Le jazz à l’opéra…ça sonne aussi !

Dee Dee Bridgwater Ph : Mark Higash
Dee Dee Bridgwater
Ph : Mark Higash

Je vous avais annoncé un fracassant automne jazzique, il le fut et il se prolonge pour finir en beauté le 29 novembre avec le concert de Dee Dee Bridgewater dans le cadre du Monte-Carlo Jazz Festival qui commence le 25 novembre et pas n’importe où, dans la salle de l’Opéra Garnier.

 On a les moyens ou pas, bien sûr à Monaco ils y sont et c’est tant mieux pour le jazz quand on peut se permettre de faire venir quelques grands noms en dehors de la saison estivale et, en plus, les faire se produire dans une salle aussi prestigieuse, on ne peut que se réjouir avec son directeur artistique Jean René Palacio* qui a toujours eu la chance de monter son programme comme il l’entendait « Cette année,il y a une volonté de bien marquer ce qu’est le jazz aujourd’hui, c’est vrai qu’on va aller vers la Word Music un moment, vers le Blues et le Be-bop et ses influences à d’autres avec un horizon très large de ce qu’est le jazz, de ce qui est l’actualité, de ce qui est l’histoire…c’est une musique de rencontres, une musique qui a une dimension humaine, les relations avec le public et les musiciens sont très fortes, je veux vraiment marquer ce côté relationnel »

Stefano Di Battista et Sylvain Luc Ph :Alexandre Lacombe
Stefano Di Battista et Sylvain Luc
Ph :Alexandre Lacombe

« On ouvre avec le nouveau projet de Sylvain Luc et de Stefano Di Battista en quartet, je pense qu’il y a une vraie richesse dans le jazz européen et, entre l’Italie et la France, il y a de vrais scènes donc c’et le bon moyen avec ce groupe qui a une actualité, un nouvel album…je pense l’un des albums de l’année future aux niveau des publications…et puis, bien sur, une grande réunion de géants du jazz, pour l’Europe en tous cas, Galliano, Lockwood et Biréli, c’est une belle balade dans différentes options d’interprétation du jazz

Lockwood, Lagrene, Galliano Ph : Philippe Levystab
Lockwood, Lagrene, Galliano
Ph : Philippe Levystab

…il y aura aussi une autre facette du jazz, plus orientale avec Ibrahim Maalouf qui est l’étoile du jazz aujourd’hui…il a été récompensé pour sa Musique du monde et aux Victoires du Jazz, c’est quelqu’un qui a des influences musicales qui ne sont pas que jazz avec le rock et la musique orientale, ce qui est intéressant c’est quelqu’un qui a un vrai succès populaire, les gens aiment l’entendre et pas seulement ceux qui aiment le jazz…

ILLUSIONS-IBRAHIMMAALOUF

Le soir de ce concert, il y aura une première partie qui pourrait être en d’autres lieux la vedette de la soirée, on pourra entendre Kenny Garrett, pour moi, c’est l’un des grands saxophonistes de son temps, on parle beaucoup de jeunes mais cette génération est très forte

Kenny_Garrett(c)_Keith_Major
Kenny_Garrett(c)_Keith_Major

…je vous parlais au début du large éventail musical de cette édition, nous y sommes avec la chanteuse brésilienne Céu, découverte en 2005, elle a enregistré en 2012 un super CD qui nous fait revivre les années 70 avec la musique populaire brésilienne…cette soirée est mon coup de cœur car, le même soir il y aura l’orchestre El Gusto et on est en pleine osmose avec cette réunion de musiciens juifs et arabes…ça rappelle un peu les retrouvailles, à l’époque du Buena Vista Social Club. El Gusto joue une musique qui s’appelle le Chaabi, c’est la musique populaire d’Alger, la musique nationale à l’époque où l’Algérie est un département français, ce sont des gens qui ont été séparés par la guerre…les arabe sont restés algériens et les juifs sont rentrés en France. Ils se sont réunis à l’initiative d’une jeune femme journaliste franco-algérienne qui a eu une bonne idée de faire un film sur eux et de les faire se retrouver…c’est un ensemble de plus de 20 musiciens, il y a Robert Castel, son père était l’un des chefs d’orchestre de ce genre musical…c’est émouvant de voir ces pépés qui se retrouvent après plus de 50 ans, c’est un symbole parce qu’aujourd’hui dans les temps troublés, ça montre que la musique unit les gens et les fait se retrouver au-delà des religions et des frontières…c’est quand même très symbolique par les temps qui courent…On continuera dans la diversité comme dans cette soirée où l’on ne présente plus celle qui s’était fait connaître, il y a quelques années en interprétant des standards des années40, Robin Mc Kelle a fait un changement de cap avec son groupe The Flytonnes, on est en plein dans la Soul et le Rythm’ and Blues

Robin McKelle Ph : Jacob Blickenstaff
Robin McKelle
Ph : Jacob Blickenstaff

et bien sûr, comme tous les soirs, il y a deux groupes, Robin cédera la place au grand guitariste anglais Chris Réa qui a eu ses heures de gloire dans les années 80, il a été très malade, c’est une grande première parce qu’il y a très longtemps qu’on ne l’a plus revu sur une scène d’Europe, c’est quelqu’un qui a fait partie des grands guitaristes au même titre que Dire Straits, Clapton, etc.

Chris Rea
Chris Rea

On termine le dernier soir avec un plateau à trois étages d’abord Lemy Constantine, le fils d’Eddie, c’est à la fois un guitariste, un chanteur mais c’est aussi un acteur, il nous propose une approche très anglophone du jazz manouche…Ensuite, quelqu’un que j’aime beaucoup Curtis Stigers , saxophoniste chanteur que j’ai déjà programmé à Juan les Pins avec son nouvel album…

Curtis Stiger  Ph : Marina Chavez
Curtis Stiger
Ph : Marina Chavez

Curtis c’est quelqu’un qui a écrit les bandes son du film Bodyguard et de séries américaines, c’est une façon jazzy d’avoir un crooner et puis, on terminera le festival avec Dee Dee Bridgewater, c’est une des grandes voix du jazz, à la fois dans la tradition soul, gospel et swing… » Il serait trop long d’évoquer toute sa carrière et les grands noms qu’elle a côtoyés, entre autres, Sony Rollins, Dizzy Gillespie, un grand moment lorsqu’elle a chanté en duo avec Ray Charles. Si elle reste une américaine, elle aime la France, elle avait fait une tournée avec justement un joli titre qui prouve son attachement à notre pays « J’ai deux amours », elle interprétait les plus belles chansons françaises. Comme tous les ans, les artistes photographes ne sont pas oubliés, avec une exposition   des œuvres de Philip Ducap dans l’atrium du casino.

 

                                                                            Jean Pierre Lamouroux

 

*Jean René Palacio : avant d’être Directeur Artistique à Monte-Carlo et Antibes, il a été l’un des piliers du Festival de Jazz de Vienne à ses débuts avec son fondateur Jean Claude Bouttelier, c’est aussi lui qui a proposé de faire un festival à Monte-Carlo en hiver avec le feu vert de la Société des Bains de Mer Monégasque

 

Petit rappel

 

On jazz aussi :

A Nice

Le 21 novembre dans le cadre du New Jazz Festival, le norvégien Bernhoft, un grand monsieur du groove

Le 29 le guitariste Louis Winsberg

Le Broc, Les Arts d’Azur

– 28 novembre, la chanteuse Nina Attal pour un répertoire Soul présentera son premier album WHA enregistré à New York

 

– Dans le Var

– Toulon le 21 novembre – Being human being, une rencontre son/image avec la trompette d’Eric Truffaz et pour la projection grand écran Enki Bilal

 

– Draguignan, festival de jazz les 28 et 29 novembre avec notamment le quintet de Steve Swallow et Carla Bley

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