Cinéma / Journal de Cannes 2016 ( No. 5 )

Deux femmes hier en compétition au Festival de Cannes , l’Anglaise Andrea Arnold qui présentait American Money mettant en scène une équipe de jeunes représentants qui sillonne l’Amérique . Et la Française Nicole Garcia avec Mal de pierres son huitième long, un solide drame sentimental  adapté  de Milena Agus . Dans la section Un Certain regard , on a vu le premier long métrage  Dogs du cinéaste Roumain  Bogdan Mirica  , et Au delà des Montagnes et des collines du cinéaste Israélien Era Kolirin.  le A voir   Photocall du Jour  en bas de page …

une scène de mal d e Pierres de Nicole garcia
une scène de Mal de Pierres de Nicole Garcia

Mal de Pierres de Nicole Garcia ( Compétition )
C’est dans la France de l’après-guerre que l’action du roman de Milena  Argus a été transposée par Nicole Garcia et son scénariste Jacques Fieschi , dans le Sud de la France où l’émigration Espagnole des républicains qui fuient le Régime de Franco où José ( Javier Camara ) est ouvrier saisonnier et travaille dans la ferme agricole d’un famille Bourgeoise où Gabrielle ( Marion Cotillard ) la fille de la maison est attirée par des rêves de passion absolue qu’elle manifeste parfois par un comportement provocateur. Dans cette période d’après-guerre où ce type de comportement est mal vu par la population et les sautes d’humeur et coups de Gabrielle sont mal supportés par la famille qui la croit folle envisageant  même de la faire interner. La mère qui a observé que José était attiré par sa fille lui propose de « la marier et d’en faire un femme respectable »… Refus de Gabrielle qui est sommée de céder , mais ne le fera qu’en exigeant que ce dernier accepte qu’elle ne l’aimera jamais. . S’installe alors dans le couple une étrange situation de vie commune que Nicole Garcia illustre  par un mise en scène soignée et une rythmique de récit qui  suit   Gabrielle , en femme libre refusant  de se soumettre et revendique la maîtrise de son destin et de son désir qui est pour elle «  la chose principale » .
José l’ a compris qui fait preuve d’une étonnante compréhension et respecte son choix , et c’est elle qui décidera le moment venu de lâcher du lest et cèdera à son désir en le provoquant, s’habillant comme une de ces prostituées avec lesquelles il assouvit ses désirs . Lorsqu’ une maladie Rénale ( le mal du pierres  du titre ) l’oblige  à aller en cure à contre-cour ,  mais une rencontre bouleversera sa vie, celle du jeune lieutenant ( Louis Garrel ) blessé en Indochine avec lequel elle se lie d’affection, ce qui va faire renaître en elle ce désir de passion absolue qui l’habite . Il semble répondre à son désir mais une hospitalisation d’urgence le déplace à Lyon et la fin des soins pour Gabrielle, va les séparer . Ils promettent de se retrouver…
Nicole Garcia qui  a toujours mis en perspective le contexte social et politique dans lequel sont ancrés les héros de ses films , décrit à nouveau ici avec justesse, la situation de ses héros écorchés par la vie . Gabriella et le lieutenant en sont les figures emblématiques . Elle a qui la société rigide refuse sa liberté de femme et lui dont la jeunesse est brisée par la guerre reflet d’une politique coloniale dans laquelle la jeunesse d’une nation à été engagée On y ajoutera José l’ouvrier Espagnol dont on a dit les raisons qui l’on amené en France où il devra aussi faire des concessions pour s’intégrer . Son comportement éclairé par le final du film qu’on vous laisse decouvrrir , l’intègre dans cette belle dimension humaine dont se fait le reflet le drame sentimental vécu , au cœur d’un contexte qui , forcément influe sur leurs destinées….

l'affiche de American Honey d'Abdrea Arnold
l’affiche de American Honey d’Adrea Arnold

Américan Honey d’Andrea Arnold ( Compétition ) .                                                                                                                                                Le cinéaste Anglaise de Fish Tank( Prix du jury , Cannes 2009 ) de retour sur la croisette pour son nouveau film qu’elle a tourné Outre- Atlantique avec en tête de distribution Shia LaBeaouf. Toujours enquête de personnages ancrés dans le réel de la société dont elle traque au travers de leurs destinées les effets et , parfois , les dérives . Ici c’est au cœur d’un collectif de jeunes qu’elle immerge sa caméra , les suivant souvent en plans-séquences dans un road- movie ( peut-être un peu long , 2 H 30… ) mais intéressant , au cœur de l’Amérique profonde qu’ils sillonnent dans un mini-car,  pour faire du porte à porte en représentants de commerce, bande  à laquelle va se joindre une jeune adolescente fugueuse qui va se retrouver intégrée dans leur équipe dont elle adopte leur style de vie et les « codes «  de l’organisation . La belle idée du film c’est de nous montres ces jeunes garçons et filles qui se sont donc regroupés en un collectif au règles de fonctionnement interne bien définies . La cinéaste a d’ailleurs construit son film en suivant ces démarcheur employés par des sociétés qui les envoient à travers le pays pour vendre a des particuliers des abonnements a des magazines pour lesquels ils touchent un pourcentage . Nombre d’entr’eux « sont des jeunes qui quittent leur foyers pour la première fois . Faire partie d’une telle équipe est plus un mode de vie qu’un véritable travail et les membres de l’équipe sont bien plus que des collègues . Ils forment une espèce de famille recomposée, un peu foldingue «  , dit la cinéaste dans le dossier de presse .
On y retrouve dont Krystal la , sévère, chef de l’équipe chargée de l’organisation ( les itinéraires , les motels pour le repos et les restaurants , fixer les quotas quotidiens pour chacun ….) , Jake ( Shia LaBeaouf ) le meilleur vendeur, et star ( Sasha lane ) et les autres membres de l’équipe . Au long du Road- movie,  la cinéaste capte les différentes phases de cette vie commune où le règlement                 ( relations amoureuse interdites ) est souvent mis à mal , et les rapports de forces et de concurrence qui s’installent . Puis la confrontation avec les clients qu’ils sont amenés à démarcher et dont certains sont le reflet de cette société Américaine profonde parfois violente. Tournage naturel et plans-séquences dynamisés parfois par les inserts et plans rapides ,musique Country , Trap            ( genre apparenté au hip hop hip hop ), Sam Hun, Kévin Gates , Lee Brice , Bruce Springsteen…

Une scène de Dogs de Bogdan Mirica
Une scène de Dogs de Bogdan Mirica

Dogs de Bogdan Mirica ( Un Certain Regard )
C’est le premier long métrage du jeune cinéaste Roumain qui nous plonge dans la campagne retirée Roumaine où les traditions et les habitudes sont ancrées tout autant que la corruption qui semble y régner . On y retrouve Roman un jeune homme venu de la capitale dont la maison et la terre qui l’entoure de plus  de  500  hectares, pour   en assurer le maintien et encore moins l’exploitation . Les démarches entamées et en attendant les finalisation , il reste quelques dans la demeure et va se rendre compte rapidement que certains événements ( les rondes de nuit des voitures prés de la maison ) semblent laisser entendre des  refrains  qui  ne sont pas favorables à voir cette demeure et cette terre vendue , à l’image du mystérieux personnage ami du défunt qui a été chargé de garder la maison . Et puis un meurtre mystérieux et le vieux et malade chef de la police locale laissant entendre à demi- mots , qu’il est difficile de faire respecter la loi … et puis ce pied d’un cadavre retrouvé  dans l’étang  voisin . Et encore la rencontre nocturne avec un groupe faisant la chasse et abattant les bêtes malades , et dont la chef de la bande fait la leçon à Roman qui ne comprend rien dit-il de la mentalité du monde rural et qu’il y a des habitudes et des traditions qui ne  sont pas de nature à être changées . Les choses qui vont s’envenimer et  faire apparaître la nature profonde des ces individus bornés qui,  dit le cinéaste «  ont décidé de rester ce qu’ils sont au plus profond d’eux- mêmes  pour affirmer leur suprématie », dit le cinéaste . Dans ce paysage de western , le jeune cinéaste construit une mise en scène au cordeau , splendide , où la travail sur les cadres et l’image et celui de la bande sonore sont époustouflants , offrant un rythme et un suspense et créant les ruptures de récit étonnantes . laissant sourdre la tension et monter l’intensité pour n’en offrir ensuite ( le final ) que le résultat. Porté par une bande son, où musiques de films ( celle de Paris -Texas par exemple ) et morceaux classiques se côtoient judicieusement , voilà un premier film d’une rare qualité et originalité. Un metteur en scène à suivre…

Une scène du film Au delà des collines et des montagnes d'Eran Kolirin
Une scène du film Au delà des collines et des montagnes d’Eran Kolirin

Au delà des Montagnes et des Collines d’Eran Kolirin ( Un Certain Regard )
Le cinéaste Israélien avait été remarque à cannes par La visite de la Fanfare ( Prix Un Certain Regard 2007 ) superbe comédie , est revenu avec son nouveau film  plus sérieux et sombre , qui questionne sur le sens de la vie et de sa place à trouver dans la société , comme le  souligne  recherche David après plusieurs années de service dans l’armée , en quête de travail dans la vie civile où la concurrence est rude à laquelle il faut se préparer à se frotter comme le montre la scène de son passage dans un stage de «  coaching ». pour un entreprise de composants alimentaires . Le voilà entraîné dans le tourbillon de cette nouvelle vie dans l’Israël moderne ( de la mondialisation ) , dans lequel aussi compte tenu de la situation politique , la vie quotidienne se retrouve confrontée à devoir affronter certains événements dont le cercle familial va se faire l’écho de l’extérieur . Au travers des relations de David on y décèle aussi cette double contradiction qui s’y glisse entre par exemples les règles morales et celles  individuelles qui y dérogent au travers des rapports de forces . Vie prive et vie publique influencées par tous ces changements sociaux mais aussi par le poids des événement politiques . habilement Eran Kolirin en saisit les nuances , installant les situations qui interférent . La vie de couple bouleversée par les mensonges et les infidélités que l’on finit par regretter , les relations avec les enfants polluées par les divergences dont se fait l’écho la fille de David militante et manifestante qui va se heurter à son père et dont les liens entretenus avec ses copains arabes , en fait la cible du service des renseignements luttant contre le terrorisme . Les compromissions et autres arrangements pour réussir en affaires font  que , comme le souligne le cinéaste on est «  entraîné dans le dédale des forces obscures qui régissent la vie en Israêl » .
Eran Kolirin le souligne avec cet art de la suggestion et du sous entendu, ou de l’évidence qui est là sans qu’on aie besoin de la souligner  qui fait la force de sa mise en scène.

(Etienne Ballérini )

Le programme de ce Lundi 16 Mai 2016
Loving de Jeff Nichols ( Compétition)
Paterson de Jim Jarmusch ( Compétiton)
Apprentice de Boo Junfeng ( Un Ceratin Reagrd )
Comancheria de David Mackenziz ( Un Ceratin Regard )
Hissein Habbré , une Tragédie Tchadienne de Mahamat Saleh Haroun ( Hors compétition)
Hands of Stones de Jonatha Jacubowicz ( Hors Compétition )


Le  Photocall  du Jour par  Philippe Prost:

l'équipe du Film The Nice Guys de Shane Black
l’équipe du Film The Nice Guys de Shane Black
l'équipe du Fill Au dela des Montagnes et des collines de Eran Kolirin
l’équipe du Film Au dela des Montagnes et des collines de Eran Kolirin
l'équipe du film Mal de Pierres de Nicole garcia
l’équipe du film Mal de Pierres de Nicole Garcia
L'équipe du Film Harmonium
L’équipe du Film Harmonium  de Koji Fukada
l'équipe du Film Américan Honey d'Andrea Arnold
l’équipe du Film Américan Honey d’Andrea Arnold
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