Cinéma / MAGIC IN THE MOONLIGHT de Woody Allen.

 

MAGIC IN THE MOONLIGHT de Woody Allen.

Après le sombre Blue Jasmine où l’héroïne voyait ses réves se heurter au réel, avec son nouveau film le cinéaste nous entraîne au cœur d’un divertissement qui va opposer un maître de la magie qui refuse de croire en l’art de la voyance, à une jeune aventurière qui se dit médium. Comédie et Romance, jeux de pistes et réflexion sur l’art de l’illusion, dont celui de l’image ( le cinéma) , est une source intarissable qui alimente ( le vrai et le faux ), les rêves…

Woody  Allen sur  le plateau de tournage  avec ses  comédiens
Woody Allen sur le plateau de tournage avec ses comédiens

Vous vous souvenez de La Rose Pourpre du Caire ( 1984),  où la sepctatrice fascinée par le cinéma et ses héros se retrouvait dans l’émerveillement de la magie de l’image projettée sur l’écran et en phase avec le récit tombait aloureuse du héros et voyait celui-ci se matérialiser et sortir de l’écran pour la rejoindre dans la salle, puis , à son tour s’immerger  avec  lui , dans l’écran pour prendre part à l’histoire. La filmographie de Woody Allen est parsemée de rencontres avec le monde de la magie et de l’illusion, il s’est lui même mué en Magicien, Speldini , dans Scoop ( 1991 ) et dans son enfance, selon les biographies ( vraies?), il aimait faire des « tours de magie » à son entourage. Associer la Magie et le cinéma reléve pour le cinéaste d’un rapprochement naturel tant l’art de l’image et de l’illusion est une question de mise en scène, comme peut l’être celle d’un tour de magie. Disparition, lévitations, éléphants ( ou autres animaux ) qui disparaissent , femmes coupées en deux …autant de mises en scène jouant habilement sur l’illusion visuelle et sur le détournement de l’attention . Le cinéma, comme l’a si vite compris Georges Méliès et illustré par ses films , est aussi un art de l’illusion par l’utilisation du montage et des trucages qui vous font croire au Voyage sur la Lune , avec autant d’éfficacité que les frères lumières filmant de réel pouvaient créer la panique, lors des premières projections de l’Arrivé d’un train en Gare à la Ciotat ….

Stanley  (Colin  Firth)  avec  son ami (Simon Mc Burney )   en compagnie de  la  Ctalidge (  Eileen  Atkins ).
Stanley
(Colin Firth) avec son ami (Simon Mc Burney ) en compagnie de la mère de  la  famille  Catledge ( Eileen Atkins ).

Nous voilà donc, ici , plongés dans les années 1920 où les spectacles de Magie voyaient accourir les foules de curieux aux spectacles . Un homme , Wei Ling Soo , un mandarin chinois triomphe sur les scèbne internationales . On le retrouve à Berlin dans une salle où ses « tours » de prestigiditation , font vibrer les plus sceptiques . Dans les coulisses on découvre le vrai visage du chinois, qui masque et grimages ôtés, se révéle être un illusionniste Anglais, Stanley Crawford ( Colin Firth ) assez odieux envers les gens qui travaillent avec lui , et qui ne manque pas de fustiger le monde des « médiums » auquels il reproche lui, le « pur et dur » avec sa logique Cartésienne, de berner les gens et leur crédulité en leur faisant croire que l’on peut entrer en contact avec l’au-delà et prédire l’avenir. Ces marchands de sentiments il ne leur accorde aucune clémence, ni circonstance atténuante…et il est prêt à les confondre !. Pari tenu, avec un ami et collègue , Howard ( Simon McBurney ) qui lui propose de se rendre dans le midi de la France où une jeune médium Américaine , Sophie ( Emma Stone , épatante , la révélation du film ) accompagnée de sa mère ( Marcia Gay Harden ) , utilise ses pouvoirs pour faire financer par la richissime famille Catledge ( dont la mère tombée sous le charme à qui elle promet de la faire rentrer en contact avec son mari décédé ) son institution , et accéssoirement épouser le fils, Brice ( Hamish Linklater ) qui lui conte fleurette en chansons !. Stanley pense ne faire qu’une bouchée de l’aventurière et révéler au grand jour son escroquerie … sauf que la jeune ( et jolie ) va déjouer ses piéges… et le faire douter par la connaissance qu’elle semble avoir, des détails les plus intimes de la vie de ses « sujets », y compris de lui-même !.

Sophie  (Emma  Stone )  et sa  mère ( Marcia  Gay Harden)
Sophie (Emma Stone ) et sa mère ( Marcia Gay Harden)

Woody Allen nous entraîne dès lors dans la sarabande des jeux de rôles et d’influences, et de certitudes qui flanchent chez Stanley pris sous le charme de la jolie Sophie qui opére, au point, de le faire revenir publiquement sur l’anathème lancé contre les faux voyants escrocs. La vulnérabilité soudaine de Stanley se reflète dans la sidération qui l’envahit, se voyant devenir le spectateur de sa faiblesse. La scène où il est pris au piège de l’orage dans l’échappée en voiture avec Sophie qui se termine dans l’observatoire où l’orage passé, ils découvrent le ciel étoilé et la « magie de la lumière de la lune » évoquée par le titre du film, est emblématique d’une autre magie qui opère, celle de la séduction ( du coup de foudre… ) à laquelle il succombe, et qui le bouleverse. Le romantisme de la bluette qui s’installe alors, Woody Allen, le renvoie à la dimension du conte amoureux qui s’habille de la magnifique lumière de l’opérateur Darius Kondji qui joue de toutes les nuances ( contre-jours, ombres et lumières sur les décors et visages , reflets et éblouissements… ) et nous promène dans les paysages et les rutilantes villas de la côte d’azur où le beau monde se laisse bercer d’illusions et festoie. D’ailleurs le cinéaste a toujours été attentif et scrupuleux sur l’utilisation de la lumière – comme élément de la dramatrugie ou de la légèrete du récit – et chacun sait que dans la magie et l’illusion , elle joue un rôle important.

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Sophie ( Emma Stone ) et Stanley ( Colin Firth) …le charme opère.

Et au cœur de cette aventure magique et romanesque, Woody ne serait pas Allen, s’il n’y installait pas sa petite musique ( le Jazz bien sûr, habitué de  la  bande son de ses films ), mais aussi celle de sa mise en scène d’une précision mécanique dont les plans -séquence millimétrés et le jeu des comédiens, vous envoûtent et vous entraînent dans le sillage de ses personnages. On sait que sous le vernis les personnages de ses films sont souvent hantés par les questions morales ou au cœur de leurs rêves et désirs, mais aussi leurs peurs et hantises. Questions sur le sens et le mystère de la vie, sur la mort, sur la religion et Dieu , sur la morale et la raison ou le déterminisme, et, sur la logique et l’illusion, bien sûr … mais aussi sur l’amour, les hypocrisies et sur les comportements humains dont le cinéaste ne cesse de pointer les défauts. Sans oublier au cœur de cette plongée dans le beau monde des années Vingt ( les années folles ), cette nostalgie empreinte de pessimisme et de gravité qui s’installe au cœur du récit par le miroir du regard désormais désorienté de son héros. Car, comme le relève le cinéaste « chacun a besoin de se duper soi-même pour supporter la vie ». Tandis qu’au cœur de ce monde, par le bias de la jolie aventurière Américaine d’origine modeste qui cherche à s’y faire sa place usant de ses pouvoirs, le cinéaste laisse percevoir, avec subtilité comme dans Match Point , aussi, les rapports de classe qui s’y jouent.
Woody Allen aime bien mélanger divertissement et gravité … c’était, souvenez-vous aussi pour échapper à un quotidien insupportable, que l’héroîne ( Mia farrow ) de La Rose pourpre du Caire, allait s’évader dans les salles obscures .

(Etienne Ballérini )

MAGIC IN THE MOONLIGHT de Woody Allen -2014-
Avec : Colin Firth , Emma Stone, Hamish Linklater, Marcia Gay Harden , Eileen Hatkins,
Simon McBurney, Jacki Weawer, Catherine McCormack…

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