Antoine DUHAMEL, la musique de la nouvelle Vague s’est tue…
Depuis la fin des années 1960 et jusqu’aux années 2000, il a composé plus de soixante partitions pour le grand écran, et notamment pour les cinéastes de la Nouvelle Vague ( Truffaut, Godard..) et pour ceux qui lui ont succédé . Fidèle, aussi, de Bertrand Tavernier et apprécié par les Cinéastes étrangers ( Tony Richardson , Fernando Trueba).Des Oeuvres symphoniques , Opéras, compositions diverses ou d’inspiration religieuse ,ont enrichi son répertoire. Il s’est éteint à l’âge de 89 ans.

C’est en 1925 qu’il est venu au monde dans le Val d’oise ( Valmondois) , de parents célèbres :fils de l’écrivain Georges Duhamel et de la Comédienne Blanche Albane. Dès sa plus jeune enfance il se dirige vers des études musicales au conservatoire de Paris , et tant qu’à faire « coaché » pas par n’importe qui ,puisqu’il aura comme professeurs pas moins … qu’Olivier Messian et René Leibowitz !.
Il parfait au fil des années sa culture musicale qu’ il veut diversifiée et ouverte à toute la gamme de l’écriture musicale . En parallèle de ses partitions pour le cinéma qui le rendront célèbre dans le monde entier, il ne cessera de se consacrer à des compositions qui vont de la musique légère et des chansons à celles pour la scène ( opéras ) et pour les ensembles musicaux et la direction d’orchestres . On relèvera par exemple ses compositions d’inspiration religieuses ( Oratorios ou Requiems , dont le Requiem pour Cocteau ) , celles consacrées à l’opéra ( dont le Gambara ou l’opéra des oiseaux , ou le Ubu à l’opéra…). Celles ,encore plus nombreuses d’oeuvres :concertantes et symphoniques ( Concertos , ballades , variations , impromptus pour quatuors à corde et autres fantaisies , comme cet hommage à Mingus écrit pour 5 Saxophones ) . Il se consacra également à transmettre son Art au travers de l’enseignement avec la création de ce qu’il considéra comme son grand œuvre , la fondation en 1980 de l’école Nationale de Musique de Villeurbanne à laquelle il consacra son énergie et qui devint, au fil des ans, incontournable et de réputation internationale.

Et puis , bien sûr, il y a cette contribution à cinéma et à l’écriture et la composition de partitions destinées à accompagner et enrichir le rythme et les tonalités de la mise en scène . il s’y révèlera un maître en la matière et qui en même temps que les cinéastes avec lesquels il a collaboré, aura contribué à les « modeniser » par ses partitions en adéquation avec l’écriture cinématographique, et à enrichir le vocabulaire musical cinématographique , en même temps que celui de la perception du public . Impossible, en effet, de dissocier son travail musical sur la bande sonore en parfaite adéquation avec les tonalités de la mise en scène dans Pierrot le Fou , Made in Usa ou Week-end de Jean –Luc Godard . L’osmose est parfaite. Comme elle l’est aussi lorsqu’elle accompagne les sentiments et les émotions des personnages des Films de François Truffaut . Impossible là encore de dissocier son apport à la mise en scène et aux tonalités de snetiments et des personnages de l’univers de François Truffaut dans La Sirène du Mississippi , Domicile Conjugal ou Baisers Volés .
La variété était aussi un des points fort d’Antoine Duhamel qui savait s’adapter aux exigences et aux univers les plus opposés, des cinéastes avec lesquels il a collaboré . Travaillant avec la même exigence pour Bernard Toublanc-Michel ( Cinq gars pour Singapour ), Maurice Labro , Alexandre Astruc , Yves Boisset ( Un Condé ) , Yannick Bellon , Jean Daniel Pollet , Patrice Leconte , Olivier Assayas , Julie Bertucelli . En même temps qu’il s’adaptait aux univers des cinéaste étrangers comme celui de l’Italien Riccardo Freda ( Roger la Honte ) ou celui de Tony Richardson ( Red and Blue ) de la nouvelle vague Anglaise , ainsi qu’aux tonalités parfois déroutantes et délirantes de l’Esaganol Fernando Trueba ( le rêve du Singe fou , La belle époque , La fille de tes rêves ).

Mais , c’est la riche et belle collaboration et l’amitié qui en est née , avec Bertrand Tavrenier qui marquera aussi des deux décénnies ( 1970 -1980 ) d’une belle entente avec la richesse récompensée d’un travail en adéquation parfaite recontrant à la fois le succès du grand public et la reconnaissance de la proféssion. Avec Que la Fête Commence ( 1974/ nomination aux Césars pour la meilleure musique de film) , La Mort en Direct ( 1979 ), Daddy Nostalgie ( 1990 ) et Laisser –Passer ( 2002 ) qui lui vaudra d’être consacré « étoile d’or » du meilleur compositeur de musique décerné par l’Académie de la Presse du Cinéma Français . Récompense à laquelle s’ajouera en 2008 le prix d’honneur Henri Langlois du compositeur . La Cinémathèque Françaiqse lui avait cosacré en 2007 une rétrospective des films dont il avait composé la musique .
Une vie bien remplie …
(Etienne Ballérini )