Natif de Marseille le comédien s’est éteint à l’âge de 93 ans dans sa demeure d’Hollywood. Après des débuts en France il traverse l’atlantique dans les années 1950 où son élégance, son physique et son charme opèrent , les grand cinéastes se l’arrachent, il y deviendra une star et incarnera « le french lover » parfait . Comédien, danseur et chanteur, il aura une carrière (cinéma théâtre et télévision) bien remplie …

Né le 19 juin 1921 à Marseille, Louis Robert Gendre, fils d’henry Gendre et d’Yvonne Jourdan , est attiré très jeune par une carrière dans le cinéma grâce à des rencontres décisives faites à Cannes au Grand hôtel que dirige, alors, son père. Les grands comédiens Français d’alors qui y séjournèrent, comme Raimu , l’impressionnèrent. Et il s’inscrit comme apprenti comédien à l’école dramatique .
C’est en 1939 qu’il obtient son premier rôle dans le Film Le Corsaire de Marc Allégret, film qui restera malheureusement inachevé . Pourtant Marc Allégret ne l’oublie pas qui lui proposera par la suite de devenir son interprète dans Parade en Sept Nuits (1941) , L’Arlésienne et La Belle aventure (1942) , Les petites du quai aux fleurs (1944 ) . S’y ajouteront les propositions des cinéaste français en vue comme Julien Duvivier qui l’engage pour Untel père et Fils ( 1940 ) et Marcel L’Herbier lui propose la comédie du bonheur (1940) , Henri Decoin , Premier rendez-vous ( 1941) .
La carrière de Louis Jourdan est lancée , mais la guerre et l’occupation Allemande qui divisent la France et le cinéma Français vont conduire Le comédien qui refuse de participer aux production de propagande Nazie en zone occupée , à rejoindre et à s’engager dans le Résistance . Son père sera arrêté par la Gestapo….

La guerre terminée ,après deux collaborations avec ses fidèles Marc Allégret et Marcel L’herbier , il décide de céder à l’appel de l’Amérique et du producteur David O’Selznick pour rejoindre le tournage du Procès Paradine d’Alfred Hitchcock (1947) . Désormais Hollywood ne le lâchera plus et les plus grands cinéaste se l’arracheront . Hollywood qui sait très bien utiliser les spécificités des comédiens en fera le nouveau « french lover » utilisant son charme et son physique élégant. Heureusement les grands cinéastes avec lesquels il tourna les meilleurs films auront l’intelligence d’utiliser surtout ses talents de comédien sachant être à l’aise dans tous les registres ( drames , comédies , comédies musicales ) , il est en effet, tout aussi à l’aise dans le rôle de Mannequin, ( pour Cardin ) que sur la scène de Broadway , par exemple en 1954 aux cotés de James Dean dans l’adaptation de l’immoraliste d’André Gide . Ou encore dans les shows Télévisés en vue où il ne dépare pas aux côtés des plus grands d’alors . Après Hitchcock , c’est Max Ophuls et Lettre d’une Inconnue (1948 ) devenu depuis un grand classique qui installe définitivement le comédien . Et les grands rôles , les grands films signés par les grands cinéaste se succèderont sans répit. A Hollywood, adoubé par ses pairs , il s’y fera aussi de nombreux amis, dont Kirk Douglas et Sidney Poitier …

Il sera tour à tour le Rodolphe Boulanger de Madame Bovary ,signé par Vincente Minnelli ( 1949) aux côtés de James Mason et Jennifer Jones . Puis tournera avec Delmer Daves ( L’oiseau de Paradis/ 1951) ,Jacques Tourneur ( La Flibustière des Antilles / 1951) Jean Négulesco ( la Fontaine de nos Amours / 1954) et Charles Vidor ( Le Cygne / 1956 face à Grâce Kelly) sauront l’utiliser habilement dans des production de divertissement populaire de qualité . Mais deux comédies musicales , vont littéralement le propulser au firmament tant il y fait merveille aux côtés des grands comédiens a qui il donne la réplique . Vincente Minnelli qui adapte Gigi d’après Colette réunira un « casting » parfait : Leslie Caron , Maurice Chevalier, et louis Jourdan dont la « French touch» fait merveille servie par la mis en scène élégante du cinéaste. Deux ans plus Tard sous la direction de Walter Lang, ce sera Can-Can qui lui permettra de se hissera au Niveau de Shriley Mac Laine et Franck Sinatra . Et en 1963 le grand Billy Wilder lui offre le rôle du narrateur dans la Comédie Musciale, Irma La Douce aux côtés de jack Lemmon et Shirley Mac Laine .

Deux décennies de rêve pour le comédien qui saura également se montrer présent sur le petit écran désormais devenu aux Usa une « vitrine » indispensable pour les comédiens et le cinéma . Participant a des séries ( Studio One , Playhouse , sur la piste du crime , le plus grand chapiteau du monde, Columbo …) et des dramatiques ( l’homme au masque de fer .. ) ou a des shows célèbres y poussant la chansonnette aux côtés de Judy Garland , Frank Sinatra et Jerry Lewis, entr’autres …
Louis Jourdan saura également « partager » sa carrière entre Hollywood et la France ( ou l’Europe ) où il reviendra régulièrement . Chez Jacques Becker ( Rue de L’estrapade / 1953) , Pierre Gaspard-Huit ( la mariée est trop belle / 1956 avec Brigitte Bardot et Micheline Presle ) , Vittorio Cotaffavi ( les Vierges de Rome / 1961) , Claude Autant Lara ( le Conte de Monte Christo / 1961) , Franco Brusati ( Le désordre / 1961) , Georges Lampin ( Mathias Sandorf / 1963 ), Jean Delannoy ( Les Sultans / 1966 ) , Edouard Molinaro ( Peau d’Espion / 1967) , Michel Vaney ( Pus ça va , moins ça va / 1977)
La carrière du comédien se fait plus discrète à partir du milieu des années 1970 .On le verra dans Banco à Las vegas d’Ivan Passer ( 1978) , La créature du Marais de Wes Craven ( 1983 ) . la même année John Glenn lui propose un rôle a cotre-emploi de méchant dans l’épisode Octopussy de la Série Cinéma James Bond aux côtés de Roger Moore . Sa dernière apparition pour le grand écran date de 1992 sous la direction de Peter Yates dans Year of the Cornet. Il sera fait officier de la Légion d’Honneur en 2010. Deux étoiles sur le célèbre avenue d’Hollywood Boulevard, y immortalisent désormais sa présence.
Etienne Ballérini