Adpaté de l’enquête de L’équipe de journalistes du Boston Globe qui a révélé en 2001 , le scandale des prêtes pédophiles , le nouveau film du réalisateur de Station Agent (2003 ) et The visitor (2008 ) , est un récit palpitant en forme de constat accablant sur un « fléau » dont la complaisance complice de la hiérarchie avait tout fait pour qu’il soit étouffé . A voir et à méditer …

C’est en 1976 que l’affaire avait commencé et que certains témoignages faisant état d’abus sexuels sur les enfants perpétrés par des prêtres , mais la très puissante église locale avait usé de toutes les possibilités de pression pour que les « coupables » ne soient pas poursuivis par la justice. Les premières séquences du film y font référence qui montrent au début des années 2000, l’arrestation sur dénonciation d’un prêtre « qui agréssé des enfants pendnat 30 ans « , qui va à nouveau amener la justice à élucide rl’affaire et la presse à s’intéresser et à enquêter sur la grave question qui fait désormais , débat . Celle-ci est abordée lors d’une conférence de rédaction du journal Boston Globe et le rédacteur en chef décide de mettre sur celle-ci l’équipe de journalistes spécialisés ( équipe nommée Spotlight) dans l’investigation de longue durée. On leur demande de prendre le temps et de faire le nécessaire travail de longue haleine qui permette d’apporter témoignages, documents , et autres preuves incontestables afin de constituer un dossier sans failles permettant d’apporter la lumière sur un fait de société dont les premiers éléments et les témoignages , s’ils sont avérés , laissent à penser qu’il s’agit d’une affaire à grand retentissement, impliquant els plus hautes autorités religieuses . Il s’agit donc de se mettre à l’abri de toutes les possibles recours qui pourraient anéantir le travail …et, surtout enterrer définitivement les espoirs de ceux ( les victimes) qui ont étés maltraités et qui espèrent enfin faire entendre leur voix et leurs souffrances.

Nous avions récemment en Novembre 2015 dans notre rubrique fait la critique du remarquable film El Club de Pablo Larrain ( Ours d’Argent au Festival de Berlin ) qui abordait également le problème du silence complaisant de l’église sur les prêtes pédophilies confinés dans une certaine impunité , permettant à l’église de soustraire « ses brebis » à la justice. On retrouve , ici , au bout du compte le même constat accablant fait par le cinéaste Chilien qui habillait son film d’un humour-noir pour faire sourdre cette même quête de vérité qui va habiter les journalistes spécialisés du Boston Globe . Tom McCarthy a choisi , lui , une tonalité différente inscrivant son film dans la continuité des grands films du cinéma Américain des années 1970/80 ( Les trois Jours du condor de Sydney Pollack , Les hommes du Président d’Alan J.Pakula …ou le Erin Brokovich de Steven Soderbergh ) auxquels la référence est évidente, ne serait-ce que dans la conduite d’un récit « film -dossier » adoptant la veine du » polar » dont la conduite de l’enquête journalistique sous-pression et sous influences ( politiques et religieuses ) se fait le miroir d’un canevas de coups de théâtre , révélateur à la fois de l’emprise et du poids de la religion sur les mentalités entraînant un lourd silence hypocrite d’une communauté qui se replie sur un système de défense , celui de la bonne conscience Bourgeoise Catholique, qui préfère se taire devant l’évidence . A cet égard, le cinéaste ne ménage pas ses mots , ni ses personnages « impliqués » de près ou de loin dans l’affaire , à l’image de cet avocat des parties civiles qui a « négocié » jadis , avec les autorités religieuses ses prestations en forme d’arrangement permettant , en échange d’indemnités versées au victimes d’obtenir de celles-ci et de leur familles, de retirer leur plainte envers les prêtres concernés !. Le cynisme n’ayant pas de limites , les autorités religieuses usant de leur influence sur leurs « ouailles » pour faire plier aussi les Politiques et ( ou) la justice, en demandant par exemple que certaines pièces compromettantes… disparaissent des archives!.

Dès lors, ayant pris connaissance de l’ampleur de la résistance et des barrières à forcer , y compris celles des témoins et victimes qui subissent des pressions et se murent dans le douloureux silence qui leur est imposé , les journalistes de la cellule Spotlight vont devoir faire preuve d’une certaine ténacité et savoir jouer de la ruse et sur tous les tableaux. Chacun y ira de sa spécialité à l’image de la magnifique Rachel Mac Adams ( Sacha) qui sait jouer de sa persuasion, comme de son écoute pour faire se délier les langues des victimes , de la même manière que l’expérience de Michael Keaton (Walter ) et sa connaissance du terrain de la Bourgeoisie catholique va lui permettre de glaner quelques informations restées , jusque là secrètes . A cet égard le « coaching » du rédac -chef, Marthy ( Liev Schrieber ) et chef de groupe ( Michael Keaton ) en inscrivant toujours au cœur de leurs réunions , la nécessité des choix rédactionnesl » on a deux histoires : un clérgé dégénéré et des avocats qui font de l’abus sexuels sur des enfants une affaire lucrative, laquelle doit-on écrier ? » , et d’un travail sur la nécéssaire forme de l’enquête journalistique qui doit conduire à une information inattaquable , est donné en filigrane comme un modèle ( les auteurs ont étés récompensés par le prix Pulizer ) par le cinéaste , qui , au cœur de son récit inscrit ce travail de « fourmi » quotidien nécessaire par lequel il faut passer. Comme l’illustre la belle scène qui montre les journalistes de la cellule passer des heures à éplucher les milliers de pages des registres où sont inscrits les raisons des absences des prêtres …qui vont leur permettre de réunir les noms de ceux qui ont étés « écartés » sous forme de congé maladie , pour comportements douteux….

Un travail quotidien ponctué par des confrontations avec les institutions ( politiques , religieuses et judiciaires ) concernées auxquelles il faut, à un moment donné, poser les questions qui fâchent en mettant bien en avant que l’on a quelques preuves à opposer à certaines affirmations . Le jeu de rapports de forces et de diplomatie , se retrouve aussi au cœur du récit . Et le joutes qui s’y inscrivent sont édifiantes. L’occasion pour le cinéaste au cœur de cette mécanique de thriller de l’enquête d’y inscrire de beaux et incisifs portraits , comme ceux des témoins dont la plupart veulent rester anonymes et qui confient leur long calvaire et puis le désarroi de ne pas être entendus , ni compris . Ils sont bouleversants. Il y a également le superbe personnage devenu aigri de l’avocat Mitchell Garebedian ( Stanley Tucci ) qui fut un des premiers à avoir réuni les preuves et tenté de défendre les victimes , mais qui ne put faire aboutir le procès confronté a des multiples pressions et autres tours passe -passes juridiques . Devenu méfiant après avoir refusé les sollicitations du journaliste , Michael Rezenes ( Marc Ruffalo , épatant ) , il finira par céder à sa pugnacité et lui confier quelques éléments qui vont lui permettre lui permettre de faire avancer l’affaire. On notera enfin , au cœur de cette longue enquête , le regard juste que le cinéaste porte aussi sur ces journaliste qui finissent par être tellement imprégnés par leur sujet , que leur vie familiale et personnelle, finit par en prendre un sacré qui en prend coup… et ont beaucoup de mal à rester indifférents » ça aurait ou être vous , moi , n’importe qui!… » , lorsque leur travail les met en face de victimes et d’un scandale dont la dimension dépasse tout ce qu’ils avaient pu imaginer !…

En effet , l’enquête révélera que plus de mille enfants ont subi des abus sexuels par des prêtres dans la seule région de Boston pendant des années et sont restés impunis , avant que le sandale enfin dévoilé et la responsabilité de l’église ( qui savait… ) établi, ne les rattrappe . Le générique final du film relate les lieux et les villes et régions du monde entier dans lesquelles , les mêmes abus ont eu lieu, également par dizaine et centaines.
Un film fort , éfficace et citoyen qui s’inscrit dans la continuité du travail des journalistes dont il décrit le travail , les doutes et le combat pour faire surgir la nécessaire vérité . Fustigenat l’église qui – en la circonstance a nié ( caché ) les faits – a enfreint un des dix commandements :« tu ne mentiras point », qu’elle devrait être la première à respecter !…
( Etienne Ballérini)
SPOTLIGHT de Tom McCarthy-2015-
Avec : Michael Keaton , Mark Ruffalo ,Rachel Mc Adams , Liev Schrieber, stanleu Tucci , John Slattery , Brian d’Arcy James ….
[…] 13 -Spotlight de Tom MacCarthy (2015 -2h04). En 2001, des journalistes entame une enquête sur des affaires de […]