Revue / Jeune Cinéma fête ses 50 ans !  

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Couverture du dernier numéro célébrant les 50 ans de la revue

Jeune Cinéma vient de fêter ses 50 ans et paraît toujours aussi jeune. Si, si on l’assure. Cette revue de cinéma fondée en 1964 par Jean Delmas vient de faire paraître un numéro anniversaire traduisant à la fois l’esprit qui guide les plumes de ces collaborateurs passionnés et cette volonté de toujours chercher un cinéma novateur dont on ne parle pas ou pas encore.

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Couverture du 1er numéro

C’est en septembre 1964 que tout a commencé. Jean Delmas, journaliste, militant communiste et fondateur de la fédération des Ciné-clubs des jeunes en 1950* songeait à une publication qui accompagnerait « le travail mené par la Fédération Jean-Vigo auprès des centaines de ciné-clubs qui peuplaient alors les collèges et lycées. Développer l’amour du cinéma chez les jeunes, leur offrir l’accès à des films, classiques ou inconnus, engageant un pari sur l’avenir : former des spectateurs conscients » écrit dans son édito le responsable actuel de Jeune Cinéma, Lucien Logette. Alors que l’âge d’or des ciné-clubs est finie depuis bien longtemps – « les fédérations encore en activité répertoriées par le CNC se compteraient très exactement sur les doigts de la main » explique-t-il, Jeune Cinéma continue son travail d’éducation populaire au cinéma et du cinéma.

Le sommaire du N°1 affichait des noms inconnus pour l’époque : Milos Forman, Jerzy Skolimovski, Gianfranco De Bosio et celui du dernier, n°361 continue avec Pippo Delbono, un entretien avec Fridrik Thor Fridriksson (à lire sur ciaovivalaculture ici), Ciaran Hinds ou encore un dictionnaire des cinéastes chiliens. « Pas de quoi rameuter un large public. Mais si Jeune Cinéma ne le fait pas, qui ? » Car même sur internet, on ne peut trouver ces articles de fond sur un film, une filmographie, une cinématographie, des entretiens au long cours avec des cinéastes presque ou totalement inconnus – mais parfaitement passionnants, des comptes rendus détaillés de festivals… Mais on trouve aussi dans Jeune Cinéma des critiques plus traditionnelles dans la forme de films  récents et de DVD. Cependant Jeune cinéma n’est pas dans un politique de bon ou de pas bon. Elle ne décerne aucune étoile ni n’établit de classement, n’a pas de chapelles cinématographiques, ni de politique des auteurs. Elle est restée toujours libre et passionnée, regardant avec bienveillance l’ensemble du spectre cinématographique. Mais évidemment, elle s’est principalement intéressée à ce qu’il y avait en marge de ce spectre, ce qui n’était pas mis en lumière.

Un site internet. Comme cadeau d’anniversaire, la revue a ouvert son site internet qui ne se veut ni un leurre, ni un succédané, « mais un complément de la revue. Un endroit pour présenter ses archives, particulièrement riches, mais surtout pour rester en éveil devant l’actualité », détaille Lucien Logette.

numérisation0003Pour ce numéro anniversaire, la revue a demandé à l’ensemble de ses collaborateurs bénévoles de choisir un film qu’ils aimeraient voir sortir de l’ombre et « si possible, un titre à la manière de la revue, plus attentive à scruter les marges et les bas-côtés que les chefs d’œuvre en cours d’homologation. » Le résultat est absolument enthousiasmant. Les films évoqués vont de Blondine d’Henri Mahé à Cinq Tulipes rouges de Jean Stelli, en passant par Joe Hill de Bo Viderbergh, The Big Shave de Martin Scorsese, The Mosquito Coast de Peter Weir, ou encore Jetons les livres et sortons dans la rue de Shûji Terayama.

Mais un des articles les plus savoureux est sans aucun doute celui sur La Grande Vadrouille de Jérôme Fabre. Celui-ci utilise sa passion « franche, assumée et jamais démentie » pour Louis de Funès pour critiquer le snobisme cinéphilique qu’il était obligé de supporter dans les cinémathèques mais dont « l’avènement du DVD [l’a] bienheureusement libéré ». Un texte absolument jouissif. « Mes plus mauvais souvenirs de la cinémathèque, lieu fondamentalement déplaisant, peuplé de connaisseurs partageant des pensées profondes et exclusives d’une air entendu, (…) sont ces pathétiques pantalonnades de tristes sires en velours côtelé, dénués de tout humour dans la vie mais trouvant de bon ton, dans l’obscurité fétide et infatuée du palais de Chaillot, de rire à gorge déployée devant les simagrées cauchemardesques de Laurel et Hardy, de se taper sur les cuisses devant le sinistre Harry Langdon. » En quoi la scène de bain de La Grande Vadrouille n’égale telle pas le plus pointilleux des Lubitsch questionne-t-il ? Remettant en cause ainsi les tenants de la cinéphilie officielle, le texte de Jérôme Fabre symbolise bien l’engagement de Jeune Cinéma depuis ses débuts d’être plus dans le vrai que dans le vent comme l’avait formulé Jean Delmas dans la première campagne de Marketing. « Si vous préférerez le respect pieux à la polémique, si vous aimez vous gargariser d’un jargon pseudo savant, si vous préférez les valeurs établies aux expériences risquées, ne lisez pas Jeune Cinéma. »

Alors bon cinquantenaire à la revue et si vous voulez la soutenir, elle en a bien besoin, abonnez vous !

Julien Camy

Pour tous renseignements : http://www.jeunecinema.fr

* Cette fédération est devenue fédération Jean Vigo.

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Première campagne de marketing de Jeune Cinéma (octobre 1964) (brouillons de Jean Delmas)
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