DE L’AUTRE COTE DU MUR de Christian Schwochow.
Alors que l’on fête le 25 éme anniversaire de la chute du mur de Berlin, un film vient rappeler au travers du long parcours d’une réfugiée Est Allemande, les aspirations à la liberté et la lutte contre un systéme politique oppréssif symbolisé par la STASI, en même temps qu’il explore un thème jamais abordé dans les nombreux films traitant du sujet : celui, en Allemagne de l’Ouest des Camps de transit dans lesquels les migrants venus de l’Est étaient maintenus et soumis aux intérrogatoires des services secrets de l’Ouest…

Le film se situe à la fin des anénes 1970 dans l’Allemangne de l’Est et le Berlin de l’autre côté du mur, où , trois ans après la disparition de son fiancé , Nelly ( Jordis Tiebel ) décide de fuir la RDA et un passé et des souvenirs qu’elle veut laisser définitivement derrière elle pour se construire un avenir et trouver , enfin, la paix. Adapté d’un roman de l’Allemande Julia Franck Feu de Camp ( édité chez Flammarion ), le film de Christina Schwochow se démarque des films traitant du sujet depuis la chute du mur et portant l’éclairage sur les pratiques de répréssion et de surveillance mises en place qui furent divulguées par les nombreux documents révélant les agissements de la police politique ( la Stasi) . Vous avez sans doute en mémoire le superbe La vie des autres de Florian Henckel Von Donnersmark , ou encore , le magnifique Barbara de Cristian Petzold , qui en ont traduit en images les destinées bouleversantes. La démarche de Christian Schwochow tout en s’incrivant dans la continuité, vient apporter un éclairage nouveau sur les conditions d’accueil en Allemagne de l’Ouest des ces migrants venus de l’Est . Un éclairage sur une quête de liberté et de dignité qui, au delà fait écho, renvoie et ( nous ) interpelle sur les tragédies migratoires modernes auxquelles nos sociétés occidentales sont, aujourd’hui encore , confrontées.

Le réalisateur, né à l’Est et ayant émigré avec sa famille à l’Ouest , après la chute du mur , a trouvé dans le roman de Julia Franck, les échos d’une histoire qui l’a interpellé sur la sienne propre , mais surtout, lui a fait découvrir des éléments totalement ignorés sur les camps de transit et les conditions dans lesquelles les migrants en attente de leur « intégration » étaient traités. Comme il l’explique dans le dossier de presse « Nous sommes partis en 1989, mais ; même si le mur était déjà tombé , nous ne savions pas ce qui nous attendait (…) on savait que ce genre de camp existait , mais pas ce que cela impliquait (…) j’ai réalisé que cette partie de l’histoire Allemande était encore complètement méconnue. Personne n’était au courant que les services secrets intérrogeaient les gens dans ces camps(…) c’est pourquoi ce roman et ce film sont une métaphore pour de nombreuses personnes. L’émigration est source de nombreux espoirs, mais ce nouveau départ est beaucoup plus difficile que prévu… », dit-il . Et, c’est cet aspect nouveau qui fait , outre les qualités de réalisation , le prix de son film.

Et le film , nous y plonge rapidement dans la scène où, après le premier contrôle qui, déjà , s’éternise au poste frontière du passage du mur, on aiguille ensuite le mur passé, Nelly et son fils dans le centre de Marienfield où les réfugiés et migrants de RDA se retrouvent maintenus , et devoir passer de nombreux tests et contrôles psychologiques éffectués par les services secrets ( coordonnés par la CIA) destinés à établir leur bonne foi et s’assurer, entr’autres, qu’ils ne sont pas des « espions », et sont contraints de déclarer qu’ils ont fui la RDA parcequ’ils étaient » persécutés Politiquement ! » . Celà peut donc durer des semaines , voir des années …pour voir la nouvelle citoyenneté désirée, enfin acceptée. Et c’est cette longue période de d’intérogatoires et de préssions incéssantes qui est décortiquée par le cinéaste au travers de son personnage de Nélly ( Jordis Treibel , bouleversante , en femme humiliée, mais digne, battante et résistante .Elle a obtenu pour ce rôle, le César Allemand de la meilleure interprétation ) . Magnifique scène où elle tient tête lors d’un énième intérrogatoire, et répond « Pourquoi devrais-je vous donner des informations ?.J’ai été obligée de donner des informations à la Stasi et maintenant que je suis ici je dois encore donner des informations ? , je ne suis pas disposée à le faire et, c’est terminé! », dit-elle.

C’est au travers de son long combat que l’on mesure l’effet psychologique des intérrogatoires et préssions de toutes sortes ( le jeu de pistes et de surveillances, Les dfficultés pour obtenir du travail et un logement hors du camp de transit , les doutes émis sur le rôle et le sort de son compagnon …. ) , et la crainte de se laisser piéger ( le personnage ambigü de John Bird / Jacky Ido, l’agent de la CIA ). Des préssion qui finissent par installer une sorte de Paranoia et font sourdre chez Nelly les fantômes d’un passé ( de répréssion ) qui la rattrappe. Au point d’en être amenée à refuser les mains qui se tendent , comme celle de Hans ( Alexander Scheer ). Perdue, elle ne sait plus à qui faire confiance ….
Les scènes qui reflètent cette tension et cette peur qui s’installe chez Nelly, trouve écho dans le centre d’accueil où l’on s’épie et se surveille également , et où la violence s’installe ( la térrible scène du tabassage de celui que l’on soupçonne d’ être un « mouchard » ). Une violence qui n’épargne personne , et même pas son fils victime du rejet des jeunes Allemands de l’Ouest qui le lui font savoir ( « sâle étranger de l’Est ! ») par les mots. Glaçant …
(Etienne Ballérini)
DE L’AUTRE COTE DU MUR d’e Christian Schwochow-2014-
Avec : Jordis Triebel, Alexander Scheer , Tristan Göbel, Jacky Ido ,