Il s’est éteint ce 4 janvier 2016 dans son sommeil à l’âge de 93 ans . L’un des Comédiens les plus aimés du grand public a quitté la scène du théâtre et du cinéma qu’il a honorés jusqu’à son dernier souffle. Au cinéma , il a été à l’affiche de plus de 200 Films et obtiendra le César du meilleur Comédien pour son rôle inoubliable dans Le juge et l’assassin de Bertrand Tavernier (1977 ), et a Obtenu au theâtre le Molière du Meilleur comédien en 2008 . Le théâtre et le cinéma Français sont en deuil…

Né en 1922 ) Safi au Maroc où il a passé les Sept premières années de sa vie auprès de son père ingénieur des Ponts et Chaussées , puis rejoint la maison familiale dans l’Hérault où le jeune Michel rêve devenir joueur de football , mais après des études au collège et son bac obtenu et une année de droit , il est rattrapé par le STO et à sa libération des Camps de travail , c’est vers le théâtre qu’il se tourne admirateur de Sacha Guitry il part dans la capitale pour s’inscrire au conservateoir National Dramatique . Trois sans d’études et un premier prix de conservatoire lui ouvrent les portes de la Comédie Française en 1950 et débute en jouant Molière ( George Dandin ) et y continuera sa carrière jusqu’en 1957 en jouant les plus grands auteurs Français : Feydeau , Marivaux , Courteline , ainsi que les grands textes dont ceux de William Shakespeare . En même temps que le Cinéma lui fera les yeux doux consécutivement à ses premières apparitions sur scène et il y débutera sous la direction de Maurice Canonge en 1948 et de Jean Devaivre en 1951 .
Désormais sa carrière sera partagée entre les deux disciplines et s’il continue à interpréter des rôles dramatiques et des pièces classiques, il se tournera aussi vers le théâtre de Boulevard . De la même manière qu’au Cinéma où on lui a proposé souvent des rôles de second ordre avant de s’y révéler au premier plan sous la direction d’yves Robert ( La Guerre des Boutons ) , puis trouver la consécration sous celle de Bertrad Tavernier qui lui offre un rôle à contre -emploi , dans Le Juge et l’Assassin (1976 ) où il « éclate » dans une composition magistrale dans le regsitre dramatique que le cinéma ne lui avait jamais offerte jusque là , et qui va lui ouvrir d’autres portes que celles du comédien relégué trop souvent et trop longtemps dans ces rôles, qu’il a qualifié de « de ringards ».

Mais Michel Galabru qui le faisait , il l’a dit , parfois pour des « raisons alimentaires » savait aussi souvent en tirer le meilleur parti .Et le public ne lui a jamais reproché puisqu’au bout du compte c’est aussi ces concessions là qui lui ont permis de persévérer et de contineur à trouver sur son chemin, les rôles sur la scène et au Cinéma , à sa mesure. Sa faconde , sa bonhomie , son humour et cette sincérité qui transpirait de ses apparitions sur le petit écran lors de certains entretiens , c’était ceux- là même qu’il offrait le cœur sur la main au public dans les salles de Theâtre et sur les écrans de Cinéma. Et cette sincérité là , elle ne trompe jamais le Public . Nous pouvons en témoigner pour l’avoir vu sur la scène à quelques trop rares occasions dont notamment une de ses dernières apparitions au Théâtre de Nice en 2010 dans Jules et Marcel d’après la correspondance entre entre Raimu et Marcel Pagnol , mis en scène par Jean-Pierre Bernard . Et souvenez-vous aussi de sa prestation dans le Tatarin de Tarascon mis en scène par le regretté Jerôme Savary en 2012 qui fut diffusé sur France 2. Pour rester sur la scène du théâtre où il a joué dans près de 200 pièces il serait vain et long de tout citer . Mais il y a cotoyé grands textes et grands auteurs auxquels à ceux déjà cités ci-dessus on peut ajouter , ceux de Luigi Pirandello , Carlo Goldoni , Neil Simon, ou encore Ben Johnson pour les auteurs étrangers . Pour ce qui concerne les auteurs Français figurent aussi à son répertoire : Montherland, La Fontaine , Beaumarchais , Alfred de Musset ,Jean Giraudoux, Eugène Iosnesco , Octave Mirbeau … sans oublier les auteurs de ce Théâtre de Boulevard ( Barillet et Grédy, Yves Jamiaque… ) qu’il a servi avec tout autant d’ énergie et de plaisir que de talent .
Ce théâtre qu’il aimait , et auquel il au delà du temps qu’il lui a dédié , il a servi en s’y investissant ( également dans la mise en scène ) , et en jouant les pièces de son fils Jean ( La poule aux œufs d’or , les casseroles ) . mais aussi , en créant en 1984 pour sa fille Emma le Théatre Montmarte -Galabru remettant à neuf la salle du Conservatoire Maubel , ou en créant encore dans les années 1980 « les estivales de Malaucène » dans le Vaucluse , ou en donnant des cours de Theâtre au Theâtre des Variétés et au Gymnase à Paris . Il a été distingué et élevé , en 2013 au grade de Grand Officier de l’Odre national du mérite

Enfin , le cinéma qui lui avait ouvert sa petite porte à l’orée des années 1950 dans laquelle il poursuivra pour plus de 200 films au compteur dont de nombreux « nanars » et autres pochades qui l’ont trop longtemps relégué dans le seul registre du clown comique sans la reconnaissance d’une proféssion qui le ringardisait. Alors il devra attendre longtemps les opportunités pour lui permettre d’apparaître autre chose qu’une silhouette de faire-valoir ( et encore…). c’est Marcel Pagnol qui lui ouvrira un petit chemin avec Les Lettres de Mon Moulin dans le Sketche Maitre Cornille ( 1954 ) , suivi par Marc Allégret ( Les Affreux /1959 ) et Yves Robert qui lui offre le rôle du père Bacaillé dans le grand succès public que fut La Guerre des Boutons ( 1962) . Quelques frémissements qui se feront sentir , prolongés par le premier Gendarme de St Tropez de Jean Girault (1964 ) qui aura plusieurs (6 ) moutures . Dans le Rôle de l’adjudant Gerber il y fait merveille aux côtés de Louis De Funès , Jean Lefebvre et Christian Marin . Puis c’est Jean-Pierre Mocky qui va lui offrir le beau rôle du notaire , Maître Laprise dans la bourse ou la Vie (1965 ) et avec lequel il tournera à sept reprises ( Un Linceul n’a pas de poches , La Grande Léssive …) . dès lors Michel Galabru qui a gagné les galons qui permettent de lui ouvrir les premiers rôles étant devenu » bancable » , va voir s’offrir des rôles de tête d’affiche et plus étoffés ( le Viager de Pierre Tchernia , ou La Valise et Quelques Méssieurs trop Tranquilles de Georges Lautner ) , mais reste toujours cantonné dans le seul registre comique et de la » tronche sympatique » et bonhomme . Un Frémissement se fera sebtir avec le rôle du Magistra Gourmet dans Section Spéciale de Costa-Gavras (1974) qui annonce les prémices d’une mutation qui lui permetra de révéler l’autre visage de son talent sur grand écran , celui du clown triste dont Bertrand Tavernier avait vu en lui la dimension dramatique et humaine qu’il pouvait insufler à son jeu . Celle dont il avait besoin pour incarner le personnage du sergent d’infanterie Bouvier réformé pour ses pulsions violentes , exprit simple et exalté qui va devenir un assassin dans le Juge et l’Assassin( 1976). Banco !, Michel Galabru y fait merveille et y est bouleversant face à Philippe Noiret , il y surprend à la fois le public et la proféssion qui l’honore du César de Meilleur Comédien ( en 1977 ). La reconnaissance de la proféssion lui offre désormais un nouveau statut , et le public qui adopte le nouveau visage du comédien, fait un triomphe au film…

Le Comédien trouve alors des rôles plus à sa mesure même s’il continue à cachetonner de temps en temps , mais les cinéastes de renom prendront désormais aussi le relais et le voudront dans des films ambitieux qui offrent le pendnat aux comédies populaires dans lesquelles il continue à tourner ( chez Michel Audiard , Michel Gérard , Jean Girault , Georges Lautner , claude zidi , ou Edouard Molinaro pour La Cage aux Folles … et bien d’autres ) . les grands cinéastes reconnus , en effet vont désormais faire aussi appel à lui , comme l’italien Luigi Commencini ( qui a tué le chat ?/ 1977), Pascal Thomas ( confidences pour confidences / 1978 ) , Jean Marbeuf ( Genre Masculin /1978 ), Bertand Tavernier le rappelle pour Une semaine de vacances (1980 ) , l’italien Dino Risi le veut aussi ( Je suis Photogénique / 1980 ) , Alain Corneau également ( le Choix des Armes / 1980 ) et Roger Coggio ( pour le Bourgeois gentilhomme et les Fourberies de Scapin / 1981 ) . S’ajoutent : Jean Becker ( l’été meutrier / 1983 ), Bertrand Blier ( Notre Histoire / 1984 ) , et meme Jean-Luc Godard aussi ( Soigne ta droite /1987 ) . Et encore d’autres grand rôles suivront, comme celui dans Uranus de Claude Berri (1990 ) même si ses apparitions sur le grand écran deviennent moins nombreuses accaparé qu’il est à nouveau par le théâtre , on le retrouve dans de beaux rôles chez l’Espagnol Fernand Trueba ( La belle époque / 1992) , chez Bertand Blier ( Mon Homme / 1996 et Les Acteurs / 2000 ) ) . Si personne n’a oublié son apparition dans Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon ( 2008 ) ou celle dans le Petit Nicolas de Laurent Tirad (2009) , c’est une cinéaste de la jeune génération Katell Kileveré qui lui offre l’un de ses plus beaux et dernier rôle au cinéma , celui du grand-père dans Un Poison Violent ( 2010 ) .
Voilà , le clown comique qui a fini par revéler son double triste ( celui des grands comédiens qui ont su passer d’un registre à l’autre ) et gagner le cœur d’un très large public . Très Marqué par la mort de son frère Marc en 2014 , puis par celle de son épouse , Claude, en Aout 2015 , c’est dans la paix d’un départ sans douleur dans son sommeil qu’il est allé les rejoindre , nous laissant à nous spectateurs les images de ses petits, et surtout , grands rôles . Merci Monsieur Galabru de nous avoir accompagnés si longtemps …
(Etienne Ballérini)
[…] Source : Cinéma / Disparition : Michel GALABRU , “Comédiante , Tragédiante”. […]