BABY BALLOON de Stefan Liberski. (1)
Le réalisateur Belge de Bunker Paradise, nous propose pour son second film un beau personnage féminin de chanteuse-leader d’un groupe de Rock . Portrait sensible d’un jeune fille volontaire dont le handicap de sa rondeur physique fait échec à ses amourettes adolescentes. En toile de fond, les rêves et désillusions d’une jeunesse qui cherche sa voie dans une région dévastée par la crise industrielle…

Elle s’appelle Bici, c’est le surnom de scène qu’elle a choisi en forme de contraction de prononciation d’un V en B, de son nom de famille, Vicitation, hérité d’un père d’origine Espagnole qui fut Torero ( dont elle regarde sur l’ordinateur les vidéos de ses corridas ) et aujourd’hui décédé. Bici vit avec sa mère , et, consciente de l’atout d’une belle voix et des possibilités qu’elle offre, elle a monté avec ses amis d’enfance un groupe « Bici et Les Bitchies « , pas mauvais du tout dans le maniement des instruments ( Batterie , basse et guitare ) , qui, après avoir fait ses armes et travaillé dans leur petit local de répétitions , commence à faire son chemin sur scène y rencontrant un petit succès local.
L’osmose qui règne dans le groupe et la possibilité de pouvoir s’exprimer dans un domaine qui leur plait , et surtout, leur permet de se sortir de cet univers morose dans une région – celle de Seraing où le film a été tourné – constitue une véritable bouée de secours , car dans cette ancienne zone industrielle morose et dévastée par la crise , c’est surtout le chômage qui règne et les perspectives de trouver du travail son minces.

De plus dans l’Univers Musical qu’ils se sont construits qui leur permet de prolonger leurs relations d’enfance, ces jeunes adolescents vont découvrir à la fois la réalité d’un milieu avec lequel ils vont devoir composer ( les après -concerts et la communication ) avec les requins à l’affut , à l’image de ce Manager qui leur a proposé ses services et qui ne leur offre que des plans foireux !. Et il y a également cette vie et unité du groupe qu’il va leur falloir chercher à préserver de l’attrait des « fans » qui , à l’image de la jolie blonde Anita ( Pauline Parigot ) engagée dans l’humanitaire, fait du rentre dedans au Guitariste , Vince ( César Domboy ) qui n’y est pas insensible !. De quoi d’ailleurs susciter la jalousie de Bici qui en « pince » pour son ami d’enfance dont un furtif baiser lors d’une scène de jeu et d’essayage de déguisements d’habits de scène, lui a fait croire que l’ouverture était possible. La « bluette » sentimentale et ses conséquences Stefan Liberski , l’investi avec une certaine habileté, se concentrant sur les réactions qu’elle provoque chez Bici ( Ambre Grouwels, remarquable . Une révélation) dont elle accentue par exemple ce sentiment de rejet par rapport à son physique.
C’est surtout ,la dimension qu’il lui offre, servie magnifiquement par sa comédienne , qui fait le prix du portrait d’une adolescente en questionnements et en crise sentimentale , qui se transforme en battante avec la même énergie qu’elle met sur scène , pour faire face au coups de la vie. Contrairement à une mère cherchant , elle , à éloigner ses peurs en sombrant dans la dépression boulimique d’une fièvre acheteuse de produits ménagers inutiles !. Bici, saura sublimer les larmes de douleurs qui embuent ses yeux , pour s’ouvrir le chemin de la vie … car elle sait désormais que « le souffle qui lui manque ne pourra venir que d’elle-même » , explique le cinéaste.

Dès lors , il va compléter le portrait ,au long des séquences d’un récit fait de toute une série de notations et de questionnements sur l’évolution – au sein du groupe- des rapports dont l’innocence de l’enfance qui les a noués, se retrouvent confrontés au passage du temps et à l’évolution des corps et des désirs , comme à celle d ‘une vie quotidienne à laquelle chacun doit faire face, pour y trouver les repères qui vont lui permettre de construire sa vie d’adulte. Tandis que le réalisme sur le contexte musical se retrouve enrichi dans son approche par le « vécu » personnel à la ville des personnages du groupe que le cinéaste a choisis, parce qu’ils sont -aussi- musiciens » la musique a été composée en partie par les acteurs eux-mêmes , tous musiciens. Ambre a fait ses premiers pas cinématographiques dans le film, elle est d’abord chanteuse , elle a eu une formation en chant classique puis s’est produite sure scène dans des comédies musicales ( …) César Domboy joue de la guitare, Allan Hoffmann de la basse, Et valentin Veisemeire de la batterie (…) ensuite Ambre et moi avons écrit la plupart des autres titres , les ballades » , explique-t-il dans le dossier de Presse .

Dès lors Stefan Liberski peut compléter la toile de fond qui sert de décor , cette région industrielle frappée de plein fouet par la crise, et ce ressenti quotidien d’une grisaille , qui fait dire à un personnage , avec le sourire au coin des lèvres que le seul espoir qui permet de se dire qu’on peut échapper à cette misère « c’est qu’il y a une gare et un train qu’on peut prendre pour s’en aller ailleurs… ». Ajoutant à la grisaille qui s’inscrit dans les décors , une pincée de cet humour décalé ( la scène du marchand de sandwiches ou l’étrange récit de l’ami qui révèle à Bici les circonstances de la mort de son père…. ) qui vient insidieusement s’inscrire au cœur de certaines séquences, comme un écho grand guignolesque, style « comédia dell’Arte » .
( Etienne Ballérini)
BABY BALLOON de Stefan Liberski -2014-
Avec : Ambre Grouwells,César Domby, Philippe Rebbot , Pauline Parigot,
Isabelle de Hertog, Allan Hoffman, Valentin Vermeire …
(1)-le film est projeté au Cinéma Rialto à Nice , Mardi 5 Août où la Séance de
2O heures organisée par l’association ADN , aura lieu en présence de la Comédienne Ambre Grouwells et sera suivie d’un débat.