30 films oubliés ou méconnus signés par les plus grands cinéastes américains édités en DVD par ESC conseils… Que des pépites !*
Episode 2 / Des films noirs oubliés

La Maison des Étrangers (House of Strangers), USA, 1949, de Joseph L. Mankiewicz avec Edward G. Robinson, Richard Conte
Réglements de comptes, haine et passion dans une famille de la Petite Italie de New York. Max Monetti, brillant avocat a été envoyé en prison sur la dénonciation d’un de ses frères jaloux de l’affection que lui portait leur père, modeste coiffeur devenu banquier. A sa sortie, malgré l’amour d’Irene qui le supplie de partir, il est bien décidé a se venger…
Ce remarquable film noir valut à Edward G. Robinson un Prix d’interprétation au Festival de Cannes. Son scénario brillant , signé Phil Yordan n’oublie jamais la réflexion documentaire et utilise intelligemment le flash-back. Un suspense judicieux, une réalisation impeccable.

La Grande Nuit (The Big Night), USA, 1951, de Joseph Losey avec John Barrymore Jr, Preston Foster
Un adolescent cherche à venger son père au cours d’une nuit qui se transforme peu à peu tel une sorte de rite de passage vers l’âge adulte.
Dernière oeuvre américaine de Joseph Losey qui, poursuivi par la Commission McCarthy, quittera définitivement son pays, ce film très noir est d’une concision implacable. Sorti en France seulement en 1965, il n’a eu qu’une carrière cinéphile étroite… Et pourtant, cette longue quête nocturne dans les bas-fonds d’une grande ville ne manque pas de tension.
La Péniche de l’Amour (Moontide), USA, 1942, de Archie Mayo avec Jean Gabin, Ida Lupino
Bobo vit sur une péniche et vend des appâts à poisson. Il est persuadé d’avoir tué un homme au cours d’une soirée alcoolisée dont il n’a aucun souvenir. Tiny, un parasite, en profite pour le faire chanter. Peu après, Bobo sauve Anna, une jeune femme qui tentait de se suicider. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et décident de se marier…
C’est Fritz Lang qui commença le tournage du film mais au bout de quelques jours, il abandonna le plateau et laissa Jean Gabin aux mains d’Archie Mayo pour son premier film américain. Le producteur souhaitait pour l’acteur exilé reprendre le même personnage au destin fatal des films de Carné ou Duvivier des années 30. Mais Hollywood oblige, la mort inéluctable ne sera pas au rendez-vous au profit d’un happy end à l’américaine. Toutefois, ce film, magnifiquement porté par le couple Gabin-Lupino, aux décors symboliques, souvent entre brume et clair de lune, dégage une atmosphère poétique qui n’est pas sans rappeler le grand Frank Borzage.
Violences à Park Row (Park Row), USA, 1952, de Samuel Fuller avec Gene Evans, Mary Welch
À la fin du XIXème siècle, dans le quartier de Park Row. Phineas Mitchell, journaliste, vient de perdre sa place avec d’autres collègues. Autour d’un verre, il rêve de créer son propre journal, le « Globe ». Un vieil imprimeur propose de lui prêter ses machines pour lancer un nouveau quotidien. Le « Globe » prend de l’essor et inquiète les magnats de la presse, dont Charity Hackett, directrice du « Sun ». Très vite, l’affrontement tourne à des confrontations de plus en plus violentes…
Un chef d’œuvre du film noir. Tous les coups bas sont permis pour empêcher la liberté de la presse d’exister à travers le personnage de Phineas Mitchell. Fuller ne cache rien et montre la perversion de la grande presse qu’affronte un homme seul, à la probité et au courage finalement communicatifs. Implacable jusqu’au bout.
La Piste Fatale (Inferno), USA, 1953, de Roy Ward Baker avec Robert Ryan, Rhonda Fleming
Multimillionnaire et égocentrique, Donald Carson effectue, avec sa femme Geraldine et son associé Joseph Duncan, un voyage dans le désert californien. Lorsqu’il se casse la jambe, Geraldine et Duncan, qui sont amants, l’abandonnent en pleine nature, lui promettant de revenir avec des secours. Livré à lui-même, Carson va devoir survire dans une nature hostile et sous une chaleur écrasante…
Entre western et film noir, La Piste fatale fut tourné pour être projeté en 3D. Auteur, quelques années plus tard, d’un film au baroque dérangeant qui fit sensation (Le Cavalier noir en 1960), Roy Ward Baker realise ici un film certes plus classique mais qui ne manqué ni d’originalité ni de rythme. Dans des paysages qui participent totalement à la très forte tension entre les personnages, un suspense étouffant tient le spectateur en haleine. Une rareté.
Des films de guerre à découvrir
Les canons de Batasi (Guns at Batasi) USA, 1964, de John Guillermin avec Richard Attenborough, Flora Robson, John Leyton, Jack Hawkins, Mia Farrow.
Un jeune état africain nouvellement indépendant vit une période de grande agitation. Le colonel dirigeant la base anglaise de Batasi reçoit l’ordre d’évacuer les lieux après avoir remis le commandement au capitaine Abraham, un officier indigène. Au même moment arrive à Batasi un membre du Parlement, miss Baker-White. Ces européens se retrouvent pris au piège lorsqu’une rébellion éclate.

Une réalisation efficace autour du thème rebattu mais toujours porteur du groupe d’hommes d’horizons très divers réunis pour lutter contre un danger commun. A noter la première apparition créditée de Mia farrow.
L’Attaque dura sept jours (The Thin Red Line), USA, 1964, de Andrew Marton avec Keir Dullea, Jack Warden
Pendant la Seconde Guerre Mondiale à Guadalcanal. Un commando de marines doit reprendre une colline tenue pendant des semaines par les japonais. Au fil des combats, les pertes s’accumulent et les rangs marines s’éclaircissent. Parmi eux, le soldat Doll. Il vient de se marier et n’a qu’une obsession : survivre.
Adapté du roman de James Jones « La Ligne rouge », ce superbe film de guerre, réaliste et cruel, rare et impressionnant, n’a rien à envier au remake encensé par la critique et réalisé par Terence Malick en 1998.
L’anéantissement progressif et pratiquement programmé de cette compagnie de Marines est absolument implacable et rendu avec une mise en scène de l’horreur de la guerre stupéfiante. A ne rater sous aucun prétexte.
Gérard Camy
Lire le précédent épisode sur les deux Henry : Hathaway et King
* ESC CONSEILS a fait le bonheur des cinéphiles en créant cette collection « Hollywood Legends ». Avec 30 DVD pour commencer (espérons que ce n’est qu’un début), les éditeurs ont frappé fort. En puisant dans les productions de 20th Century Fox et Metro-Goldwyn-Mayer, ils permettent la (re)découverte en DVD de films invisibles depuis très longtemps, œuvres rares ou considérées (souvent à tort) comme mineures de grands réalisateurs travaillant à Hollywood. Et la liste des cinéastes et des stars convoqués est impressionnante. Le tout Hollywood de son âge d’or se retrouve au fil de ces 30 longs métrages.
[…] Lire les précédents épisodes : – Les deux Henry : King et Hathaway – Films noirs oubliés […]
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