Jusqu’au 20 février, l’association Cinéma sans frontières organise un festival de cinéma sur Nice au cinéma Mercury. Un belle sélection de 12 films que Josiane Scoléri, membre de l’association nous présente.
Cette année, le thème du festival porte sur l’expression artistique sous toutes ses facettes (ou presque). Non pas dans un esprit documentaire ou illustratif, mais plutôt pour essayer de s’approcher au plus près, par les moyens propres du cinéma, de cette alchimie mystérieuse qui conduit à la création.
Dans cet esprit, nous avons sélectionné 12 films qui chacun pose la question de la production d’œuvres d’art, activité propre aux hommes et semble-t-il aussi lointaine que la vie en société.
Impossible alors de ne pas se demander pourquoi ? Qu’est ce qui pousse aussi impérieusement les hommes à s’adonner de tout temps et sous toutes les latitudes à cette activité a priori si peu « utile », ou en tout cas pas utilitaire. Elle ne sert apparemment ni à la préservation de l’espèce, ni à la survie du groupe. Ou pour dire les choses un peu brutalement : « L’art, à quoi ça sert ? ».Et si certains étaient tentés de répondre tout aussi brutalement: « À rien », l’impression qui émerge et s’impose tout de suite, c’est que la réponse est très certainement un peu courte au vu de l’histoire de toutes les civilisations.
Ou alors peut-être faudrait-il ajouter dans la foulée qu’il n ‘y a décidément rien de plus précieux que ce qui à première vue « ne sert à rien ». Aimée Césaire avait coutume de dire : « La culture a été inventée par l’homme pour rendre la vie vivable et la mort affrontable ». On comprend mieux dès lors comment et pourquoi l’art infuse toutes les strates de la société, du cercle du pouvoir et des élites jusqu’aux milieux les plus populaires avec une belle vivacité qui ne se dément pas.
Nous en avons deux bons exemples dans la programmation avec d’un côté l’émotion esthétique pure découlant d’un raffinement extrême dans la musique dite « savante » (Le salon de musique de Satyajit Ray) et à l’autre bout du spectre, l’émotion jubilatoire provoquée par toutes les formes de musique populaire jouées par un groupe tout sauf glamour. (Leningrad cowboys go America).
Mais puisque nous sommes au cinéma, se pose aussi la question de savoir ce que le cinéma, art populaire par excellence qui a conquis ses lettres de noblesse de haute lutte, apporte de spécifique dans le regard qu’il pose sur les autres arts.
Car si la caméra nous permet de voir ce qui n’est généralement pas montré, ( le tableau en train de se faire et de se défaire dans Le songe de la lumière de Victor Erice, ou les acteurs répétant leurs répliques dans César doit mourir des frères Taviani, elle dirige aussi notre regard sur tel ou tel détail, ou nous oblige carrément à voir ce que nous n’avons pas forcément envie de voir ( le désir de toute puissance de l’artiste qui confine à la folie dans La bête aveugle de Masumura). Nous embobine-t-elle pour autant ? Oui et Non.
OUI, bien sûr puisque qui dit cinéma dit mise en scène, montage et donc manipulation de notre regard et de nos émotions.
NON puisque ce faisant, le cinéma nous révèle une autre vérité que lui seul peut faire émerger.
Voici en tout cas une question qui mérite d’être posée et qui nous l’espérons nourrira (entre autres) les débats du festival.
Josiane Scoleri
Le programme détaillé : http://cinemasansfrontieres.free.fr/