« Quelque chose doit casser ». Voici la traduction du titre de ce film suédois étrange récompensé par un prix au festival de cinéma de Rotterdam en 2014.
Homosexuel à l’aspect androgyne, Sebastian, le personnage principal masculin, rêve d’être une fille. Il essaye tant bien que mal d’assumer ce qu’il est mais subit le regard désapprobateur des autres et parfois même les violences. Et c’est lors d’une agression qu’il rencontrera Andreas. Celui-ci fait diversion. Ils s’enfuient.
Quelques semaines plus tard, ils se rencontreront de nouveau par hasard dans un parc. Ils passent la soirée ensemble. Ils se reverront. Sebastian tombe amoureux de ce garçon mais il est hétéro. Cependant quelque chose se passe entre eux et ils entament une relation. Andreas découvrira l’amour et le sexe homosexuel. La scène où Sebastian le fait jouir est particulièrement belle. Avec crudité, elle exprime le désir, la douceur mais aussi cette prise de risque et cette plongée dans l’inconnu. Andreas s’abandonne, esprit et corps à Sebastian.
Caméra à l’épaule, tressautant sans cesse, Ester Martin Bergsmark suit ses personnages interrogeant leur corps et leurs images. Les seuls moments de certitudes pour Sebastian sont lors de ses relations sexuelles avec ces hommes de passages. Les plans sont alors ultra-lêchés et ultra-ralentis. Ceci n’est pas la réalité mais ressemble bien plus à une image publicitaire où le temps s’arrête, où l’imaginaire est travestie. Non, la réalité est ailleurs. Elle se situe dans ces corps qui s’aiment et qui se désirent. Elle se situe dans ce regard de l’autre.
Something must Break explore la connaissance de soi par la quête de l’amour et l’affirmation de son corps et de ses besoins. Il pousse ses personnages à l’extrême. Sebastian va jusqu’à lécher la moquette portant encore la trace de la chaussure d’Andreas alors que celui-ci vient de le quitter, hésitant encore à se jeter dans l’inconnu. Briser les codes. Les je-ne-sais-quoi et les quand-dira-t-on. Prendre des risques et casser ce quelque chose qui nous empêche de vivre pleinement notre vie. Le personnage d’Andréas est celui qui se cherche le plus.
Le réalisateur, qui ressemble beaucoup à son personnage principal, parle du genre humain sans aucun tabou et en proposant une œuvre forte et dérangeante qui incite à écouter son corps.
Julien Camy
Sortie le 10 décembre
Something Must Break, d’Ester Martin Bergsmark, avec Saga Becker, Iggy Malmborg.
Comment filmer un troisième genre ? En privilégiant les scènes d’aurores et de crépuscules, transcendant la traditionnelle dichotomie Soleil masculin – Lune féminine. Rien que pour cette belle idée, il faut voir et revoir Something must break.
Comment filmer un troisième genre ? En privilégiant les scènes d’aurores et de crépuscules, transcendant la traditionnelle dychotomie Soleil masculin – Lune féminine. Rien que pour cette belle idée, il faut voir et revoir Something must break.