Charlie Hebdo est un hebdomadaire satirique. Largement illustré, il est fait de multiples chroniques mais pratique également le journalisme d’investigation en publiant des reportages à l’étranger ou sur des domaines comme les sectes, l’extrême droite, les religions, la politique, la culture…
Il est un des étendards de la liberté d’expression et de la liberté de la presse en France.
Régulièrement menacé par des extrêmistes, il avait même subi un incendie criminel il y a quelques années. Deux dessinateurs étaient constamment sous protection policière. Charlie Hebdo vient de subir ce 7 janvier une attaque terroriste dans ses locaux tuant 12 personnes et faisant de nombreux de très nombreux blessés. C’est l’effroi.

L’an dernier, Numa Sadoul nous avait accordé une interview au sujet de son livre, Dessinateurs de presse. Un dessin de presse, en plus d’humoristique, est souvent satirique, invitant à la réflexion ou à la critique politique ou sociale. Et dans ce livre, il apparaissait que bon nombre de dessinateurs de presse venaient de Charlie Hebdo. Comme Cabu, Charb, Tignous, et Wolinski.
Comme Cabu, Charb, Tignous, et Wolinski….
Cette « bande des 4 » vient de succomber suite à l’attentat contre les

locaux de Charlie Hebdo, ce mardi 7 janvier à 11h30. Le journal était en pleine conférence de rédaction. Pur hasard ? A l’heure où j’écris, à 14h50, douze personnes sont mortes, dont les quatre citées. Les autres noms ne sont pas encore connus*. Parmi les blessés (des dizaines) certains le sont gravement. « Ce dernier moment est le nôtre, et notre agonie est notre triomphe » **. Ces douze sont de véritables martyrs. De la liberté de la presse. De la liberté de penser. De la République. Les courageux démocrates qui ont délicatement opéré à cette action auraient délicatement prononcé, en partant : « Le prophète est vengé » et « On a tué Charlie Hebdo ». Non messieurs, vous avez ôté la vie à 12 personnes, mais pour tuer la liberté, c’est une autre paire de manches. Je suis un athée pratiquant, il va falloir que je devienne un athée résistant.

¡No pasarán!
Jacques Barbarin

* Les identités des autres personnes assassinées ont été annoncées plus tard : Honoré (dessinateur historique de Charlie), Bernard Maris (économiste qui tenait la chronique d' »Oncle Bernard »), Elsa Cayat (psychiatre et psychanalyste qui tenait la chronique « Charlie Divan »), Mustapha Ourra (correcteur), Michel Renaud (directeur du festival « Rendez-vous du carnet de voyage », il était l’invité de la rédaction), Frédéric Boisseau (agent d’entretien), Franck Brinsolaro (policier chargé de la protection de Charb), Ahmed Merabet (policier)
** Phrase prononcée par Bartoloméo Vanzetti après l’annonce de la condamnation à mort, avec Ferdinand Sacco
[…] Chez Ciaovivalaculture […]
Abajo la inteligencia! Viva la muerte! (à bas l’intelligence, vive la mort)
C’est en ces termes que s’exprime le 12 octobre 1936 le général franquiste Millan Astray à l’université de Salamanque. J’ai l’impression que ce genre de profession de foi – si j’ose ainsi m’exprimer- est encore excessivement actuelle au jour d’aujourd’hui.
Pas plus tard que hier, il a même été mis en pratique.
J’aimerai que l’on retourne ce slogan : A bas la mort, vive l’intelligence!
Et vive le rire
Jacques Barbarin