendre le spectateur tout autant que  Michéle ( Isabelle Huppert )  dans l’ambiguité  poussée  à l’extrême,  imperturbable , déterminée  , déroutante  et troublante à souhait  à l’image de cette scène  fantasmée  où elle tue  son violeur . Scène  révélatrice   d’une hypothése  possible dont le récit se  fait  porteur .  Pour elle , il s’agit de  se  débarrasser  au plus vite de ce traumatisme , ainsi  l’annonce-t-elle à ses amis   pour ne plus avoir à en parler  . Avertir la Police  ? , pas question   et elle dira pourquoi    évoquant  un  lourd héritage   (  une père  meutrier   en série  et  en  qui  y moisi  à perpète)   réveillé par  le traumatisme subi   enfant  et  qu’elle a   rejetté dans  l’oubli et le  déni .  Le  long chemin à  faire pour se reconstruire , pas question de retomber dans les échos des gazettes   qui s’en  gargariseraient   en faisant   remonter  le passé.    Alors    Michéle qui  s’est  construite une carapace   refuse de la  voir   risquer  de  se  briser  par  cette  violence subie .  Plus que jamais  elle   devra  rester   impénétrable  et  imperméable  à toutes  les   préssions déstabilisantes  et  s’allier  ceux  qui   peuvent  lui  permettre de  le  faire . Les autres  , ils  vont devoir  faire avec  ses  piques  et ses   coups , n’hésitant pas  à porter l’estocade   pour  révéler  leur  hypocrisie.  Paul Verhoeven   à l’évidence s’amuse  à  multiplier  les défis  et  conflits   qu’il   sert par  une  mise en scène  dont il  dit  que son rôle  est « d’offrir les éléments au spectateur   sans jamais être explicative . l’explication c’est le spectateur qui doit se la faire  à partir des éléments donnés » .  Et  il les  multiplie ces éléments permettant la description de  l’atmopshère  créative et  conflictuelle de   l’entreprsie de   jeux  vidéo  dont Michèle  est directrice .  Comme dans les relations avec  sa  mère  ( Judith Magre ) et  son fils   qui s’est entiché d’une  jeunette qui le mène par  le bout  du nez!.  Avec ses employés , avec ses  proches et   amis   (  ou  amants ) , avec  le  jeune  couple de  voisins . Les  repas  et soirées concoctées  sont  pour elle autant de  moyens de  délectation  lui permettant de   jauger  les uns , ou provoquer  les  autres .  Paul Verhoeven en fait   une  énigme qu’il refuse de  mettre dans  les  cases  toutes faites  et préfère  laisser  le  doute s’installer ….  et voir  la  violence sourdre en  elle , et  se  faire le miroir de la violence des relations sociales.  Les  dialogues  épatants   ne cessent de jouer  de la  finesse  et  de  la  suggestion  anticipant sans  le laisser  déviner  ( suspense…)  ce qui sera dévoilé plus tard .  Bref , le plaisir est  total, le film  va sortir trés rapidement sur les  écrans , ne le manquez pas ….

( Etienne  Ballérini )

-Aujourd’hui   à  19hoo    : Palmarès de  la  69 éme édition du Festival de Cannes  et  projection de  la Palme d’or          ( Théâtre Lumière )

-Le palmarès  de  La  Section Un Certain Regard :

PalmarÈs | 21 mai | Festival J11

Palmarès Un Certain Regard

Le Jury et les lauréats de la Sélection Un Certain Regard © Mathilde Petit / FDC

Un Certain Regard 2016 a proposé dans sa compétition 18 films venus de 20 pays différents. Sept d’entre eux étaient des premiers films. Le film d’Ouverture était ESHTEBAK (Clash) de Mohamed Diab.
Présidé par Marthe Keller (actrice – Suisse), le Jury était composé de Jessica Hausner (réalisatrice, productrice – Autriche), Diego Luna (acteur, réalisateur, producteur – Mexique), Ruben Östlund (réalisateur – Suède), et Céline Sallette (actrice – France).
«Le Jury s’est trouvé très honoré et heureux d’être chargé de cette délicate mission étant donné le niveau de la Sélection 2016. Chaque film étant en effet riche en découvertes de cinéma et ouvertures sur le monde autour des thèmes de la famille, de la politique et des différences culturelles.»
– Le Jury

Prix Un Certain Regard
HYMYILEVÄ MIES

(The Happiest Day in the Life of Olli Mäki)
de Juho Kuosmanen

Prix du Jury
FUCHI NI TATSU

(Harmonium)
de Fukada Kôji

Prix de la Mise en Scène
Matt Ross

pour CAPTAIN FANTASTIC

Prix du Meilleur Scénario
Delphine Coulin & Muriel Coulin

pour VOIR DU PAYS (The Stopover)

Prix Spécial Un Certain Regard
LA TORTUE ROUGE

(The Red Turtle)
de Michael Dudok de Wit


Le  Photocall de  21  mai , par  Philippe Prost :

l'équipe du Film ELLE da Paul Verhoeven
l’équipe du Film ELLE de Paul Verhoeven.
Paul Verhoeven et Isabelle Huppert
Paul Verhoeven et Isabelle Huppert.
l'quipe du film Le Client d'asghar Farhadi .
l’quipe du film Le Client d’Asghar Farhadi .
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