Cinéma / WHITE BIRD de Gregg Araki

WHITE BIRD de Gregg Araki

Le cinéaste de Mystérious Skin ( 2004 ) et Kaboom ( 2010) avec son dernier film nous propose le portrait d’adolescents et d’une famille en crise. Autour de la disparition énigmantique de la mère au foyer se déssine , en miroir, le subtil portrait de la « middle Class » Américaine qu’accentue une mise en scène aux apparences très sages dont les éléments laissent sourdre le malaise avec un parfum de Thriller, en toile de fond…

l'Affiche  du  Film
l’Affiche du Film

On rerrouve les thèmes chers au cinéaste dans ce film adapté du roman Un Oiseau Blanc dans le Blizard de Laura Kasischke dont il s’approprie le portrait de cette jeune adolescente de Dix-Sept ans, Kat ( Shailene Woodley) de la fin des années 1980 ,qui, dans la banlieue pavillonnaire de Los Angeles se morfond et s’ennuie dans une famille où père ( Christopher Meloni) et Mère (Eva Green ) installés dans le confort voient leur couple s’éfriter et l’indifférence s’intaller , en même temps que les rancoeurs et les disputes. Heuresement Kat a ses camarades de collège et ses amis pour lui permettre de se changer du décor familial et partager les rêves d’adolescente (  les  sortie ) et faire face aux troubles de l’éveil de la sexualité dont elle vit les premiers émois auprès du jeune voisin Phil ( Shiloh Fernandez ) . Un bonheur troublé par la disparition soudaine et inexpliquée de la mère qui va venir pertuber ses nuits , de cauchemars ( aux accents surréalistes) en même temps qu’alimenter son mal-être, sur ses sentiments et son avenir . Tandis que les intérrogations se font de plus en plus préssantes sur les raisons de la disparition de la mère dont la figure fantômatique, hante et  galce ,ses rêves…

Père et Mère  : Cristopher  Meloni  et  Eva  Green
Père et Mère : Cristopher Meloni et Eva Green

C’est le prisme du regard et de la perception de kat qui conduit le récit et la mise en scène de Gregg Araki qui réjoint le thème de la plupart de ses films consacrés à l’adolescence qu’ il explore , ici, par un traitement encore plus appuyé que dans Mystérious Skin, par la  structure de récit et de tonalités classiques de sa mise en scène . Et ce choix lui permet de mettre en valeur, avec la subtilité du traitement de la bande sonore et des jeux de miroirs qui se tissent dans les habitudes et les mentalités qui les opposent, les deux univers ,dont la tragédie vécue par Kat se fait le reflet. Gregg Araki explique son choix dans le dossier de presse « Les femmes de la génération de la mère ont grandi dans les années 1950-60 bien avant les bouleversements sociaux et culturels qui ont étés amenés par les groupes de défense des droits des femmes et de la pensée féministe. Ces femmes ont appris dès le plus jeune âge que leur place était à la maison (…) le personnage d’Eve Connors a pu être influencé par les icônes de cette époque , Jackie Kennedy, Elisabeth Taylor, ou plus globalement les héroines des films d’Hitchcock qui représentent l’idée de la perfection féminine. La mère de Kat vit avec ces modèles en tête. Elle veut renvoyer l’image de la femme, de l’épouse et de la mère parfaite…j’adore la séquence où Eva Green fait le ménage tirée à quatre épingles. On a l’impression de voir une vieille publicité censée vanter les qualités de la ménagère Américaine ! ».

Eva  Green
Eva Green

On pense en effet aux films et mélodrames des années 1950 de Douglas Sirk , Nicholas Ray ou Vincente Minnelli qui en faisaient les portraits en même temps que celui de la Middle Class d’alors . En contrepoint , Gregg Araki montre donc cette jeunesse de la fin des Années 1980 avec ses aspirations et rêves radicalement opposées et cette liberté qui se traduit au travers de la bande-son musciale ( Joe Division , The Cure , New Order , Cocteau Twins ,ou encore , Depêche mode ..) qui illustre leurs univers.                            De la même manière que cette soif de liberté et quête de soi , se traduit dans les fréquentations et amis de Kat ( sa copine noire obèse, et son copain gay qui joue les folles ) , et surtout ses expériences amoureuses en forme  de sexualité et d’ éveil sentimental débridé à la recherche de repères et de modèles. Une quête débordante qui renvoie à la mère au foyer éffacée, le trouble d’une séduction modelée sur des icônes et désormais en berne, dont elle va tenter de ranimer ( belles séquences ) le trouble auprès de Phil, le ( beau ) petit ami de sa fille. Tandis qu’elle se mue en rancoeur envers un mari et mâle au foyer, de plus en plus indifférent .
Et, subtilement Gregg Araki tisse, les petits signes d’un dérèglement qui s’insinue dans les  rapport qui s’installent au cœur du trio familial auprès duquel le jeune et beau Phil petit ami de Kat  est souvent l’invité de la famille. De la même manière que le trouble s’installe au cœur du couple familial et fait écho à celui de Kat et de Phil au sein duquel, les distances petit à petit font leur chemin …qui poussent Kat dans le bras d’un autre , puis à s’éloigner de Phil et d’un cadre de vie devenu angoissant, portée par le désir de s’impliquer dans des études Universitaires dans une autre ville, des études pouvant lui ouvrir d’ autres horizons …

Shailène  Woodley  et  Shliloh  Fernandez
Shailène Woodley et Shliloh Fernandez

Mais le malaise persiste, et , à l’occasion de ses retours dans la maison familiale, le drame installé par la disparition de la mère s’intensifie même,  par les flash-baks des séquences et les cauchemars de Kat qui viennent inscrire les éléments du mystère de  la disparition  dont on vous laissera découvrir le développement final. Il y a , en tout cas, un mystère que le film dévoile au cœur de cette tragédie  et  dont il propose le portrait d ‘une famille ébranlée dans ses certitudes imposées par le déterminisme social. Le cinéaste en brosse un constat d’autant plus implacable, qu’il est quasi dépourvu de tous effets, et empreint d’une sorte de mélancolie et de fatalité dont il explique la nécéssité qui s’y inscrit «  l’idée était de montrer que le paradis que les banlieues Américaines sont censées représenter peut devenir un enfer. Le dilemme auquel la famille de Kat est confrontée, au delà de l’aspect tragique du récit , est au fond assez commun : l’idée fondatrice de l’American Dream qui était que tout le monde avait au fond les mêmes rêves. En réalité celà a crée beaucoup de souffrances , de secrets et de mensonges et de nombreuses tragédies ont été étouffées . Au fond , le roman de Laura pointe de manière éloquente , l’echec du rêve Américain » , dit-il .
Dès lors, son film s’incrit dans la modernité et la continuité d’un cinéma , souvent indépendant ,qui  explore toutes les facettes qui se reflétent dans les malaises, les révoltes et comportements violents de cette jeunesse Américaine qui a succédé à Kat et à ses amis dans les Années 1990 et Suivantes. On pense aux films de Sam Mendès ( American Beauty) , de Larry Clarke ou de Gus Van Sant , qui s’en font,également  l’écho.

( Etienne Ballérini )

WHITE BIRD de Gregg Araki-2014-
Avec : Shailene Woodley , Eva Green, Christopher Meloni,Shiloh Frernandez, Angela Basset….

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