en partenariat avec le journal La Strada
Trop souvent, l’imaginaire collectif cantonne les courts métrages à un public jeune, étudiant. Trop souvent, ils ne sont regardés qu’uniquement comme une antichambre des longs métrages. Soit, si cette vérité n’est pas totalement fausse et que la plupart des réalisateurs ont commencé par le format court, cette forme là est aussi un art à part entière, une chose très sérieuse avec sa richesse propre, sa vitalité empreinte inévitablement de l’énergie débordante de la jeunesse. D’ailleurs, on se demande si ce n’est pas le secret de jeunesse de Laurent Trémeau, directeur du festival de court métrage de Nice, cherchant sans cesse, avec son équipe, à proposer des choses nouvelles.
Un Festival c’est trop court va donc ouvrir pour la treizième fois ses portes à Nice, le 15 octobre. Avant de regarder du côté des nouveautés – on fait durer le suspens, les habitués retrouveront la fameuse et relevée compétition européenne au travers de huit programmes, la sélection Expérience ouvrant sur un champ plus libre d’expression avec notamment des films d’art et expérimentaux. Dans cette sélection, deux figures connues, les artistes montants et anciens de la ville Arson, Florian Pugnaire et David Raffini présenteront « Energie sombre« .
Les « Courts d’Ici » proposeront une sélection de films réalisés en région, avec là encore un visage connu, Benoit Seyrat, musicien, ancien bassiste du groupe Chevelure et créateur des Arbres qui Marchent. L’Animation, branche très riche du court métrage, la sélection « Crossings borders » ou de « Scopitone » seront de nouveau au rendez-vous.

Un Festival c’est trop court mettra à l’honneur le Danemark avec les premiers pas de ses plus célèbres représentants : les anciens Jorgen Leth, Carl Theodor Dreyer ou les plus actuels Lars Von Trier, Thomas Vinterberg dont le dernier arrivé sur la scène internationale : Nicolas Winding Refn. Une sélection passionnante où se dessineront l’identité d’un pays et celles de ses plus grands cinéastes.
Parmi les nouveautés, dans la mystérieuse « 7ème salle », l’interactivité sera de mise puisque ce sont les spectateurs qui choisiront le programme. Toujours dans cette interaction avec le public, le programme « Mélodies ponctuelles » proposera un quizz en fin de programme. Les amateurs de musique pourront venir tester leur connaissances musicales expliquent les organisateurs.

Pédagogie. Le festival a toujours soutenu une politique d’éducation à l’image. Le court métrage sans doute plus ludique et plus rapide d’accès permet de toucher un public jeune d’une autre façon. Au travers des nombreuses séances scolaires organisées en partenariat avec les établissements, se construit ainsi le regard de demain.
L’équipe du festival développe aussi depuis quelques années une journée dédiée aux professionnels. C’est pourquoi, le vendredi 18 octobre, producteurs et réalisateurs viendront à la rencontre de scénaristes et réalisateurs débutants pour les guider, les conseiller. Le développement actuel du financement participatif via des sites internet (ulule, kiss kiss bang bang) sera discuté en fin de journée au cours d’une table ronde. Est-il la bouée de sauvetage de la production de court métrage? Il semble surtout le canot de sauvetage de très nombreux projets artistiques, un constat quelque peu inquiétant quant aux moyens donnés par les pouvoirs politiques au secteur culturel et à la création. Il sera donc de bon aloi de regarder les courts métrages le soir même dans le programme « Ciné en Région » soutenu par la région PACA et de venir débattre.

L’école d’audiovisuelle Esra, basée sur le port de Nice, fêtera aussi ses 25 ans avec une très belle sélection de courts métrages réalisés par les différentes promos. De quoi se rendre compte de la qualité de la production et de cette énergie créatrice à nos portes au cours d’une journée « Etudiante ». Une première.
Fête. Mais un festival, c’est aussi, étymologiquement, une fête. Les organisateurs ne l’ont pas oublié et proposeront de nombreuses soirées festives avec concerts et projections vidéos en partenariat avec le Crossover Festival et Panda Events. Il y aura notamment une belle clôture à La Station.
Evidemment toute cette présentation n’est pas exhaustive. Cela aurait trop fastidieux. Et on aurait presque oublié de dire que la politique tarifaire est toujours aussi basse. Une nouvelle bonne raison de se dire que ce Festival est vraiment trop court.
Renaud Chastel
Du 15 au 20 octobre / Un Festival c’est trop court
Plus d’infos : http://www.nicefilmfestival.com
Cet article a fait l’objet d’une publication dans le numéro 201 de La Strada