Cinema / AMERICAN BLUFF de David O’Russell

AMERICAN BLUFF  de  David O’Russell

Le nouveau film des Rois du désert et de Hapiness Thérapy , nous plonge dans l’Amérique des années Carter, au cœur d’un scandale et d’un chantage qui a interpellé les consciences . Mêlant habilement réalité et fiction , autour de cette histoire d’un couple d’escrocs piégés par le FBI et contraints de collaborer pour infiltrer et faire tomber politique corrompus et gros bonnets de la Mafia . Le cinéaste brouille les pistes du genre pour offrir , en miroir des faux -semblants , une comédie satirique décapante sur la corruption à tous les niveaux.

l'  Affiche  du  Film.
l’ Affiche du Film.

Il y a le couple de petits escrocs , Irving Rosenfeld (Christian Bale ) et Sidney( Amy Adans) qui fait ses petites affaires et tente de vivre en parfaite harmonie amoureuse malgré l’acharnement de l’épouse d’Irving( Jennfier Lawrence) qui ne cesse de s’interposer en mère dépressive jouant sur les sentiments pour  tenter  de  « réanimer » la viabilité familiale nécessaire à la stabilité de leur enfant. En marge du chantage affectif, Irving va devoir avec sa maîtresse , affronter un chantage d’une autre nature ourdi par un agent du FBI , Richie Di Maso ( Bradley Cooper), qui , après avoir piégé le couple suite à une arnaque , va l’entraîner à une « collaboration » forcée dans une machination  plus  qu’alambiquée destinée à faire tomber un maire, Carmine Polito      ( Jeremy Renner ), supposé corrompu dans des machinations financières pour faire aboutir un projet de construction  sociale , ambitieux . Une opération qui doit conduire à compromettre des « poissons » plus gros, ceux des bonnets de la Mafia. Le cadre ainsi établi , comme les enjeux destinés à faire tomber les masques par le biais d’une machinerie dont les mécanismes du « piège » tendu est construit sur ces faux-semblants nécessaires pour le rendre efficace. C’est ce mécanisme que réalisateur embrasse pour s’amuser,  lui , à piéger le spectateur dans un jeu où sa mise en scène devient mise en abîme du « rêve Américain » .

Amyhristian Bale

(Amy  Adams  et  Christian Bale )

On se souvient de l’habileté du cinéaste qui , dans le contexte de la guerre du Golfe avec Les Rois du désert ( 1999) , faisait  sourdre au cœur de la tragédie humaine la satire dénonçant une intervention militaire et une mission secrète qui s’y greffe , en même temps qu’il portait sur ces hommes emportés dans le mécanisme de l’enjeu , un regard qui finissait par révéler le drame intime qu’ils vivaient au cœur de la tourmente. On retrouve dans Américan Bluff , au delà des apparences des cartes et des pistes brouillées , cet attachement à vouloir monter aussi l’envers du décor et des individus, comme l’illustre cette séquence qui interpelle sur le vrai et le faux , dans le musée où est exposée une toile de Rembrandt.

Jennifer  lauwrence

( Jennifer  Lauwrence  )

Et c’est justement ce qui est passionnant, dans le récit construit comme un jeu de poupées Russes par le cinéaste , à voir traquer cette réalité fuyante et cette complexité des personnages qu’il explore . C’est celle-ci qui apporte la profondeur, laissant sourdre ces faiblesses et ces impostures dans lesquelles ses héros ( losers?) se perdent. Il faut voir Richie Di Maso, le flic du FBI s’ingénier à mettre en place  un « plan »   dont l’ambition est à la fois de se poser en crédibilité vis à vis de ses supérieurs , en même temps que celle-ci révèle une certaine attirance – au travers des méthodes employées –  envers un  monde qu’il est censé combattre . De la fragilité de la frontière morale dont les uns et les autres justifient leurs duperies…

Bradley  Cooper  et Christian Bale
Bradley Cooper et Christian Bale

L’obsession du pouvoir,  et  celle  des apparences illustrée par la scène de la salle de bains où on le voit Richie, friser ses cheveux pour se donner une « allure » , est révélatrice , de la même manière que l’est son conflit larvé avec ce collègue de bureau , sur les méthodes employées pour arriver au but. Le cinéaste ne mous épargne rien sur cette « dualité » avec laquelle ses personnages sont en conflit. Dérapages et parasitages incessants sont le moteur d’une sorte de farce grotesque qui offre le recul du regard nécessaire au cœur d’une société malade et gangrenée par l’imposture . En sous-entendu d’un foisonnement qui déchaîne sa machinerie décorative  destinée à séduire et cacher les pièges tendus , David O’ Russel y inscrit, cette note subtile qui vient perturber la perception en pointant au travers de la lucidité ( ou pas ) des personnages , la frontière morale qui fait la différence . Le vrai et le faux interpellés au cœur d’une duperie qui conduit chacun à ses limites , et , pour certains , à franchir la frontière qui les fait basculer dans cette la zone sombre qui les rend irrécupérables et indéfendables .

Michael Pena  et   Jeremy  Renner
Michael Pena et Jeremy Renner

Le film, servi par un beau Casting et une interprétation qui l’est tout autant ,assume la dimension de la comédie ironique, séduisante par la démesure loufoque de ses personnages ( la scène du Cheik aux origines douteuses confronté au « boss » de la Mafia , incarné par Robert de Niro ) qui fait clin d’oeil à la tradition de la Comédie Populaire Américaine décapante et délirante , dont Blake Edwards   ou  le  George  Roy  Hill  l’auteur de  L’ arnaque , et  bien  d’autres, ont souvent utilisé les ressorts .
Comme il est également également efficace dans le registre de la gravité qui s’y inscrit en parallèle dans cette fuite en avant qui conduit ses héros au bord du précipice  par  une machination dont ils sont à la fois les auteurs et les victimes . Arroseurs , arrosés !.
Dans les deux registres,  la distanciation qu’installe le récit et la mise en scène au cœur de cette fuite en avant , le double commentaire en voix-off du couple Irving/ Sidney , illustre à merveille par la confrontation de eurs   deux visions subjectives,  la perception des enjeux dans lesquels ils se retrouvent impliqués .

(Etienne Ballérini) .

AMERICAN BLUFF de David O’Russell.
Avec : Christian Bale , Amy Adams, Braddley Cooper , Jennifer Lawrence, Jeremy Renner,
Jack Huston , Robret De Niro, Michael Pena, Said Taghmaoui…

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s