TIMBUKTU d’Abderrahmane Sissako.
Présenté en Sélection Officielle Au Festival de Cannes 2014 le film du Cinéaste Mauritanien y avait fait sensation ( il a été injustement « oublié » au Palmarès de l’avis de nombreux journalistes dont nous étions ) à la fois par la qualité de sa mise en scène et la force de son propos qui dénonce les exactions des extrémistes religieux dans de nombreux pays , comme ici au Mali dans ce village où les habitants sont constamment harcelés par des « commandos » qui imposent leur loi, via des tribunaux expéditifs qui font régner la terreur. Un film bouleversant !…

Dans Timbuktu le cinéaste Mauritanien Abderrahmane Sissako dont on avait beaucoup aimé son Bamako ( 2006 ) où il fustigeait les disparités Nord- Sud et les effets du libéralisme tout crin sur le continent Africain , et improvisait un « procès public » contre le fond monétaire international . Aujourd’hui la situation a bien changé dans de nombreux pays Africains, où , comme au Mali les extrémismes religieux imposent dans certaines régions leurs loi . C’est le sujet central de TIMBUKTU qui relate les exactions commises par les extrémistes religieux dans une région proche de Tomboukto où les habitants d’un village sont constamment harcelés par les « commandos » qui patrouillent et improvisent de nombreux tribunaux pour rendre leurs sentences aux contrevenants coups de fouets et autres punitions violentes …mais aussi lapidation et peine de mort , deviennent monnaie commune et contraignent à la soumission par la terreur .
C’est cette violence et cette terreur que le cinéaste décrit au quotidien en mettant en avant de nombreux exemples qui lui permettent de montrer à la fois l’absurdité et la tragédie qui va s’abattre sur les habitants . Plus question de fumer , de faire de la musique ou de jouer au football par exemple . Abderrahmane Sissako, leur renvoie l’absurdité en les fustigeant par la satire, lorsque par exemple il fait dire au chauffeur d’un des chefs qui fait la chasse aux contrevenants « mais toi tu fumes en cachette , non ? » , ou encore ( magnifique séquence ), lorsque pour répondre au ballon de foot qui leur a été confisqué , les gamins improvisent une partie de foot sans ballon ! .

il y a aussi la belle résistance des femmes qui refusent qu’on leur impose de cacher leurs visages ou de mettre des gants aux mains lorsqu’elle manient des denrées et autres poissons, sur le marché. Mais il y a surtout ces humiliations et violences , qui rapidement prennent une dimension plus tragique avec les lapidations et peines de mort . Et là, le récit se fait dénonciateur d’une violence ignominieuse dont il analyse au quotidien l’effet de terreur qu’elle installe sur les populations. C’est surtout par son regard, alors, sur cette violence diffuse que le Cinéaste , fait le choix de filmer avec cette distance qui la rend encore plus terrible … dans son intrusion au cœur des paysage ( superbement filmés ) et des habitants qui la subissent , impuissants

On ne résiste pas à vous faire part des déclarations du Cinéaste dans le dossier de presse où il explique les raisons de son indignation qui l’on poussé à faire ce film . Un film nécessaire « Le 29 juillet 2012, à Aguelhok , une petite ville au Nord du Mali ( …) un couple d’une trentaine d’années qui a eu le bonheur de faire deux enfants a été lapidé jusqu’ à la mort . Leur crime : ils n’étaient pas mariés . La scène de leur mise à mort diffusée sur internet par les commanditaires est horrible . La femme meurt au premier coup de pierre reçu et l’homme émet un cri rauque , puis un silence (…) Aguelhok n’est pas Damas ni Téhéran . Alors on ne dit rien ? Ce que j’écris est insupportable , je le sais (…) et puisque maintenant je le sais , je dois raconter dans l’espoir qu’aucun enfant ne puisse apprendre plus tard que leurs parents peuvent mourir parce qu’ils s’aiment ». Et son film est le superbe reflet de cette indignation , son cri de colère pour que les atrocités cessent .
Et abderrhamane Sissako, le dit, avec un immense talent .
TIMBUKTU d’Abderrahmane Sissako – 2014- Avec: Toulou Kiki, Ibrahim Ahmed dit Pino , Abel Jafri, Ketty Noël, Fatoumata Diawara …
[…] 21 mai – Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (Drame – 2015 – 1h30). Les extrémistes religieux ont investi […]