SAINT LAURENT de Bertrand Bonello
Présenté au Festival de Cannes en mai dernier, en compétition officielle, le film sort cette semaine sur les écrans. On l’avait aimé lors de sa projection Cannoise, notre première impression « à chaud » ( que l’on vous propose ci-dessous), est confirmée par notre récente nouvelle vision pour la sortie en salles . On mesure encore mieux avec le recul, et loin de la frénésie de la Croisette, la qualité de la mise en scène et ses fulgurances , ainsi que l’imbrication des thèmes personnels du cinéaste, que l’on retrouve au coeur du traitement de la destinée mouvementée, du célèbre couturier qui a révolutionné la mode vestimentaire…

Après la version de Jalil Lespert sortie il y a quelques mois , c’est celle très attendue de Bertrand Bonello dont l’univers des précédents films laissait supposer qu’elle aurait une tonalité différente, et c’est le cas . Les choix stylistiques et de récit s’éloignent en effet de la version plus classique de Lespert où la tonalité de la Biopic était plus présente avec un panel de la vie de l’inventeur du « prêt à porter » , tandis que Bonello concentre son récit principalement sur les années 1965 à 1976 et leur renvoie en écho final une superbe évocation de la fin de la vie du couturier, Yves Saint Laurent ( Gaspard Ulliel , excellent ) où le spectre de la disparition est servi , par une mise en scène qui évoque le Visconti de la Mort à Venise . Bien sûr on retrouve les passages obligés sur l’ascension du couturier et sa vision moderne dont ses collections on profondément contribué à modifier l’image de la femme, de même que ses rapports avec Pierre Bergé ( Jérémie Rénier ), et cette autre passion pour ce Jacques ( Louis Garrel ) égérie de Lagerfeld , ou , encore son addiction aux différentes drogues .
Mais le réalisateur de Tirésia (2003 ) et de Souvenirs de la maison close ( 2010) , dont on connaît les qualités de précision dans les détails de la mise en scène s’attache ici à une reconstitution minutieuse d’époque qui offre au film une étonnante authenticité que complète un superbe travail sur la photographie .
On a apprécié également son sens du montage qui apporte le rythme et la fluidité nécessaires à un récit où les sauts dans le temps et les flash-back permettent à l’auteur de faire s’entrechoquer les différents thèmes dans une réflexion qui inscrit la création et la modernité du couturier dans un contexte d’époque auquel Bertrand Bonello fait admirablement écho . Ainsi la créativité d’Yves Saint Laurent s’y retrouve confrontée à toute une modernité et créativité artistique naissante.Du Cinéma ( les robes de Deneuve pour un film de Truffaut ) , en passant par la chanson ( les robes de scène de Françoise Hardy) évoquées au début du film , et puis on retrouve la peinture et l’art moderne en général ( Andy Wahrol , Mondrian ). Très réussie également la frénésie créatrice de Saint Laurent lorsqu’il n’hésite pas à se faire violence et jouer de son charme , pour « chipper » le beau modèle à Coco Chanel. De la même manière qu’est superbement transcrite la frénésie des coulisses où travaillent les ouvrières . On n’oubliera pas ,enfin, le final avec le dernier défilé superbement traduit en « Spleet Screen » ( hommage à Mondrian ) et les scènes où on voit un Saint Laurent Vieillissant incarné par Helmut Berger,qui renvoie des échos Viscontiens Une belle réussite.
( Ballérini Etienne )
SAINT LAURENT de Bertrand Bonello – 2014- Avec : Gaspard Ulliel , Jérémie Rénier, Louis Garrel, Helmut Berger , Léa Seydoux, Amira Casar …
Comme d’habitude, une très belle chronique 🙂
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De rien, le blog fort intéressant 🙂