Festival / Woodstock in Séranon grâce à Concert chez moi

Les 12 et 13 juillet derniers, l’association Concert chez moi qui propose, l’année durant, des concerts en appartement, organisait un festival de musique pas piqué des hannetons. L’association délocalisait son évènement dans un auguste chalet situé entre le pays de Grasse et le pays de Castellane. C’est évidemment là qu’il fallait être.

 

Lorsqu’on prend la portion de la route Napoléon de Grasse vers Séranon, le paysage est à couper le souffle. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le parc naturel régional des Préalpes d’azur englobe dans son large périmètre toute cette partie de mi-montagne, qui dispose, à chaque col ou presque, d’une imprenable vue mer à faire pâlir les milliardaires texans. Les motards aussi affectionnent cette route 6085 – plus connu sous l’ancien et doux nom de Nationale 85 – et c’est encore preuve que l’on se trouve sur un axe hors norme car ces gens-là ne se trompent généralement pas lorsqu’ils prévoient leurs excursions.

Même une horde de Hells Angels ne résista pas à la beauté des lieux, et l’un d’eux était ému aux larmes et attendri comme une petite fille devant un tel spectacle naturel, minéral et arboré.

The Wepys
The Wepys face à leur public (Photo Bruce Lane)

Pourtant, ce 12 juillet, en début d’après-midi, si d’aventure vous vous étiez hasardés sur cette route magique, vous auriez peut-être trouvé que cela évoque davantage un chemin secret menant vers un quelconque lieu de célébration du sabbat avec les sorcières d’antan. Point de vue mer en effet, ni de sommets aux formes arrondies et chaleureuses, point de mélèzes familiers ou de primevères violacés. Point de motards non plus, et seules quelques voitures aux phares aveuglants se succédaient timidement dans un brouillard épais. Un orage à la hauteur de l’exception du lieu battait son plein. Pas de chance pour le touriste de passage. Pas de chance pour les festivaliers. Des gouttes grosses comme un pouce tombaient sur leurs crânes d’hommes et de femmes déçus. Séranon avait été littéralement englouti dans un effroyable cumulonimbus.

Déjà des tentes ruisselantes avaient été plantées à gauche de la scène et la boue gagnait en viscosité. Mais la fatalité est faite pour être combattue. Quelques tergiversations eurent lieu, et décision fut prise de maintenir coûte que coûte les festivités. La providence fit le reste, et quelques petites heures plus tard, les nuages durent partir, probablement chassés par les bonnes vibrations émises.

Première réussite, quoique, certes, involontaire.

Voilà donc, se disaient les invités qui commençaient à arriver en nombre, les festivités lancées. C’était vrai, le bar ouvrait, mais encore fallait-il brancher la scène. Branle-bas de combat à Séranon ! En une demi-heure, tout le staff de l’association était mobilisé. Olivier et Cédric, occupés à la mise en place de la bâche, en cas de rechute du temps, Jeanne à installer son stand, Marine, Elsa, David, Jules et Steph aux multiples tâches à accomplir, et Seb et Jean-Baptiste, les hommes du son, avec leur apprenti, Bastien. Vous venez de faire connaissance avec une partie des membres de Concert chez moi. Une petite association où la camaraderie est partout présente. Deuxième réussite.

Et les invités mettaient eux aussi la main à la pâte, tandis que d’autres plantaient leur(s) tente(s). Bientôt, l’espace camping fut rempli, et le sol encore gorgé d’eau, investi par une petite centaine de personnes.

Seb, dont les nerfs furent mis à rude épreuve tout au long de la soirée en raison du retard pris sur les réglages de la musique à cause de la pluie, ne parlait plus avec son apprenti, qu’un jargon technique incompréhensible pour les béotiens. Au final, fort d’un matériel de pointe, le son était digne des plus belles scènes estivales.

Pendant ces réglages, Damien, Manu et Emma surent faire patienter avec brio tout le public grâce à une bonhomie naturelle et aussi du pastis, du rosé et de la bière.

Enfin, la musique commença. The Wepys, groupe varois de ska envoya du très lourd d’emblée. Au trio de base basse, batterie, guitare, étaient ajoutés un clavier et des cuivres. Classique, mais imparable. Le chanteur se baladait là-dessus dans un costume rappelant les plus pures années londoniennes de ce style musical. Un pied devant l’autre, on dansait. Ensuite, vint le groupe de hip-hop Yuna, dans le sillon duquel de nombreux fans occupèrent la pelouse. Un jeune homme et une (encore plus) jeune femme s’échangèrent le flow accompagné d’un batteur solide, et d’une musique paramétrée en amont que l’ordinateur recrachait sans faillir. C’est fou ce que ce genre musical peut être mélodique et agréable lorsque le talent est de la partie. La voix de la chanteuse ne laissa d’ailleurs personne de marbre.

Le public, sous un ciel désormais libre et étoilé, était aux anges.

Seb et Jean-Baptiste, maudissant encore cette satanée pluie qui, en plein été, leur avait fait prendre du retard, procédaient aux balances en direct, tandis que le public attendait les jeunes stars du rock de HVN. A eux quatre, ces Niçois ne doivent pas atteindre l’âge de Mick Jagger, mais ont incontestablement des choses à dire, et des chorus à revendre ! Le guitariste envoie à l’envi des rythmiques blues funk sur une architecture plutôt rock, et le mélange fait mouche. Suivaient, pour les plus courageux, les mixs enivrants de Rachel et la nostalgie du futur.

Musique éclectique et son de qualité, voilà tout simplement la troisième réussite de ce festival qui ne coûtait, soit dit en passant, qu’une vingtaine d’euros pour les deux jours.

A cette scène aux watts débridés, ce samedi, succéda progressivement la douce musicalité du sommeil des festivaliers.Football, volley, canoë (dans le petit cours d’eau qui jouxtait le terrain) et bronzette au programme du dimanche matin, avant que, fatigués, mais heureux, les festivaliers ne se remettent en début d’après-midi à battre le rythme d’un mouvement de tête.

Musique et cadre idyllique… et dire que des chanceux ont assisté à cela pendant deux jours de suite ! D’ailleurs, il paraît que Washing Majazz et Ashkabad notamment, deux groupes électros pour faire court, ont régalé les oreilles de tous ces petits privilégiés. Pourra-t-on compter sur une nouvelle édition en 2015 ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faudra suivre ça de près. Tiens, sur facebook.com/concertchezmoi par exemple.

 

R. F.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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