Cinéma / KINGSMAN: SERVICES SECRETS de Matthew Vaughn.

KINGSMAN : SERVICES SECRETS de Matthew Vaughn.

Après Layer Cake ( 2006), Kick-Ass (2010 ) et X-Men, le commencement (2011), le cinéaste britannique poursuit son exploration d’un cinéma populaire, en renvoyant en forme de clins d’œil et de pastiche irrévérencieux, la touche « British », aux Blockbusters hollywoodiens. Jubilatoire !

l'Affiche  du  Film.
l’Affiche du Film.

D’emblée, la première séquence du film nous renvoie aux  films d’espionnage d’antan: James Bond, et autres avatars du style, Icpress Danger immédiat de Sidney J.Furie (1965), avec le joli clin d’oeil du casting qui intègre, ici, dans l’histoire Michaël Caine, qui en fut le héros. Et puis, autre clin d’oeil…c’est non pas, par la réussite d’une opération mais par un échec que le récit débute pour nous entraîner dans une histoire de « parrainage » et « d’initiation » au métier d’espion concoctée comme une « dette » à la famille et au jeune héritier dont la mort du père n’a pu être évitée au Moyen -Orient par son compagnon de mission, Harry Hart ( Colin Firth, épatant…si « so British » ).
Autour de l’adolescent, Eggsy ( Taron Egerton, très bien ) gamin de banlieue dont on va « adouber » la marche vers l’apprentissage à un métier d’espion au service de la nation, on retrouve l’une des constantes des films du cinéaste qui, autour du thème de l’adolescence confrontée  aux épreuves et à ses démons, va devoir se construire sa propre identité …et renoncer, aussi un peu, à cette innocence qui berce ses rêves. Ce parcours se retrouve  enrichi par une réflexion ( belles et caustiques séquences ) sur l’intégration sociale à laquelle Eggsy durant la « sélection » va être soumis, devant se mesurer aux « cadors » venus des prestigieuses Universités du royaume !.

Harry ( Colin  Firth)  et Eggsy ( TaronEgerton)
Harry ( Colin Firth) et Eggsy ( TaronEgerton)

On retrouve également, en filigrane du récit, les clins d’oeil et références à toute un « culture » populaire ( cinéma , bande dessinée, musique …) qui a bercé les rêves héroïques adolescents. Et dont le cinéaste et sa scénariste , Jane Goldman, utilisent habilement les clichés et l’aspect rétro pour nous entraîner dans une sorte de « feu d’artifice » de trouvailles et d’idées , qui ne manquent ni de sel, ni de piquant. On se retrouve plongés dans l’univers d’une certaine culture  des années 1960 avec ses « tics » et ses thématiques très marquées sur les « bons et les méchants » qui serait « relookée » aux effets spectaculaires du cinéma d’aujourd’hui, mais  ne perdrait pas cette dimension populaire de divertissement et cet humour décalé, qui permettent d’aborder les thèmes sérieux en gardant la dérision de la satire et le recul nécessaire qui finit par « servir » le sujet .

Eggsy (Taron Egerton  ) soumis aux épreuves...
Eggsy (Taron Egerton ) soumis aux épreuves…

A cet égard , la dimension que va prendre l’initiative du grand super-méchant,  Richmond Valentine (Samuel L.Jackson, irrésistible), renvoie dans sa conception au superbe  Docteur Folamour de Stanley Kubrick (1963). En effet ce « mégalomane » qui, ici, a « trouvé » la solution radicale pour éradiquer, le risque de surpopulation mondiale et le réchauffement climatique, qui  mettent en danger l’avenir de notre planète, se retrouve être le « double » quasi idéal, du terrifiant Dr Folamour incarné par Peter Seller , prêt à utiliser la Bombe atomique ! Dont, ici, les séquences illustrent la folie destructrice du riche homme d’affaire, à l’image de la « tuerie » programmées dans une église, annonciatrice d’autres massacres « télécommandés » par une puce gratuite distribuée aux utilisateurs de téléphones portables !. La technologie moderne et ses dérives ou pouvoirs au service  du terrorisme, vont alimenter une belle « empoignade » entre les deux camps qui vont rivaliser également dans les « formations » au combat, de leurs élites .

De  Gauche  à Droite:  Taron Egerton, Colin Firth, Samuel L.Jackson , Sofia  Boutella
De Gauche à Droite: Taron Egerton, Colin Firth, Samuel L. Jackson , Sofia Boutella

Des séquences très réussies et drôles (on y fustige certaines méthodes), illustrent cette formation notamment dans le camp de l’agence Kingsman (du titre), où est formée l’élite des agents des services secrets .Et cet aspect irrévérencieux qui n’hésite pas,  à maltraiter quelques codes et clichés moralisateurs, offre au récit cet aspect jouissif que les auteurs ont voulu donner au spectacle  en l’enrichissant de ce décalage, utilisé souvent dans la Bande dessinée , et qui renvoie à l’horreur mégalomaniaque, le miroir de sa folie dont on ne peut que se réjouir qu’elle lui explose au visage!. Terroriser la terreur ( superbe final, en feu d’artifice), constitue cette « arme » ultime qui rassure le spectateur. Comme dans la Comedia dell’Arte et ses jeux de rôles, la ruse et l’ingéniosité ( les acteurs devaient être aussi,  adroits physiquement et prêts à répondre à tous les défis, qu’être bons comédiens ) doit venir à bout des fourbes et des intrigants. C’est la base du récit populaire que le cinéma a entretenu en héritage et dont, Matthew Vaughn multiplie les références ( dialogues ) dans son récit et sa mise en scène ( clins d’oeil ) aux films d’espionnage d’hier. Dont il perpétue les vertus , comme Quentin Tarantino, l’a fait avec le Western ou les films de combat. 03-  Michaël  Caine

Et ici, le mordant ( punch) de l’humour Anglais les fustige, habilement, en les renvoyant à leur surenchère d’effets et de violence  ( dont il leur distille ironiquement, en miroir, lors de quelques séquences, son savoir-faire ) qui constituent le plus souvent  ( sauf rares exceptions) leurs seules motivation, ramenant à son niveau le plus bas le divertissement divertissement populaire, par l’absence des ingrédients  originels nécessaires: la tradition du conte et de la satire, saupoudrée de références sociétales aux sujets et thèmes contemporains…

Matthew Vaughn, bonifie la modernité de son récit en s’inscrivant dans cette tradition d’un divertissement populaire au service duquel il intègre tous les éléments, en invitant le spectateur à le suivre, sans retenue , dans les sillage de ses comédiens totalement impliqués dans les jeux de rôles…

Etienne Ballérini

KINGSMAN : SERVICES SECRETS de Matthew Vaughn – 2015-
Avec : Colin Firth, Taron Egerton, Samuel L. Jackson, Michaël Caine , Sofia Boutella….

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s