Art / Julien Grenier, quelque part entre l’expressionnisme et la figuration abstraite

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Aujourd’hui c’est d’un peintre dont je voudrais vous parler. « Anch’oi son’ pittore! » (Moi aussi je suis peintre) se serait exclamé Le Corrège devant un tableau de Raphaël. Et moi aussi je suis peintre puisque je vous propose un portrait du peintre Julien Grenier.
Né en 1973, il expose à Hambourg, à Berlin, à Tanger…

Jacques Barbarin : En voyant vos œuvres, et sans vouloir faire de « classificationnisme », me vient à l’esprit que vous êtes quelque part entre un expressionnisme et ce que j’appellerais la figuration abstraite.
Julien Grenier : en effet, dans mon travail, il y a ces deux entités. On peut les retrouver dans le style et l’énergie de mes peintures, tout en ajoutant aussi du cubisme et du pop art. Nous sommes en 2014, la peinture se « malaxe » dans tous les sens, du moins de mon point de vue. Je ne m’interdis rien, j’essaye tout du moins, et d’être le plus libre possible et d’essayer de faire surgir de ma main les peintres aimés.
J.B. : La peinture n’est-elle pas une mise en scène ?
J.G. : Je suis assez d’accord, venant moi-même du milieu du théâtre, enfin j’ai fait des études de scénographe aux Beaux-arts. Cela devient récurrent dans ma peinture avec les années qui passent, où j’essaie de remettre le corps et ma peinture en scène, en essayant de créer des focales dans un même tableau, d’essayer de créer des fenêtres sur ma propre histoire. Et ceci tout en gardant un rapport très spontané dans ma création, comme un rêve qui serait déroulé à brûle pourpoint.
J.B : Vous avez fait des expositions individuelles et des expositions collectives. Dans les quelles vous sentez-vous le plus à l’aise ?

J.G. : Il est bien évidement, pour un peintre, beaucoup plus intéressant de faire des expositions personnelles, que d’expositions de groupes. Sauf, bien sûr, à avoir un noyau de peintres « affiliés » à son propre style, à sa propre manière, à sa propre démarche. Il y a en France, en ce moment, un manque de confiance dans la peinture dite « traditionnelle ». C’et beaucoup plus dur de trouver quelqu’un qui va s’engager de manière directe avec un peintre seul et d’assumer la totalité de ce qu’il va montrer en tant que commissaire d’exposition, que de fondre dans une masse avec des choses « à la mode ». Aujourd’hui le commissaire d’exposition se substitue un peu à l’artiste et veut se faire croire qu’il raconte ses propres œuvres en faisant parler les œuvres qu’il choisit.
J.B : N’est-ce pas un peu comme la place importante que prend le critique d’art dont on a l’impression que l’importance supplante celle de l’artiste et que sans lui, nul n’est capable de se faire une opinion raisonnée sur l’œuvre ?
J.G. : Il est vrai que les gens font plus confiance en une image globalisante qu’on va leur raconter. On va leur dire que quelque chose est bien, et en gros, ils vont répéter que c’est bien. Car regarder c’est aussi un effort, c’est aussi du temps, c’est aussi se laisser le temps de ne pas juger tout de suite. Je pense qu’on est dans une période où les gens ne prennent pas le temps de regarder et à vrai dire cela ne les intéressent même plus. Ils vont peut-être regarder votre œuvre, la prendre en considération, à la limite, si elle est à coté d’une œuvre dont tout le monde dit que c’est bien. C’est un peu caricatural, mais je pense que cette caricature fait partie du monde de la consommation, et l’art fait partie du monde de la consommation.
J.B. : Quels sont les peintres qui vous ont marqués, qui ne sont pas forcement ceux qui vous ont inspirés ?
J.G. : [après un silence] C’est une grande question… Complètement dans le désordre : Picasso, un des grands maîtres du XXème siècle, qui a exploré de multiples formes, Cézanne, Van Gogh, De Kooning, Bacon, Le Gréco, Véronèse, Le Titien, Michel Ange et ses compositions sublimes, Balthus, cette peinture très travaillée mais très troublante, les dessins d’Antonin Artaud.

J.B. : Catherine Lauverjon, une metteur en scène que j’avais interviewé la semaine dernière, très sensible à la scénographie, me parlait don son intérêt pour Giorgio de Chirico. Quel est votre point de vue ?
J.G. : Tout à fait influent pour moi, le cadre dans le cadre ; le suis remonté à lui par quelqu’un de la génération qui l’a précédé, Philippe Guston, un grand peintre américain, qui était de l’école de New-York, école de l’expressionnisme abstrait, dans les années 50-60. Il a radicalement plongé ans la figuration et donc qui s’est fait ostracisé de manière assez frontale par ses contemporains. Il a une figuration assez « BDisée », il a beaucoup utilisé les codes du Chirico. Pour moi, De Chirico est l’un des premiers surréalistes : on y voit le corps, la volupté, un univers parfois très glacial, mais on a quand même une sensualité.
J.B. : Actuellement, que faites-vous, quels sont vos projets?
J.G. : Cette année, j’ai eu une belle exposition à Tanger, où j’avais présenté 40 tableaux, fruit d’une résidence, puis j’ai participé à Berlin à une exposition de groupe, là je travaille ; je suis fraîchement installé depuis février. J’ai ici quelques perspectives avec des galeristes niçois. Et j’ai un projet l’année prochaine d’une exposition collective à Berlin.

Voilà. Laissons Julien à ses pinceaux et à ses brosses et allons visiter son site, cela vaudra mieux qu’un long discours.

http://www.juliengrenier.net

Jacques Barbarin

 

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