Présenté en Mai 2015 en compétition au Festival de Cannes, le film de La cinéaste sur le théme du délitement d’un couple , s’était retrouvé au Palmarès avec le Prix d’interprétation pour son interprète principale ,Emmanuelle Bercot . Il sort cette semaine dans les salles , on vous propose de retrouver notre réaction « à chaud » lors de sa présentation sur la croisette, augmentée de quelques ajouts ….

Après son Polisse (2011) la comédienne -cinéaste revient avec un sujet plus intimiste ,ou toutefois , le « choral » s’invite à plusieurs reprises au cœur de l’histoire d’amour tumultueuse entre ces deux êtres si loin, si proches, que vont devenir Tony ( Emmanuelle Bercot) et Giorgio ( Vincent Cassel ) , tous deux remarquables. C’est un accident de ski ( rupture totale des ligaments ) qui rend Tony dépendante des soins et de la longue rééducation qu’elle va devoir effectuer, qui va déclencher chez elle le retour et la réflexion sur une liaison qui va prendre des allures d’une passion irrépressible et « toxique », qui va les entraîner dans la haine destructrice , qui lui fait écho avec ses rabibochages et ses déchirements qui finissent par éteindre la flamme et ouvrir le chemin d’une répulsion définitive . Pourquoi le couple en est-il arrivé là ? .L’accident de Tony est-il un simple accident où le révélateur d’une envie d’en finir pour elle , ou est-il, via le passage de la longue rééducation , l’opportunité de retrouver en même temps que son intégrité physique , le chemin d’une intégrité personnelle définitivement libératrice de la dépendance subie ?. Maïwen inscrit d’emblée au cœur de la rencontre dans la boîte de nuit et au cœur de l’intimité qui s’installe le décalage qui existe entre ces deux êtres si différents , dont témoigne la belle scène de la double confession de leurs « blessures intimes » qui s’inscrit au cœur de leur première nuit d’amour …

Dès lors , toutes ces questions qui s’inscrivent au long du récit du « désamour » et de ses péripéties , trouvent dans celles-ci un début de réponse dans cette « intimité » extrême qui les réunit et qui va finir par défaire le couple . De la rencontre dans la boîte de nuit avec ce « Roi » séducteur et calculateur , parfois imprévisible aussi , fêtard et porté sur les femmes et quelques autres addictions . Un macho qui sait être tendre et multiplie les affaires dont certaines « floues » qui lui valent des saisies . Mais, en affaires comme en amour , il a le don de rebondir . Il a ses blessures secrètes et ses zones d’ombre , et il aime garder une certaine indépendance . Il fait tout pour avoir ce qu’il veut ( se marier, un enfant ) et pour le garder, comme l’illustrent les rapports de forces dont il joue avec comme otage cet enfant qui va déchirer le couple pour la garde. Maïwen filme ces « joutes » amoureuses ou destructrices au plus près de ses comédiens avec virtuosité des mouvements de caméra et des dialogues, laissant libre -court à une certaine improvisation ( de jeu ) destinée à apporter la note juste , authentique à la fois des mots et des comportements qui surgissent au cœur d’une situation jouée qui fait écho à la réalité d’un vécu dont le ressenti du jeu répété, finit par trouver par le lâcher prise , les failles des émotions et des enjeux qui les animent. Et puis , il y a ce regard « distancié » qui s’installe aussi par la forme du récit en Flah-backs qui permet à la réalisatrice d’offrir , à Tony d’avoir « un double regard sur elle et sur Girogio , en revisitant les moments de leur histoire . C’est l’occasion pour elle de se reconstruire en sortant du centre, elle est une sorte de résilience » , dit-elle .

Celles des tensions et des moments de tendresse ou de bonheur qui distillent l’intimité se retrouvent aussi dans les séquences collectives où la « choralité » toujours gardée dans le cadre ou laissant la place aux a-partés , offre au récit un écho dynamique et enrichi par ses apports, l’intimisme du couple dans lequel ils interfèrent. Mais ils ouvrent aussi la voie à la double guérison évoquée ci-dessus de Tony , via le relationnel qui s’installe entr’elle et le groupe de jeunes du centre de rééducation , des jeunes des cités avec qui , encore , la belle dynamique chorale de partage s’installe « ils sont aussi blessés qu’elle », relève Maïwen . Ils lui permettent de voir la vie autrement , de s’investir totalement dans sa dure rééducation physique , dont la réparation du corps se fait miroir, de celles de la réparation de la blessure du cœur. Tony se sent bien avec eux et voit la vie d’une autre manière , que complète, le rapport solaire avec son frère ( Louis Garrel ) qui va , lui aussi, lui ouvrir la route pour la conquête de son indépendance … Celle que va lui donner au travers de son combat de reconstruction physique , la force morale , aussi , de reconsidérer son point de vue sur son passé et sa vie avec Giorgio. Une double guérison nécessaire .
MON ROI de Maïwen- 2015- Sélection coméptition Officelle Festival de Cannes –
Avec : Vincent Cassel , Emmanuelle Bercot ,Louis Garrel , Patrick Raynal , Isild Le Besco… .
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