Ciaovivalaculture vous a présenté une interview d’ Irina Brook, la nouvelle directrice du TNN, au mois d’octobre. J’aimerai revenir sur un aspect de sa carrière je crois tout aussi important pour elle, la mise en scène d’opéra.

Soyons un peu pédago : Un opéra est une œuvre destinée à être chantée sur une scène appartenant à un genre musical vocal du même nom ; l’opéra est l’une des formes du théâtre musical occidental regroupées sous l’appellation d’art lyrique
Et la mise en scène, alors ? Hé bien les metteurs en scène d’aujourd’hui aiment à resituer l’œuvre dans le temps. A l’époque indiquée par le librettiste pour le déroulement de l’action, ils préfèrent souvent celui où l’œuvre a été composé.
Dans la direction d’acteurs, ils tendent à attacher plus d’importance à l’expression corporelle qu’à l’interprétation psychologique.
Ils font souvent équipe avec le même décorateur et c’est parfois à partir des propositions de ce dernier qu’ils imaginent leur mise en scène. Ils se livrent, sur les œuvres du répertoire à un dépoussiérage d’autant plus radical que l’œuvre est censée être plus connu.
Revenons à Irina Brook. Il est vrai que la fille de Peter Brook a de qui tenir : La Bohème, Boris Godounov, Les Olympes, Salomé et Les Noces de Figaro au Covent Garden de Londres, Faust et Eugène Onegin au Métropolitan de New York, La Tragédie de Carmen, La Flute Enchantée au Théâtre des Bouffes du Nord et Don Giovanni pour le Festival d’Aix en Provence.

Mais avant d’aborder les mises en scène d’opéra d’Irina Brook, je voudrais vous faire part d’une réflexion. Je n’ai vu aucun opéra mis en scène par elle mais j’ai toujours eu cette impression devant ses mises en scène de théâtre – peut –être pas toutes- d’assister à un opéra : comme je l’écrivais plus haut, une plus grande importance à l’expression corporelle qu’à l’interprétation psychologique et qui m’accroche avec le genre divertimento.
Pour moi l’exemple idéal du traitement « opératique » est Tout est bien qui finit bien créé au Festival d’Avignon avec la troupe du Théâtre du Soleil (Irina Brook est en effet l’une des rares metteurs en scène invitée par Ariane Mnouchkine à diriger cette mythique troupe) mais aussi Tempête !
Voyons donc ses mises en scène spécifiques d’opéra : elle commence avec La flûte enchantée qu’elle cosigne avec Dan Jemmet (je me damnerais pour voir le DVD). Elle met en scène Eugène Onéguine au Festival d’Aix en Provence, suivie par la Cenerentola au théâtre des Champs Elysées. Elle met en scène La Traviata, à Bologne et à Lille puis Giulio Cesare de Haendel au Théâtre des Champs Elysées.
En 2007 elle est invitée au Teatro Réal à Madrid pour mettre en scène Il burbero di buon cuore (le bourru au bon cœur) de Martin y Soler, d’après la pièce de Goldoni, production reprise en 2011 à Barcelone. Elle mettra en scène L’elisir d’amore de Donizetti au Deutschesopera de Berlin en avril 2014 et Don Pasquale à l’opéra de Vienne en avril 2015.

Irina Brook : « Le n° 1 dans tout ce que je fais est que le choix de l’artiste soit entièrement le mien. Je n’ai jamais fait une commande avec d’autres acteurs que ceux avec lesquels je choisis de travailler. A l’opéra, c’est très dangereux : on vous donne des chanteurs qui sont choisis toujours par le directeur de la maison et on ne sait pas comment ils seront : il y en a des merveilleux et absolument formidables et d’autres qui le sont moins. On ne sait jamais à quoi s’attendre. On ne peut pas faire son théâtre librement comme je le ferais au théâtre. On a toujours une petite crainte que quelqu’un parte en claquant la porte en disant : « ah non, mai on ne va pas faire des échauffements, c’est ridicule… » Je ne me sens pas libre à l’opéra comme je le suis au théâtre. En même temps, je suis très mélomane, et le fait de travailler avec des personnes qui ont cet outil est tellement éblouissant fait que j’ai un amour de travailler en musique. Donc je fais des allers-retours et j’espère parler avec l’opéra de Nice et de voir si l’on peut concocter des choses ensemble.é
Mais les créations préférées d’Irina Brook sont ses deux enfants, Prosper et Maia. Irina, Prosper et Maia, welcome !
Jacques Barbarin
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