Cinéma / Journal de CANNES 2015 ( No.7 )

Après son Succès à la Semaine de la critique et en salles de La Guerre est déclarée , Valérie Donzelli était hier en compétition avec Marguerite et Julien une histoire d’amour et d’inceste ; Le cinéaste Canadien Denis Villeneuve remarqué par Incendies (2011) y est venu avec Sicario un thriller situé au Mexique où il est question de groupe d’intervention d’ élite pour traquer les trafiquants de drogue. A la Section un Certain regard le cinéaste Philippin Brillante Mendoza y a évoqué dans son film Paysage après la bataille les conséquences du Typhon qui a dévasté l’île en 2102.

Une scène de  Marguerite et Julien de  Valérie  Donzelli.
Une scène de Marguerite et Julien de Valérie Donzelli.

Marguerite et Julien de Valérie Donzelli ( Compétition)
Le cinéaste dont les films inspirés de faits divers ou de sa vie personnelle font une grande place aux rapports amoureux et plus généralement à l’amour comme sentiment irrépressible d’attachement entre individus qui peut conduire à tous les excès et à la passion destructrice , ou encore être l’objet , quand il est différent, de rejet et de condamnation par la loi. C’est la découverte par la cinéaste d’un scénario de Jean Gruault destiné à François Truffaut et que est resté à l’état de projet. On retrouve l’univers romanesque des films du Cinéaste de Jules et Jim dans ce récit inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée dans les années 1600, celle de Julien ( Jérémie  Elkaëm) et Marguerite  ( Anaïs  Demoustier ) Ravelt, frère et sœur et enfants du Seigneur de Tourlaville , élevés dans le château familial et qui vivent, dès l’enfance une relation fusionnelle . Lorsque l’âge adulte se profile et que l’on veut marier Marguerite le  pacte  des enfants  » on restera toujours ensemble » , et la liaison qui a pris une autre dimension , va les conduire à refuser de se plier aux volontés et aux conseils de tous; leur signifiant de cesser leur aventure scandaleuse . Refusant de céder et incapables d’envisager la vie l’un sans l’autre , ils vont tenter de fuit et seront pourchassés par la bonne société qui ne peut accepter que le scandale et les mauvaises mœurs la contamine «  dans 10 ans, dans Cent ans , dans Milles ans… il sera toujours impossible d’accepter l’inceste » , dira le l’Abbé de Hambye ( Samy Frey , trop rare..) aux parents inquiets de la proportion prise par les événements.
Valérie Donzelli a choisi de conduire son récit en forme de conte raconté par une jeune fille ( Esther Garrel) aux enfants d’un orphelinat , comme le montre une des premières scènes du film et celui-ci va se poursuivre et intervenir en forme de « fil rouge » . La Cinéaste a également choisi de travailler sur l’imaginaire et de jouer sur la variété des formes de récit où le romanesque côtoie le lyrisme et la Science-fiction, interroge le déterminisme , la transgression , le refus de jugement moral sur la question de l’inceste . Et il y a aussi les références cinématographiques : Jacques Demy et son Peau d’âne par exemple, mais aussi Les amants crucifiés de Kenji Mizoguschi pour la traque et la condamnation des amants maudits. Il y a également l’idée de l’intemporalité qui renvoie à la mythologie des héros , avec ces scènes qui traversent le récit et les époques avec un vieux poste de radio qui raconte la fugue des amants et leur traque qui est faite en hélicoptère , puis les scènes de procès qui  ont une allure moderne…et puis ce final d’un lyrisme « tellurique ». Ce sont des choix de mise en scène osés , que la cinéaste propose au spectateur et mène jusqu’au bout… malgré quelques petites faiblesses de rythme.

Une scène de  Sicario de  Denis  Villeneuve
Une scène de Sicario de Denis Villeneuve

Sicario de Denis Villeneuve ( Compétition )
Le pré-générique prévient sur l’interprétation et le titre du film  » le mot Sicaire vient des zélotes de Jérusalem, des tueurs qui traquaient les romains qui avaient envahi leur patrie . Au Mexique « sicario » signifie tueur à Gages » . C’est donc de Mexique qu’il s’agit et d’un pays confronté au trafics de drogues et aux meurtres entre Cartels, mais aussi du côté des passeurs de cladestins . La zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique est au fil des ans un territoire de non-droit . Pour les autorités des deux pays il s’agit de trouver de s solutions radicales qui permettent d’y mettre fin . Un groupe d’intervention d’élite est ainsi concocté et un agent du Gouvernement ( Josh Brolin ) sera le maître des opérations accompagné par un « consultant » mystérieux ( Benicio Del Toro ) . Celles -ci , pour plus d’éfficacité auront un caractère clandestin . Kate ( Emily Blunt) une jeune femme du FBI qui s’est distinguée ,lors d’une opération musclée quelque temps auparavant est enrôlée dans le groupe et voudra se faire accompagner par un de ses fidèles de mission , lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle est un peu tenue à l’écart de certaines décisions. Et va même se retrouver en conflit concernant les méthodes qui parfois ne tiennent pas compte des « dégâts collatéraux » qu’elles peuvent causer sans compter sur l’illégalité dans laquelle elle sont menées et peut les compromettre . Les tensions se multiplient au cours des opérations , lorsque Kate se sent manipulée et qu’elle comprend que le Consultant semble mener un combat personnel. La remis en question de kate est un des sujets passionnant du film qui interpelle sur «  la fin justifie-t-elle les moyens ? » ,et comme d’autres films récents interpelle sur le sujet « c’est aussi un film sur l’Amérique et et sur la manière dont l’idéalisme se heurte au réalsime auqnd il s’agit d’affronter les problèmes d’autres pays » dit le cinéaste , qui par ailleurs précise « Sicario porte un regard sans concessions du les opération clandestines et les cartels Mexicains » .Dans le constat sur les violences et la criminalité et sur un climat de terreur devenu insupportable pour la population , sur la corruption de la police , sur les cartels devenus des groupes militarisés «  vous ne survivrez pas ici , vous n’êtes pas un loup .Et c’est le territoire des loups maintenant » dira Alejandro le consultant à Kate  . La mise en scène est efficace et l’action qui l’accompagne, ne joue pas sur la surenchère …

Une scène de  Paysage  après la Bataille  de  Brilalnte  Mendoza
Une scène de Paysage après la Bataille de Brillalnte Mendoza

Paysage après la bataille de Brillante Mendoza ( Un Certain Regard )
Le Cinéaste Philippin Prix de la Mise en scène pour Kinatu (2009 ) au Festival y revient dans la section parallèle avec un film un peu différent par rapport à ses thèmes et à son œuvre , mais qui dans un certain sens , les rejoint . Très marqué par les ravages subis par son pays ( Plus de 6000 victimes et près de 30 000 bléssés ) suite au passage du Typhon Yolanda en 2012 , il a voulu son film « comme un hommage aux survivants ». Son film Paysage après la bataille commence d’ailleurs par des images de dévastation qui évoque presque une fin du monde , on y voit un paysage ravagé, où,  presque plus aucune habitation ne tient débout , routes et moyens de communication rendus impraticables , de cultures ravagées par la catastrophe et le passage du Typhon . Le film a été tourné dans l’une des régions, celle de Tacloban , qui a subi cette catastrophe « naturelle » et sous la forme d’un documentaire irrigué pars des moments de fiction , il nous donne à voir un constat surs les événements qui ont suivi et la manière dont la population a réagi , et comment les secours ont pu s’organiser . Parfois dans la difficulté à l’image de l’une des premières scènes qui se déroule dans un des lieux où les premiers secours ont été donnés dans un village de tentes où sont réunis les gens dont les maisons ont été dévastées auprès de lits d’urgence et une aide alimentaire , et , où sont également prodigués les soins aux blessés tandis que le ballet des ambulance transportent les plus graves dans les hôpitaux et que l’ on s’occupe d’évacuer les victimes et préparer les morgues d’urgence pour les obsèques . Dans cette atmosphère d’urgence va se dérouler un autre drame , celui de l’incendie d’une tente dans laquelle se retrouve six membres d’une même famille , ce qui fera dire à une des femmes qui les connaissait « ils auront survécu au typhon , mais pas à l’ incendie , que la paix soit sur eux » . Et le cinéaste nous offre au cœur de cette situation d’après la catastrophe des images de solidarité vis à vis de ceux qui ont tout perdu et à qui on vient en aide et en soutien moral. Les gestes de cette solidarité spontanée , se multiplient et offrent des scènes parfois très touchantes . Dans la tourmente collective il individualise ces gestes de mains tendues,  individuels et révélateurs , et il les prolonge en nous faisant suivre plus particulièrement quelques -uns d’entr’eux , ceux d’une même famille- qui s’y donne avec  dévouement . Le cinéaste y évoque aussi le sort et le drame des paysans de cette région qui ont vu leurs cultures réduites à néant et plongés dans la détresse et démunis . Le cinéaste termine son film par des photographie s et des images de reportage superbes prise juste après le passage du Typhon .

(Etienne Ballérini )

Le Programme de la Journée:
Youth de Paolo Sorrentino ( Compéttion )
Mountains May Depart de Jia Zhang-Ké ( Compétition)
Je suis un Soldat de Laurent Larivière ( Un Certain Regard )
Lamb de Yared Zeleke (Un Certain Regard )
Madonna de Shin Su-Won ( Un Certain Regard )
Love de Gaspard Noe ( Hors Compétition )

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