Théâtre / L’ Homme qui plantait des Arbres par la Compagnie ARKETAL

« L’homme qui plantait des Arbres » par la compagnie Arketal
En 1984, Greta Bruggeman et Sylvie Osman, toutes deux formées à l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières, créent la compagnie ARKETAL à Mougins dans les Alpes- Maritimes. La compagnie installe son atelier à Cannes en 1990. Depuis, elle a réalisé 24 créations pour adultes, enfants ou tout public, qui associent marionnettistes, acteurs, auteurs, musiciens, scénographes, peintres ou plasticiens. La compagnie travaille avec des artistes plasticiens, des peintres, car le choix des formes, des matériaux, des couleurs, donne une esthétique originale et forte à la Marionnette. Elle alterne la création de spectacles sur des textes de répertoire, d’auteurs contemporains et parfois, des commandes à un auteur.
Outre L’homme qui plantait des arbres, la compagnie à récemment créé Le conte d’hiver de William Shakespeare, Debout, de Nathalie Papin, L’œil du loup de Daniel Pennac, A demain ou la route des six ciels de Jérôme Cognard.

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L’Homme qui plantait des arbres est une nouvelle écrite en 1953 par Jean Giono pour « faire aimer à planter des arbres », selon ses termes. Il avait reçu une commande du magazine le Reader’s digest : «Quel est le personnage le plus extraordinaire que vous ayez rencontré ?». Il s’agit de l’histoire, présentée comme authentique, du berger Elzéar Bouffier, personnage pourtant de fiction, qui fait revivre sa région, localisée en Haute Provence, entre 1913 et 1947, en plantant des arbres.
Les manipulations se font à vue, les marionnettes étant animées par la main du manipulateur (marionnettes à gaine) qui glisse un bras dans la gaine et peut contrôler avec ses doigts la tête et les bras du personnage.je un acte! Une multitude, patiemment, discrètement avec un  total désintéressement.

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« J’avance masqué », disait Descartes. Arketal avance à visage découvert. Dans « L’homme qui plantait des arbres », d’après Giono, elle avance d’un cran la relation marionnette-manipulateur. Ce qui est une constante, c’est que, pour chacune de ses créations le marionnettiste a un statut d’acteur : il est le manipulant de sa marionnette, mais il existe, tout au moins les deux existent ensemble. Et, peut-être corollaire de ce principe, le spectateur voit le marionnettiste. Or cette manière de procéder ne gêne absolument pas la lecture : on est très rapidement concentré sur les marionnettes tout en sachant, en connaissant, en appréciant le travail de l’autre.
Ici -et cela est dû au fait que « L’homme qui plantait des arbres » est avant tout un récit- le marionnettiste a autant -si ce n’est plus- d’importance que sa marionnette. Nous sommes quasiment dans l’état intermédiaire entre théâtre de marionnettes et théâtre d’acteur? Et personnellement, passé le questionnement des premières minutes, on est conquis, dans la fascination l’émerveillement.

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En 1913, Edward Gordon Craig ouvre une « école de l’art théâtral ». Il met en place la réflexion, menée depuis 1905, sur la sur-marionnette : il juge que l’humain est trop soumis au flux d’émotions changeantes. Comme les symbolistes, il pense que la solution réside dans la marionnette. Dans ce centre, les élèves « doivent apprendre à la manipuler, mais aussi à la sculpter, afin d’analyser la source du mouvement et de trouver dans leur propre corps cette même fluidité ». Chez Arketal, la dualité manipulateur-marionnette est une nouvelle forme de centaure. L’action est la pensée vont de conserve chez les deux.
Les acteurs- manipulateurs Erica Faria de Oliveira (de l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières) et Pierre Blain (du TNN) nous emmènent avec légèreté dans cette histoire d’un Monsieur Tout le monde qui devient un héros malgré lui, mais toujours inconnu, sauf de Jean Giono…
Jacques Barbarin
Illustrations :
3 extraits de « L’homme qui plantait des arbres »

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3 commentaires

  1. « … nous emmène avec légèreté dans cette histoire d’un Monsieur Tout le monde qui devient un héros malgré lui, mais toujours inconnu, sauf de Jean Giono… » Mea culpa, Mea culpa, mea maxima culpa, j’aurais du citer l’auteur de cette phrase, Catherine Bocher, qu’elle a écrite dans un article sur ce spectacle dans son blog Voir l’original : http://wp.me/p1fFRW-1nX« .
    Jacques Barbarin

  2. […] « J’avance masqué », disait Descartes. La compagnie Arketal, elle avance à visage découvert. Dans son dernier opus, « L’homme qui plantait des arbres », d’après Giono, elle avance d’un cran la relation marionnette-manipulateur. Ce qui est une constante chez Arketal, c’est que, pour chacune de ses créations le marionnettiste a un statut d’acteur : il est le manipulant de sa marionnette, mais il existe, tout au moins les deux existent ensemble. Et, peut-être corollaire de ce principe, le spectateur voit le marionnettiste. Or cette manière de procéder ne gêne absolument pas la lecture : on est très rapidement concentré sur les marionnettes tout en sachant, …/… voir la suite sur Ciaovivalaculture […]

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