Romane Bohringer lit « Lampedusa Beach » de Lina Prosa

Il faisait grand beau –  et grand chaud – sur  les coups de dix sept heures, dimanche  à Nice.
Le temps était à la plage, à la  flânerie devant un verre, à être dehors Ce qui n’a pas empêché la salle Michel Simon, au TNN, d’être « jauge comble »  à fin d’assister  à une lecture de Romane Borhinger, à peine prévue d’il y a moins une semaine.

Lina Prosa

Lecture scénographiée, donc nécessitant un minimum  d’espace. Mais devant les 300 personnes, donc «mangeant » un peu la perspective, décision à été prise de reculer le  dispositif scénique afin que tout le monde puisse bénéficier d’une meilleure vue.
Ce texte théâtral est  de Lina Prosa, « Lampedusa beach ».  Lina Prosa, auteur de théâtre, vit à Palerme où elle dirige le Teatro Studio Attrice /Non, espace de recherche théâtrale dans le cadre du Progetto Amazzone (Mythe – Science – Théâtre).
De quoi traite « Lampedusa Beach » ? Une embarcation transportant des réfugiés coule dans le détroit en face de Lampedusa. Alors que la plupart d’entre eux se noient et que le silence se fait, une jeune femme, Shauba, parvient à s’accrocher à ses lunettes de soleil comme à une bouée de sauvetage, le temps de raconter, dans un long monologue à la poésie abrupte, son odyssée : le temps de l’espoir, celui de la préparation, de la traversée et de la mort. Avant de sombrer au fond de la mer, elle trouve la force d’interpeller les dirigeants de ce monde – qu’ils soient européens ou africains – face à la tragédie qu’elle personnifie.
Il  faut dire que ce texte, édité par « Les solitaires intempestifs »,  a été écrit il y a 12 ans, en 2003, et que la triste actualité ne lui enlève un iota de sa contemporanéité. Et ce texte n’est en rien mélodramatique, une sorte de larmoiement,
il emprunte même les voies détournées de l’humour, quand Shauba parle de son « afafafafafrique »
ou qu’elle parle du « cacapipitatalime ». Et Romane Bohringer, robe légère et pieds nus,  en fine diseuse qu’elle est, se délecte de ces constructions imprononçables. Et nous donc !
Au demeurant le talent de  Romane Bohringer, son énergie mais aussi sa tendresse nous font réellement palpiter ce texte.   La mise en espace, s’ajoutant à la mise en voix, permet de chercher tout ce que le corps et l’espace peuvent générer comme possibilités pour donner forme à la matérialité du texte et ainsi favoriser une interprétation.

Romane Bohringer
Romane Bohringer

Personnellement, j’ai une attention pour ce genre de travail. Il est à la mise en scène ce que les dessins préparatoires sont au tableau fini, mais c’est peut-être parce qu’il est fini que, quelque part, il me touche moins que cette non-finitude de l’esquisse. La scénographie de cette mise en espace nous donne juste des éléments symboliques, une langue de sable, une bassine d’eau, une étoile de mer, deux ou trois coquillages… et les fameuses lunettes. Comme des éléments muets de l’histoire à venir.
Dans le fond de la scène, cachée, Irina Brook, surveillant avec bonté celle avec qui elle a partagé nombre d’aventures théâtrales, et qui nous disait être ravie – et un peu étonnée- de nous voir si nombreux, en dépit du temps et du court délai d’information. Madame Irina, vous nous annonceriez un spectacle le matin pour l’après midi même, y aurait-il un orage,  nous serions là.

Jacques  Barbarin

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