Expo / Le collectif no-made continue de surprendre

Encore une fois, la villa Roc Fleury en bord de mer à Cap d’Ail accueille les artistes du collectif no-made. Celui-ci se renouvelle un peu chaque année et étonne toujours par sa vitalité et son envie de créer avec modestie et exigence artistique. Il est aussi important de souligner cette ouverture sur le monde que la création en extérieur, in-situ, oblige à avoir. L’expo s’intitule ainsi « Made in no-made »

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Stéphanie Lobry

No-made est aussi un jeu de mot autour de l’esprit nomade qui traverse ce bouillonnement créatif in situ depuis ses débuts. En effet, si la villa Roc Fleury est un rendez-vous annuel, no-made avait déjà investi les facultés St Jean d’Angely et de Valrose à Nice, les tunnels désaffectés de la SNCF à Cap d’Ail, l’arboretum du Roure… La vie circule dans ces œuvres qui évoluent au fil du temps.

Olivier Roche
Olivier Roche

Ainsi , en cette fin d’été, une vingtaine d’artistes ont investi le jardin de cette merveilleuse villa. Seul le salon ouvrant sur l’extérieur accueille aussi quelques pièces dont les petites chemises d’Anne-Sophie Viallon et ces petits personnages dessinés par des fils et des gouttes de peinture à l’eau, devenant soudain de douces explosions de vie.

Dans ce salon, on y trouve aussi une des pièces les plus intéressantes, ce bébé encore dans l’utérus entièrement tricoté de Stéphanie Lobry. Il y a un décalage dérangeant entre cette forme douce et chaleureuse de la laine et cette vision très médicale et crue de la grossesse. De la même manière, l’œuvre d’Olivier Roche mêle des émotions contraires. Sa petite maison en bois totalement fermée se fait agresser par des haches plantées sur tous ces murs. Ainsi, violence et protection mais aussi repli sur soi se ressentent à la vision de cette très belle pièce, reflet de notre société actuelle.

Louis Dollé
Louis Dollé

Si on continue notre marche, au milieu d’une tonnelle en fer, les petits personnages torturés « giacomettesques » de Louis Dollé se tiennent la main pour une ronde « matissienne » montant vers le ciel dans un mouvement qui semble à la fois fragile, léger et inévitable par la dureté de la matière utilisée, le fer.

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Clémence Knaebel
Clémence Knaebel

 

Un peu plus loin, dans les arbres, des cocons au travers desquels on distingue des dessins délicats de personnages. Puis au sol entre deux arbustes, une assiette cassée qui nous sourit de toutes ses dents pour Un dernier repas réalisé par Maria Amos. Il y a aussi cette grotte reconstituée en miniature et découvrant des peintures préhistoriques. Clémence Knaebel entame ici une mise en abyme sur l’acte créatif in situ tout en étant une œuvre assez originale, une idée qui colle plutôt bien à l’esprit no-made.

André Marzuk
André Marzuk

André Marzuk fait dans l’Esprit de Jardin avec des carrelages plantés dans une pelouse synthétique et présentant ce qui semble des radiographies de plantes. Ironie évidemment sur ce factice esprit de jardin/bio/écolo à la mode qui pullule aujourd’hui. A quelques buissons de là, sur un arbre sont suspendus de drôles d’abat-jours végétalisés et au milieu du chemin, Denis Gibelin nous gratifie d’une belle œuvre imposante – comme à son habitude, Intimité. Au milieu d’une épaisse structure en bois, on croit reconnaître des morceaux de mur d’une pièce. Des traces  en témoignent. Serait-ce alors le prolongement d’une de ses créations de l’année dernière* présentant l’angle d’un mur qui laissait échapper une brisure vers l’horizon. Vers cette intimité perdue qui n’existe plus que dans le souvenir de ces murs abandonnés puis exposés ?

Denis Gibelin
Denis Gibelin

Paul Stappleton essaye lui d’attraper 1m3 de vent et 1m3 de ciel avec deux cubes montés sur une structure métallique, l’un est vide (le vent passe au travers) et l’autre est recouvert de tous les côtés par un papier gris-bleu foncé. Ils font face à la mer. Imperturbable. Et si la plus belle œuvre d’art était impalpable, insaisissable et totale ?

Paul Stappleton
Paul Stappleton

Sur l’estrade en béton tout au fond du jardin, offrant une vue merveilleuse sur la côte, l’endroit est propice à la poésie de Pierre Verola. De belles feuilles de couleur rouille et jaune ont été peintes au pochoir sur le mur accueillant le soleil couchant tandis qu’au milieu d’autres feuilles bleues sont en suspension dans des plaques transparentes. On y resterait bien tranquillement. Là au fond du jardin. D’autant qu’on peut y venir avec ses enfants – la preuve en images !

Pierre Verola
Pierre Verola

Mais voilà, l’exposition se termine déjà le 30 septembre.

 

Julien Camy (texte et photos)

Ouverture à partir de 13h, jusqu’au 30 septembre
Renseignements : 04 93 78 19 03 / http://www.no-made.eu

 

*Lire le compte-rendu de l’année dernière https://ciaovivalaculture.com/2013/09/10/expo-no-made-demenage-au-roc-fleuri/

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