Cinéma / A MOST VIOLENT YEAR de J.C Chandor.

A MOST VIOLENT YEAR de J.C Chandor

Le réalisateur de Margin Call ( 2012 ) et de All is Lost (2013 ), confirme avec ce troisième long métrage ses qualités de cinéaste et de son regard sur la société de consommation , de la corruption et de la violence. Ici, le récit de cet entrepreneur qui veut rester honnête confronté aux agissements mafieux prend , au delà du thriller , la dimension d’une véritable tragédie moderne saupoudrée de dilemmes moraux…

l'Affiche  du  film.
l’Affiche du film.

Si vous avez vu Margin Call , vous avez sans doute étés surpris par la manière dont le cinéaste savait s’immerger au cœur d’un milieu, en l’occurrence , celui des traders en pleine situation de crise confrontés à un crash boursier. Le cinéaste récidivait avec  All is Lost, une histoire de survie d’un homme et de  son voilier  à la dérive  en pleine tempête. Dans chacun des récits cités, ce sont les individus qui se retrouvent confrontés à une situation exceptionnelle dont le cinéaste cherche à percer les réactions individuelles et ( ou ) collectives, laissant sourdre les dilemmes moraux auxquels ils sont soumis et         ( ou ) leur vulnérabilité pour y faire Face. C’est au cœur d’un dilemme  semblable que va se retrouver , ici, le héros , Abel Morales   ( Oscar Isaac, très bien ),  sorte de self -made man qui a réussi au fil des années à monter son entreprise de transport de Fuel, et qui veut la  faire fructifier et accroître ses activités. Pour ce faire , il cherche a remporter un marché auquel ses concurrents sont également sur les rangs , il s’agit d’un ancien port marchand qui permettrait de faire arriver le pétrole directement à quai et prendre  ainsi,  un avantage sur ses rivaux. Mais, en cette année 1981 au cours de laquelle se situe le récit , la gangrène de la violence a envahi la cité ( meurtres , vols, nouvelles mafias en activité ..) et elle touche aussi de plein fouet Abel Morales qui doit faire face aux vols de plus en plus nombreux de ses  camions qui lui servent a acheminer le Mazout. un manque à gagner financier qui met en péril son entreprise …et  mise en  danger de ses  employés  chauffeurs  victimes  d’agressions…

Abel ( Oscar Isaac)  et Anna (  Jessica Chastain)
Abel ( Oscar Isaac) et Anna ( Jessica Chastain)

Voilà ce dernier pris en otage et dans le cercle vicieux d’une situation complexe au cœur de laquelle sa philosophie et son intégrité morale vont être mises à rude épreuve . Pris entre plusieurs feux,  l’homme , qui s’est voulu intègre dans la conduite de ses affaires et n’a jamais cédé aux méthodes fortes,  est en train de devenir vulnérable par les coups répétés des mystérieux voleurs qui s’en prennent à ses camions de transports , et  court  le risque de se laisser entraîner sur la pente dangereuse . D’autant que sa manne financière touchée il  y a danger de perdre le marché ( cet ancien port marchand en question ), qui changerait la donne . Mais ses adversaires se font de plus en plus menaçants , et , comme si ça ne suffisait pas ,  il va se retrouver confronté à une enquête du procureur  ( alerté par la guerre de la concurrence et du vols de camions) qui cherche a établir d’éventuels détournements de fonds qui pourraient en être l’alibi. Abel Moralès comme ses concurrents , est dans le collimateur …
Et voilà donc ce dernier mis en cause par l’enquête qui voit   fondre , la faveur et le crédit  dont il était l’objet  auprès des banques,  etqui va devoir  « trouver »  l’argent nécessaire pour faire face à l’échéance qui le mettrait à l’abri ,  et ferait de lui « un homme de poids  au niveau politique » , comme veut bien le reconnaître le procureur.

Abel ( Oscar Isaac ) et Anna ( Jessica Chastain ) en repas d'affaires
Abel ( Oscar Isaac ) et Anna ( Jessica Chastain ) en repas d’affaires

Dès lors tous les éléments sont en place qui permettent à J.C Chandor de mener , son  exploration des questionnements et des enjeux moraux au cœur desquels son héros se retrouve confronté . Enjeux qui soulèvent la question essentielle liée  à une certaine forme de la réussite entrepreneuriale , celle de  la politique de la mondialisation et des profits,  qui conduit à bien des dérives et autres illégalités . Traders de Margin Call hier, et ici , entrepreneurs , face aux  enjeux  financiers , la marge de manœuvre pour ne pas déraper est-elle possible  à tenir ? . L’enjeu du film est là , et, il est passionnant d’autant que J.C Chandor ménage savamment le suspense et que le thriller prend des allures de règlements de comptes mafieux , tandis qu’insensiblement il nous plonge dans le jeu des rapports de forces et des mensonges qui font fondre la glace des rapports et soulèvent les ambiguïtés. Et la comparaison entre les méthodes d’Abel et celles des Mafieux sont l’objet d’une analyse subtile -sur les moyens de domination employés par chaque camp pour parvenir à ses fins – qui interpelle et fait écho à la défiance qui s’installe entre les principaux impliqués , mais aussi , y compris au sein du couple , d’Abel et Anna ( Jessica Chastain , toujours aussi remarquable ) , couple qui va en subir les contrecoups et faire apparaître  au sein de  celui-ci , les divergences sur les moyens et les méthodes à employer pour protéger, vie privée  ( famille) et publique ( affaires ) .

Abel  en  visite dans  son entrepôt
Abel en visite dans son entrepôt

J.C Chandor qui mène habilement le rythme du suspense   ( le mystère entretenu sur les « pilleurs » de camions) et des séquences fortes d’affrontements ( superbe scène de la poursuite d’un camion volé ) , installe au centre de son récit et de son film, cette réflexion qui prend la dimension d’une tragédie humaine et moderne où il est fait délibérément référence aux masques des ambiguïtés derrière lesquelles chacun se cache ( sa faiblesse et sa fragilité , comme de sa duplicité ) , que renforce la subtilité des dialogues tout  en sous -entendus, servis par le jeu des comédiens ( les attitudes , les regards , les non dits …) , et par les atmosphères qu’installe une mise en scène qui utilise admirablement les décors en relation avec les événements . Ces ombres et ces lumières qui définissent le fil ténu qu’il y a entre l’illégalité et la légalité… et la tragédie qui finit par s’installer à l’image de ce  plan emblématique , d’une coulée de Mazout au sein de laquelle perce un mince  filet de sang…
Qu’en est-il de la réussite sociale ? , est-elle compatible avec la légalité ou est-elle condamnée à se fourvoyer dans les arrangements im ( moraux ) qui ne peuvent que laisser la place à toutes formes de violence mettant hors- jeu la loi , l’éthique et la probité.  Abel , est tout entier confronté à ce drame là … dont on vous laisse découvrir bien des subtilités et des aspects que l’on a suggérés à votre attention, afin de de pas vous priver du plaisir que nous a procuré la vision du film , plaisir que nous sommes sûrs, vous partagerez .

(Etienne Ballérini)

A MOST VIOLENT YEAR de J.C Chandor -2014-
Avec : Oscar Isaac , Jessica Chastain , David Oyelowo, Alessandro Novoloa, Albert Brooks,
Elyes Gabel , Catalina Sadino Moreno..

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