Cinéma / MISSION : IMPOSSIBLE – ROGUE NATION de Christopher McQuarrie.

La cinquième adaptation cinématographique de la célèbre série Télé renoue avec la tradition et les origines des celle-ci pour nous offrir un spectacle à la fois plein de bruit , de fureur et d’action où le spectaculaire et l’aventure se marient , avec subtilité , dans un récit qui multiplie les manipulations de toutes sorte et les double-jeux dans une intrigue qui fait , aussi , la part belle aux personnages dont la part de mystère, est explorée laissant sourdre le chaos du monde. Un pur film d’action et de divertissement, comme on les aime…

l'Affiche du Film
l’Affiche du Film

Rien ne va plus pour MIF ( Mission Impossible Force ) qui se retrouve dans le collimateur de la CIA et des autorités qui reprochent à ses agents à la fois de leur indépendance et leurs méthodes de « têtes brûlées », qui amènent le patron de la CIA ( Alec Baldwin , intraitable) à demander le démantèlement du célèbre réseau conduit par Ethan Hunt ( Tom Cruise) qui va se retrouver hors -la-loi . Si la CIA a décidé de « neutraliser » MIF et son homme fort, ce dernier qui n’en est pas à un défi près, va continuer à conduire son combat dans l’ombre avec le soutien de ses plus fidèles co-équipers  dont  William Brandt   ( Jérémy  Renner ) , Luther Stickell (  Ving Rhames  ), Benji Dunn ( Simon Pegg )  qui refusent également de baisser les bras dans le combat  et qui le rejoignent  dans la clandestinité , contre cette organisation terroriste « le syndicat » qui veut mettre à feu et à sang la planète par ses actions. Et  qui , pour le faire, s’est attachée  dans ses rangs des anciens agents secrets expérimentés toutes catégories pour mener leurs actions. Une situation rendue déstabilisante pour Ethan Hunt et ses amis qui vont devoir faire face à un double ennemi dont ils sont devenus la cible. Désormais leur survie, sur le fil du rasoir , ne tient plus qu’à la réussite de leur plan  seul capable de renverser la donne : démasquer l’existence du syndicat et le mettre hors d’état de nuire. Une Mission devenue encore un peu plus impossible pour Ethan Hunt ? , c’est à voir !. En tout cas , la séquence de l’avant-générique qui ouvre le film avec un détournement original de la scène du message de la fameuse bande avant sa destruction , est déjà un indice de la complexité du combat qui attend notre héros …

Ethan Hunt ( Tom Cruise ) accroché à l'avion des terroristes
Ethan Hunt ( Tom Cruise ) accroché à l’avion des terroristes

C’est au cœur de cette situation que le cinéaste Christopher McQuarrie ( qui a collaboré a deux réussites de films d’action et de genre (  le superbe Usual Suspects de Brian Singer et  Edge of Tomorow de Doug Liman) a fait le choix de revenir aux « fondamentaux » de la série, à laquelle il redonne une vitalité nouvelle en l’habillant d’une mise en scène de la modernité et des références cinématographiques qui l’accompagnent . Un habillage habile qui permet de renvoyer le spectateur à une forme de divertissement populaire traditionnel dosant les ingrédients de l’action et du spectaculaire , avec ceux d’une intrigue qui multiplie les jeux de pistes et les retournements habituels du polar et du film d’espionnage, auxquels sont identifiés des personnages emblématiques dont Ethan Hunt ( Tom Cruise ) revêt la figure , complétée par celle d’une héroïne féminine, Ilsa Faust (Rebecca Fergusson ) l’agent britannique infiltré, trouble et énigmatique à souhait, dont le nom (Faust ) laisse , d’emblée planer les interrogations. Espionne solitaire infiltrée ,  dont le double-jeu du mystère que vient compléter celui de la séduction , renvoie également aux codes du genre dont l’auteur parsème le film de références ( à Alfred Hitchcock , John Huston ou Michaël Curtiz ) qui ne laisseront par les spectateurs et les cinéphiles insensibles . Et un dépaysement      ( de Londres à Vienne et jusqu’au Maroc  ) pour une guerre froide moderne à vous donner des Sueurs froides ( Hitchcock ) tout au long d’un parcours aux mille dangers, où les affrontements spectaculaires et psychologiques sont habilement dosés pour nous offrir le spectacle d’une guerre de l’ombre implacable, qui mine de rien,  nous renvoie quelque chose sur l’état d’insécurité du monde d’aujourd’hui.

Le directeur de la CIA ( Alec Baldwin ) et Beni Dunn ( Simon Pegg )
Le directeur de la CIA ( Alec Baldwin ) et Beni Dunn ( Simon Pegg )

Nous avons aimé cette conduite de récit habile et d’autant plus efficace qu’elle inscrit le spectaculaire dans la continuité d’une logique de récit,  qui renvoie celle de nombreux blockbusters récents , à l’indigence de leur scénario . Ici le jeu de dupes ( comme dans Le Faucon Maltais/ 1941 ou La lettre du Kremlin / 1968 ,de John Huston ) , de  masques et  de doubles, s’inscrit dans la réalité d’une surenchère et d ‘une technologie que les deux camps utilisent pour faire pencher la balance de leur côté. Et dès lors,  les séquences d’affrontement s’inscrivent dans un contexte de virtuosité ( l’intrusion dans l’avion des terroristes, la tentative de meurtre à l’opéra de Vienne pendant la représentation de  Thurandot , la plongée sous- marine pour infiltrer le système ennemi , la spectaculaire poursuite à moto dans les rues de Casablanca …ou encore les séquences de tortures ) qui mettent en jeu ( et en questions ),  le thème du super -héros emblématique et mythologique dont le cinéma n’a cessé de perpétuer,   hier  ( les super-production ) et aujourd’hui ( les blockbusters ) dans l’imaginaire des spectateurs, les portraits . En même temps que celui-ci trouvait , son reflet- miroir humain , dans des œuvres plus subtiles et ambitieuses des auteurs d’hier cités ci dessus , et dont les influences nourrissent -encore – heureusement , certains cinéastes d’aujourd’hui . C’est le cas de Christopher McQuarie dont le Mission : impossible -Rogue Nation , s’en est nourri , pour nous offrir un portrait bien plus subtil qu’il n’y paraît d’un Ethan Hunt dont l’image du héros indestructible , est mise à l’épreuve à la fois de l’ennemi … et du temps, celui de la série cinématographique dont  sa silhouette physique avec ses transformations, traverse les cinq moutures de 1999 à aujourd’hui .

Jerémie Renner et Tom Cruise en action
Jerémie Renner et Tom Cruise en action

D’ailleurs au delà de l’idée , passionnante , de confronter Ethan Hunt à sa propre mythologie, via un Tom Cruise héros vieillissant devant assumer ( assurer ) son statut de super-héros , avec l’idée de renouveler et d’enrichir la thématique de la série par l’introduction dans le récit , de personnages qui y font écho- miroir, par leur dimension d’archétypes, est un  choix  du cinéaste . Elle traduit , sa volonté de l’enrichir et de la renouveler par des personnages qui apportent une dimension nouvelle et en même temps s’inscrivent dans la dramaturgie destinée à faire contre-poids au personnage du héros traditionnel. Si le personnage de Salomon Lane ( Sean Harris ) le méchant qui défie Ethan Hunt est  déjà une figure du genre , il apparaît ici en tout cas,  comme un véritable danger de « contrepoids physique »  voulu par  le cinéaste , au   héros positif traditionnel . Et les séquences de leurs affrontements, reflètent remarquablement cette fragilisation physique qui menace Ethan Hunt . Mais c’est surtout le personnage féminin , celui Ilsa Faust , auquel le récit offre une place déterminante de premier plan  qui constitue une véritable première dans la série  « j’avais envie d’un personnage féminin qui puisse être l’égal de Hunt. jusqu’à présent les personnages féminins n’ont eu qu’un rôle fonctionnel dans l’Univers de l’IMF. Avec avec Ilsa Faut on a poussé le curseur un peu plus loin » , explique le cinéaste . Et celle-ci par sa belle ( et talentueuse ) présence, offre a Ethan Hunt le héros masculin , le contrepoids féminin d’une héroïne qui n’a rien à lui envier. Et la romance que Christopher McQuarrie   y  installe installe avec  un  visible  clin d’oeil  amusé  , trouve dans son développement une originalité , dont on vous laisse découvrir le plaisir d’un récit qui s’aventure à explorer,  le jeu des rôles  et de séduction , qui s’attache à celui des sexes…

Tom Cruise et Rebecca Fergusson
Tom Cruise et Rebecca Fergusson

Et c’est la réunion de ces trois personnages dans une de lutte d’influences dans le jeu de rôles de premier plan , qui fait la saveur et l’excitation du film dont  celui de la mise à l’écart d’Ethan Hunt par ses supérieurs , est un des éléments moteurs  et  majeurs  de l’intrigue.  La  remise en question du super-héros  et la mise en abyme de celui-ci  devient alors , passionnante . Les auteurs le confrontant à la fois à sa propre destinée mythologique , via un double défi physique et sentimental . C’est la belle idée du film qui ménage ses surprises et nous y entraîne dans le respect des codes de la série dont il nourrit par la complexité et par l’exploration des nouveaux archétypes de personnages qui enrichissent le récit par les interrogations qu’elles soulèvent . Dès lors , le plaisir du divertissement agrémenté d’un récit subtil récit de mise en abyme, n’en est que plus grand …
(Etienne Ballérini)

MISSION : IMPOSSIBLE- ROGUE NATION de Christopher Mcquarrie -2015-
Avec : Tom Cruisie , Rebecca Fergusson , Alc Baldwin , JéremyRenner, Ving Rhames, Simon Pegg, Sean Harris  …

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