Le Cinéma Français à l’honneur avec La Palme d’or à Jacques Audiard Pour Dheepan et les prix d’interprétation Féminine et Masculine respectivement pour Emmanuelle Bercot et Vincent Lindon . Les deux cinéastes qui ont proposé des œuvres les plus originales avec des choix de mise en scène rigoureux, Yorgos Lanthimos ( The Lobster ) et Lazlo Nemes ( Le fils de Saul ) ont étés justement récompensés . De même que le grand cinéaste Taïwanais Hou Hsiao Hsien et son superbe film The assassin , à la beauté formelle époustouflante qui a reçu le prix de la Mise en scène mérité. Tandis que l’émouvant film de Michel Franco Chronic , sur l’aide -soignant des personnes en fin de vie est récompensé par le Prix du Scénario . Le favori des festivaliers et de la presse, Nanni Moretti totalement oublié , comme ses compatriotes Sorrentino et Garrone…

Cérémonie du Palmarès – Jacques Audiard et ses interprètes: Palme d’or 2015 pour Dheepan ( Photo AFP / Valéry Hache ) )
Impressions sur le Palmarès :
On a aimé la nouvelle présentation par Lambert Wilson de la cérémonie qui a intégré des moments de pause avec Benjamin Clémentine rendant hommage musical aux Frères Coen ou , le Comédien JC Reiley poussant la chansonnette . On aimé aussi l’hommage dansant et visuel aux frères lumière et à Georges Méliès , ainsi que celui à Jean Zay le créateur du festival qui va se retrouver au Panthéon . Tout commme le bel hommage ( standing ovation ) et la palme d’honneur à Agnès Varda , très émue qui a déclaré « elle sera à côté de celle de Jacques ( Demy ) …cette palme je la reçoit comme une palme de résistance et d’endurance, c’est le cinéma libre qu’on reconnaît », et qui a passé le message aux jeunes cinéastes pour qu’ils suivent son exemple .
On savait ( et on l’avait dit ) que la qualité d’une sélection qui était en déça de celle de l’année dernière et qui avait divisé sur de nombreux films les festivaliers , allait forcément réserver des surprises et des déceptions. La nôtre sera sur l’absence de Nanni Moretti dont son Mia Madre avait fait l’unanimité et qui est certainement un des ses plus grands films , de la même manière que l’on regrette delle au palmarès de l’un des films les plus formellement travaillés et mis en scène , celui du Chinois Jia Zhang-Ké qui fait un constat amer sur son pays .
Alors, le jury a fait ses choix cherchant à doser les récompenses parmi les films qui étaient au dessus du lot , on aurait aimé qu’il fit un choix plus osé et plus radical en imposant peut-être au sommet , le film Le Fils de Saul de Lazlo Nemès ,
qui a le plus marqué les esprits par son sujet, l’extermination dans le camp de concentration d’ Auschwitz -Birkenau à laquelle un groupe de déportés juifs polonais forcé d’assister les nazis dans les basses besognes dans les crématoriums, est restituée par le regard de l’un d’entr’eux . Distanciation et réflexion sur le fond et la forme que le jeune cinéaste Hongrois ,dont c’est le premier , film porte avec une dignité du regard extraordinaire » on a essayé de trouver des nouvelles formes pour évoquer un sujet grave , la destruction des juifs d’Europe , on a voulu s’adresser aussi aux jeunes générations » , a-t-il déclaré lors de la réception de son trophée , Grand-Prix du Jury . C’est à un autre regard original qu’est allé le Prix du scénario ( The Lobster du Grec Yorgos Lanthimos) , osant l’audace et le conte burlesque fictionnel sur le choix du couple ou de l’animalité.

Les prix d’interprétation Masculine et féminine ont été aussi l’élégante manière de pointer l’attention sur les qualités des films qui auraient pu prétendre à un autre sort . comme le Carol de Todd Haynes par exemple pour sa mise en scène… et distingué par le prix d’interprétation féminine ) à Rooney Mara face à Cate Blanchett .Un prix d’interprétation féminine récompensant aussi Emmanuelle Bercot épatante dans Mon Roi de Maïwen face à Vincent Cassel . Jeu de chaises musicales aidant , le très émouvant et réussi parcours de l’aide-soignant dévoué aux malades en phase terminale ( Chronic de Michel Franco ) dont la tonalité rappelle le cinéma d’Haneke (Amour) s’est retrouvé distingué par un prix du scénario .
On s’attendait à une Palme surprise , elle le fut d’une certaine manière puisque le film Dheepan de Jacques Audiard qui avait été diversement réçu lors de sa projection et dont nous avions dans notre Journal quotidien du Festival évoqué, les réserves dont il avait été l’objet sur certains aspects du récit et de choix qui ne mettent cependant pas en cause la qualité du film , ni de son travail . On est bien sûr heureux pour le cinéaste du Prophète qui la remporte , et dont la qualité du travail et de son cinéma se retrouvent récompensés au sommet avec Dheepan , qui évoque le parcours d’une famille de réfugiés Sri lankais fuyant la guerre civile , se retrouvant sur le sol français pour y reconstruire un avenir et vont devoir affronter quelques difficultés. Jacques Audiard comme dans ses films précédents , joue sur la dynamique du réalisme et flirte avec le film de genre , via le parcours de son héros Dheepan confronté à un nouveau défi , et dont les souvenirs de la violence et de la guerre qui le hantent va se retrouver confronté à une atmosphère de violence de banlieue qui les ravive . C’est cet argument de scénario qui a déclenché une certaine gêne sur la partie finale du parcours du héros ( on ne la révèlera pas… ) qui la fait sembler un peu forcée …sans pour autant qu’elle entache totalement la force et l’éfficaité d’un propos d’ensemble qui interpelle sur les violences qui gangrènent les sociétés et font basculer les individus dans des tragédies et finissent par réveiller les mauvais instincts …

Bilan : Une édition en demi-teinte …
il y avait l’attente , et le bilan est finalement mitigé vis à vis d’une sélection dont le niveau s’est sans conteste révélé bien inférieur à celui de l ‘année dernière. Parceque hormis Nanni Moretti ( salué unanimement par le public et la critique ) , quelques favoris ou attendus ont déçu, Parce que les révélations ont été rares , Parceque les ousidres attendus ont divisé même si les qualités de certains étaient au rendez-vous ,et enfin les révélations ont été rares …
Les avis étaient quasiment unanimes sur ce point et on sucité bien des intérrogation,chez les Festivaliers et cinéphiles comme chez les journalistes spécialisés , sur un Fetsival qui est devenu le baromêtre de la création mondiale dont il est la fenêtre la plus regardée par le rententissement que celle-ci peut avoir dans le monde entier. Rares ont étés les films qui ont fait l’unanimité et les débats qui’ils ont suscité entre partisans ou défenseurs étaient d’ailleurs significatifs via les questions qui étaient posées , sur l’absence d’ambitions de certains ou sur une tendance à céder à la facilité pour d’autres. C’est bien au cœur la question de la créativité et l’originalité qui s’y retrouvaient pointées, lorsqu’on faisait remarquar en référence à la sélection 2014, la rareté des propositions artistiques réellement novatrices qui avaient soulevé les passions Lors de la précédente édition .

Seuls, Le grec Yorgos lanthimos avec The Lobster et le Hongrois Lazlo Nemes avec Le Fils de Saul, y ont échappé ,qui ont su prendre des risques de récit et fait des choix radicaux de mise en scène. Les interrogations se sont portées également sur une sélection Française (5 Films sur les 19 sélectionnés ) dont la question sur l’abondance a été posée par de nombreux observateurs arguant du fait que la qualité et le niveau d’ensemble ne justifiait peut-être pas une aussi importante participation. Débat Franco -Français ou pas ?…auquel le Jury est resté insensible d’autant qu’il n’est pas moins vrai que , celui-ci , sur la qualité des œuvres peut s’étendre à de nombreux films de cinéastes reconnus d’autres pays dont la baisse de régime ou d’ambition ( Gus Van Sant , Denis Villeneuve ) a été relevée , ou ceux dont les choix de récit ont suscité des réserves , comme les Italiens Sorrentino ou Garrone ( pas chez nous! ) dont pourtant les qualités intrinsèques de leur travail sont indéniables . La méforme passagère d’un créateur qui ne peut pas toujours être au « top », n’est pas forcément , signe de déclin… d’ailleurs ,les débats suscités étaient intérréssants parcequ’ils interpellaient le plus souvent sur l’état du cinéma et sur la capacité de celui-ci à trouver des réponses et à offrir des perspectives nouvelles dans un monde où la diffusion de l’image par la multiplcité des supports , devient une question de survie pour le Cinéma, interpellant sur les moyens et les méthodes de distribution à réinventer.
Il est d’ailleurs significatif de les retrouver ces interrogations, face à des films qui à la fois ont suscité le débat mais aussi la reconnaissance d’un travail de recherche formelle formelle ou de
récit , comme cela a été le cas avec la radicalité picturale du travail sur l’image digne des plus grands peintres chez Hou Hsiao Hsien ( The Assassin) , ou celle de Jia Zhang-Ké , avec Mountains May Depart , dont les choix de récit et de mise en scène est en totale adéquation avec le désenchantement du regard sur son pays et une société moderne qui détruit les individus . De même que l’adhésion au cinéma de Todd Haynes qui allie dans Carol , superbe portrait d’un amour interdit dans l’Amérique profondes des années cinquante, et dont la modernité de la mise en scène et du regard , fait mouche . Ce dernier qui, depuis Loin du paradis n’hésite pas à bousculer les idées et à diversifier les expériences ( Sa mini-série Mildred Pearce pour la TV) semble en parfaite connexion de qualité avec l’exigence d’une cinéma moderne en prise avec l’attente du public .

Alors forcément, pendant douze jours l’attente sur la qualité des œuvres scrutées par le regard des proféssionnels ( producteurs, distributeurs , exploitants et journalistes ) d’une sélection faite sur la production d’une année des films venus du monde entier est forcément très grande . Car leur accueil et leur retentissement conditionne forcément les investissements sur les futurs projets , le cinéma étant une industrie avec ses exigences, les œuvres qui en sont l’aboutissement se font aussi révélatrices de la « santé » de celle-ci , comme de la créativité des artistes dont les tendances ( et exigences ) artistiques et les préocupations , par leurs récits et sujets , se font le miroir de celles des individus confontés à un contexte social et politique ,et, a des questionnements sur les difficultés quotidiennes , sur les relations et rapports sociaux , la confrontation à la misère , aux violences , au racisme ou au rejet , sans oubliers les fléaux de la guerre ,de la misère ou du terrorisme , qui provoquent les flux migratoires.
Les créateurs témoins de leur temps qui scrutent la société et l’âme humaine et y cherchent aussi l’espoir , la beauté et la poésie des luttes pour la survie , l’amour et autres remèdes contre l’indifférence , la violence et la haine . Même si on aurait souhaité parfois une qualité et une ambition plus forte dans la démarche artistique et le regard , celles-ci , ont été présentes à des titres divers dans les œuvres présentées cette années en Compétition comme dans la section Un Certain Regard
C’est bien là l’éssentiel…la volonté est là , à l’industrie qui doit les rendre plus efficaces et attrayantes, de lui donner les moyens qui puissent l’élever au mode majeur …
(Etienne Ballérini )
Palmarès Officiel :
Palme d’or : Dheepan de Jacques Audiard
Prix de la mise en scène : The Assassin de Hou Hsiao Hsien
Grand Prix du Jury : Le Fils de Saul de Lazlo Nemes.
Prix du Jury: The Lobster de Yorgos Lanthimos
Prix du Meilleur scénario : Chronic de Michel Franco .
Prix dinterprétation masculine : Vincent Lindon pour La Loi du Marché de Stéphane Brizé.
Prix d’interprétation Féminine ex aequo : Rooney Mara pour Carol de Todd Haynes
et Emmanuelle Bercot pour Mon Roi de MaÎwen
Prix Caméra d’Or : La Tierra y la sombra de Cesar Augusto Acevedo.
Palme d’or du Court métrage : Waves 98 d’ Ely Daghes.
Palmarès Un Certain Regard :
-Prix Un Certain Regard : Beliers de Grimur Hakonarson .
-Prix du Jury : Soleil de Plomb de Dalibor Matanic
-Prix d ela mise en scène : Vers l’Autre rive de Kyoshi Kurosawa
-Prix Un Certain Talent:Comoara de Cornéliu Purumboiu.
-Prix de l’Avenir , ex aequo : Masaan de Neeraj Ghaywn et Nahid d’Ida Panahandeh .
( Etienne Ballerini )