Présenté à la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2013 , le premier film du jeune réalisateur indien a fait l’événement . L’histoire toute simple d’un quiproquo de livraison d’une barquette déjeuner ( Lunchbox ) se fait le révélateur des destinées solitaires et d’un « lien » involontaire et mystérieux qui finit par se tisser entre deux inconnus aux univers opposés. Tout en petites touches et notations , une superbe comédie sentimentale qu’il ne faut pas manquer …

Elle s’apelle Illa (Nimrat Kaur) , elle est belle et encore jeune, et elle vit dans un quartier de la classe moyenne de Bombay , où quotidiennement elle prépare le déjeuner destiné à son mari qui travaille dans les bureaux d’une société pour laquelle la livraison de la Lunchbox est assurée, comme il est de coutume à Bombay , par des livreurs expérimentés. Des plats qu’Illa prépare avec d’autant plus de soin et d’amour qu’elle veut reconquérir un mari devenu, un peu distant… et qui semble rester obstinément indifférent à ses attentions. Mais voilà que quelques indices au retour de la boîte vide, font comprendre à Illa, que celle-ci est l’objet d’une erreur, de distribution…. et de fait , c’est un certain Saajan qui la reçoit, il habite un quartier plus populaire , il est veuf et il exerce le métier de comptable dans une entreprise depuis plus de trente et il est proche de la retraite . Un mot d’excuse de la jeune femme auquel Saajan ( Irrfan Khan ) va répondre. Voilà deux personnes qui ne se seraient jamais croisées , ni rencontrées , dans la jungle Urbaine d’un Bombay moderne où les classes sociales ont chacune leurs quartiers , que le miracle le miracle d’une erreur, va faire se rapprocher . Une correspondance en forme de « fil rouge » va être l’objet d’un récit au cours duquel le cinéaste va brosser à la fois , le portrait d’une ville, et des solitudes qu’engendre l’isolement dans lequel elle les enferme .

Ce « fil rouge » conducteur du récit , avec son suspense , va nous ouvrir les portes de la ville et celles de l’intimité de ses personnages dont il traduit habilement au fil des échanges de lettres qui font évoluer l’action . Et dont , chacune des missive attendue de plus en plus fébrilement , finit par faire tomber les masques au fil des confidences qui s’insinuent dans cette correspondance épistolaire révélatrice : « les deux héros vivent dans un monde clos : Illa dans l’isolement du mariage , et Saajan dans celui du passé. Le récit parle autant de la façon dont le destin peut , parfois mener nos vies, que de notre propre capacité de le faire évoluer », dit le cinéaste dans le dossier de presse du film.
Et c’est justement ce que la correspondance entre Illa et Saajan va faire découvrir à l’un et à l’autre de son propre isolement qui s’inscrit dans la mise en scène portée par des petites notations qui en disent long . A l’image par exemple d’Illa qui , portée par les mots distillés par les réponses de son interlocuteur , va prendre son destin en main et demander un rendez-vous. De la même manière que Saajan, via le rituel de la Lunchbox quotidienne et le parfum de ses plats qui réveillent ses narines , va finir par s’extraire d’un passé -refuge dans lequel il se complaisait en regardant inlassablement les émissions Tv des années 1980 que sa femme disparue aimait .

Ce présent qui le rappelle à l’ordre , via Illa et ses plats cuisinés , c’est aussi celui que va lui faire découvrir le jeune Shaikh ( Nawazuddin Siddiqui ) le jeune collègue de bureau engagé pour être formé et destiné à le remplacer. Une confrontation d’autant plus inattendue que le jeune homme se montre aussi candide qu’agaçant parfois , pour un Saajan qui n’a pas l’habitude de se laisser envahir . Mais voilà ce jeune homme orphelin qui a dû se battre pour se frayer un chemin finit par trouver celui du maître et , par ses confidences et un naturel brut de décoffrage , gagner son attention …et son amitié. Illa et Shaikh sont finalement pour Saajan les « passeurs » d’une jeunesse dont le désir de liberté lui ouvrent les yeux sur un monde qui a évolué et qu’il va désormais regarder d’une autre manière .

Et le cinéaste nous invite dans le sillage de ses trois héros emblématiques à voir défiler , en toile de fond, le foisonnement d’une ville de Bombay , dont on découvre , on l’a dit, les différents quartiers et leurs spécificités ( les marchés de fruits et légumes , les vieux cafés Iraniens…), et surtout ce grouillement de population entassée dans les transports en commun , lot d’un enfer quotidien de trajet vers le travail et le retour au domicile…. on
apprendra aussi le rôle joué par ses 5000 livreurs de Lunchbox, un métier , avec leurs codes astuces , qui s’est transmis de père en fils pendant plus de cent ans , et dont « l’éfficacité a été reconnue par l’Université de Harward, madame !.Une erreur ? c’est impossible…», soutien le livreur, à Illa qui lui demande des explications …

Une ville, avec les drames quotidiens qui s’y jouent , à l’image de cette scène au cours de laquelle Saajan se retrouve spectateur confronté lors de son trajet au milieu des badauds qui se sont amassés prés d’un immeuble où une femme désespérée s’est défenestrée avec sa petite fille dans les bras !. Un drame qui en dit long sur la souffrance de l’isolement dans l’immensité d’un anonymat à laquelle , seule , la cruelle réalité vous ouvre – trop tard – les yeux, des drames qui peuvent s’y jouer …
Et le cinéaste qui inscrit sa jolie comédie sentimentale au cœur de la multitude pour contrebalancer , et lui offre la dimension de l’Universel avec la belle idée de nous laisser spectateurs, des ouvertures et possibilités qu’ elle propose … avec ses personnages ( incarnés par des interprètes remarquables ) qui sont désormais libres de choisir leurs destinées. Une ouverture dont le refus du happy-end ( commercial?) souvent imposé, est une des plus belles récompenses faite au spectateur. Chapeau…
(Etienne Ballérini )
THE LUNCHBOX de Ritesh Batra ( 2013 )
Avec : Irrfan Khan ( Isaajan) , Nirat Kaur ( Illa ) , Nawazuddin Siddiqui ( Shaikh) …
-Co-production : Inde, Allemagne, France
-Sélection semaine de la Critique , Cannes 2013 ,
[…] THE LUNCHBOX de Ritesh Batra . Présenté à la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2013 , le premier film du jeune réalisateur indien a fait l'événement . L'histoire toute simple d'un quiproquo de livraison d'une … […]
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J avoue qu il y a sacre bout de temps que je n avais pas eu autant de plaisir avec un article de cette qualite !!!
Encore un grand merci pour toutes ces informations
[…] 27 A l’heure des souvenirs de Ritesh Batra (2017). Le réalisateur, révélé par The Lunchbox (2013), quitte ici Bombay pour Londres. Une adaptation du roman de Julian Barnes (Une fille qui […]
[…] Avec Ingvar E. Sigurdsson, Ágústa Eva Erlendsdóttir, Björn Hlynur Haraldsson. OCS City à 17h30 – The Lunchbox de Ritesh Batra (Comédie romantique – 2013 – 1h45). Ila, une jeune femme délaissée par son […]